Pierre Lebreton : « Les contrôles seront utiles à la sortie du confinement »
Ces derniers jours, Romain Bardet, Nans Peters ou encore Thibaut Pinot se sont inquiétés de l'absence de contrôles antidopage en cette période d'épidémie et de confinement. Pierre Lebreton, médecin du Mouvement pour un cyclisme crédible, mais également sur le pont à l'hôpital du Havre au service réanimation, fait le point pour DirectVelo sur l'intérêt des contrôles mais aussi sur les conditions nécessaires à la reprise.
DirectVelo : Y a-t-il encore des contrôles antidopage ?
Pierre Lebreton : Les contrôles du MPCC ont seulement lieu en course et il y en a eu à Paris-Nice. La suppression des contrôles inopinés se justifie par la sécurité des coureurs. On est dans l'incapacité de faire des contrôles. Dans cette période de confinement, on ne peut faire que promouvoir la prévention.
Quels sont les risques de voir des coureurs profiter du confinement pour se doper ?
Pour tout ce qui est transfusion, il y a peu d'intérêt car on ne connaît pas la date de la reprise et il y a des risques sanitaires. Quand on ne peut pas rouler à l'extérieur, il n'y a pas d'intérêt non plus à prendre des corticos pour durcir l'entraînement.
« CONTRÔLER LE PLUS TÔT POSSIBLE »
L'USADA veut faire des contrôles en visio conférence (lire ici). Est-ce une solution ?
C'est se forcer à faire des contrôles, alors que, je le répète, on ne sait pas quand on va recourir. Les gains en cas de dopage seront marginaux.
Quand les contrôles pourront-ils reprendre ?
C'est à la sortie du confinement qu'il faudra mettre l'accent sur les contrôles. À ce moment-là, ils auront toute leur importance. Avec des masques pour le coureur et le préleveur. Il faudra contrôler le plus tôt possible dès qu'il y aura le droit d'aller rouler dehors. Pour les contrôles du MPCC, il faudra attendre la reprise des compétitions.
La reprise est pour l'instant fixée au 1er juillet. Est-ce réalisable ?
Il y a beaucoup de conditionnel pour la reprise à cette date. Il y a encore beaucoup de patients hospitalisés. C'est difficile d'établir une stratégie. Dans la situation actuelle, faire une course au 1er juillet, c'est un risque s'il y a un public contaminé par le coronavirus. La place des courses de vélo va être compliquée et il ne faut pas être trop optimiste. Le Tour fin août, c'est idyllique.
« PERTE DE SAVEUR OU RISQUE POUR LES COUREURS »
Quels sont les risques ?
Là aussi, il y a beaucoup de conditionnel. Un coureur capable de faire une course pro n'est probablement pas malade. Mais son système immunitaire est affaibli par la répétition des efforts. Les sportifs ne sont pas immunisés et sont plus fragiles que les personnes du même âge. Mais ils sont moins sujets aux formes graves.
Faut-il des courses à huis clos ?
Le huis clos ferait perdre la saveur du cyclisme, qui est un sport gratuit. Une course d'un jour comme Paris-Roubaix à huis clos ça veut dire quoi ? Condamner 200 kilomètres de route ? En résumé, une course à huis clos, c'est une perte de saveur et une course avec le public, c'est un risque pour les coureurs.
Quelles précautions seront à prendre ?
La distanciation est impossible à réaliser dans un peloton. Mais, par exemple, il faudra que les encadrants des équipes portent le masque.