Les “anciens” d’Arkéa ne veulent pas « décevoir » Nairo Quintana
Impressionnant sur les routes du Tour de la Provence et du Tour des Alpes-Maritimes et du Var ces deux dernières semaines, Nairo Quintana semble retrouver une seconde jeunesse. Mais il ne surprend personne au coeur de sa nouvelle formation, Arkéa-Samsic (lire ici). Pour autant, beaucoup de choses ont changé, ces derniers mois, au sein de la structure bretonne. Ce week-end, sur les routes varoises, quatre recrues - les Colombiens Winner Anacona, Dayer Quintana et Nairo Quintana, ainsi que l’Italien Diego Rosa - accompagnaient trois “anciens” de l’équipe ; les Français Franck Bonnamour, Romain Hardy et Kévin Ledanois. Ces derniers ont pu constater les nombreuses évolutions de leur équipe grandeur nature. Au niveau de la langue, tout d’abord. “Au briefing, c’est d’abord en espagnol puis il y a la traduction en français. J’arrive à peu près à comprendre en espagnol et je sais que Nairo et les autres Colombiens veulent vraiment se mettre au français. Mais pour l’instant, il faut jongler”, s’amuse Franck Bonnamour auprès de DirectVelo. Plus à l’aise dans le domaine, Kévin Ledanois a également dû s’adapter. “J’ai la chance de ne pas trop mal me démerder en anglais et en espagnol donc je sers parfois de traducteur à table”, se marre l’ancien Champion du Monde Espoirs. “J’ai promis à Franck Bonnamour et à Romain Hardy qu’ils apprendraient plus vite l’espagnol en une semaine sur les courses qu’en trois ans d’école”, lâche pour sa part Yvon Ledanois, lequel côtoyait déjà Nairo Quintana lorsque ce dernier était arrivé chez Movistar, en 2012.
NAIRO QUINTANA DISTRIBUE LES BONS POINTS
Plus encore qu’à table ou que dans le bus pour un briefing, c’est sur le terrain et en terme d’ambitions sportives que la différence est palpable pour les Français du groupe. “Forcément, ça nous change. Ce n’est pas une façon de courir dont on avait l’habitude”, admet Kévin Ledanois, qui pourrait presque avoir le sentiment d’être celui qui a changé d’équipe cet hiver. “C’est vrai que c’est presque ça ! J’ai l’impression d’être le nouveau d’un autre groupe. Tout est différent. On le voit dans l’approche des courses, dans les briefings… Ce ne sont plus les mêmes directives de course. Mais c’est top car sur une journée comme celle de samedi, c’était parfait. Si ça pouvait se passer toute l’année comme ça...”. Franck Bonnamour a lui aussi dû trouver de nouveaux repères. D’autant qu’il n’a pas eu l’occasion d’en prendre pendant la trêve. “Je me suis fait opérer cet hiver et j’ai manqué les stages de pré-saison. J’ai donc dû faire connaissance avec les nouveaux directement en course. Heureusement, quand ça marche rapidement bien, comme c’est le cas actuellement, c’est toujours plus facile”.
Bien que tout semble aller comme sur des roulettes pour la formation d’Emmanuel Hubert jusqu’à présent, l’arrivée d’un leader tel que Nairo Quintana est également source de pression pour ses coéquipiers. “Mais c’est de la pression positive. Cette pression est venue naturellement avec Nairo, tant il est exigeant avec lui-même. Si on ne l’est pas aussi pour qu’il soit satisfait, on va perdre notre place… Pour l’instant, c’est positif parce qu’il y a des résultats. Et il ne faut pas que ça tourne au négatif sinon ce sera contre-productif”, prévient Kévin Ledanois. Comme lui, Franck Bonnamour n’a surtout pas envie de décevoir son nouveau leader colombien. “Il y a forcément une pression mais pour moi, c’est une pression positive, qui tire vers le haut, répète-t-il. Rouler avec un coureur de ce calibre ne m’était jamais arrivé, comme pour la plupart de mes coéquipiers. On est tous transcendé”. Nairo Quintana en impose chez Arkéa-Samsic. En ce début de saison, l’ancien vainqueur du Giro et de la Vuelta distribue les bons points, et Franck Bonnamour en a bien conscience. “Clairement, on ressent tous cette pression car on ne veut surtout pas le décevoir, ni lui, ni ses coéquipiers proches. On veut tous bien faire”.
LA PEUR DE DÉCEVOIR
Bien sûr très proches de Nairo Quintana, son frère Dayer et son compatriote Winner Anacona resteront très souvent à ses côtés tout au long de la saison. Reste à connaître l’identité des autres coureurs qui l’accompagneront sur les plus grosses courses du calendrier. “J’espère faire Paris-Nice mais pour l’instant, je suis dans l’attente”, concède Franck Bonnamour, qui espère avoir marqué des points via son gros travail sur les routes varoises. Quoi qu’il en soit, l’ancien du BIC 2000 aura apprécié ces trois jours de course. "J’ai pris énormément de plaisir. Ce n’était pas facile mais c’est beaucoup d’expérience. C’est une formation en accéléré. On n’a pas le droit à l’erreur mais on a réussi notre mission. Quand c’est comme ça, tu rentres chez toi avec la satisfaction du devoir accompli. En plus, Nairo est très reconnaissant. Il a toujours un petit mot pour chacun de nous, pour nous remercier d’avoir fait notre part du travail. Il n’y a pas que lui qui compte, il pense au collectif”. Romain Hardy, troisième français de la bande ce week-end, est également ravi de son expérience auprès de Nairo Quintana. “Ces trois jours resteront gravés dans ma mémoire. J’ai découvert à travers Nairo un coureur très fort qui dégage de la sérénité, et possède une confiance en lui énorme”.
“Les trois coureurs présents ici sont ravis de participer à la victoire d’un Champion”, synthétise le directeur sportif Yvon Ledanois, qui pense aussi aux répercussions positives à venir pour Franck Bonnamour, Romain Hardy et Kévin Ledanois. “En Coupe de France, avec un niveau moins élevé, on risque de les voir briller”. Un avis partagé par son fils Kévin. “C’est encore plus facile de se dépouiller quand on sait que c’est payant par la suite. C’est utile pour Nairo, pour l’équipe. Et en plus, c’est clair que sur certaines courses comme la Classic Loire-Atlantique, j’aurai des ambitions personnelles car le travail effectué actuellement fait prendre du volume”. Et à Franck Bonnamour de conclure : “Nairo est une force tranquille qui nous transcende. Quand on roule comme ça, à bloc, pendant trois journées, on prend des Watts. C’est bien pour les courses d’un moindre niveau. On sent qu’on a la poignée”. Quoi qu'il en soit, pour l'instant, tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes chez Arkéa-Samsic.