Les Fisher-Black ont connu une drôle de journée, samedi. La grande-soeur Niamh, 20 ans, a pris la 2e place de la dernière étape du Tour d’Italie pendant que son petit-frère Finn, 18 ans, terminait 2e de la troisième étape de la Ronde de l’Isard. La comparaison ne s’arrête pas là. La fratrie néo-zélandaise était à chaque fois entourée d’un duo tricolore lors de ces deux événements puisqu’en Italie, c’est Evita Muzic qui s’est imposée sur les hauteurs de Motta Montecorvino, Juliette Labous prenant la troisième place, pendant qu’à l’Isard, Valentin Paret-Peintre l’emportait en solitaire à Ax-3-Domaines alors qu’Alan Boileau complétait le podium. Un joli clin d’oeil ! Comme si c’était écrit.  

Pourtant, Niamh au Giro, comme Finn à l’Isard, s’étaient rendus sur leurs épreuves respectives dans un rôle d’équipier, en soutien de coureurs jugés plus aptes à briller sur des parcours montagneux. L’un comme l’autre ne s’imaginaient pas capables de décrocher un tel résultat ce week-end. “Ce Giro était assez irréel pour moi. Je n’étais même pas prévue sur la course, j’ai remplacé une fille blessée en dernière minute. Je n’avais jamais disputé une course aussi longue, sur neuf jours, et je me retrouve à jouer la gagne… le dernier jour. C’était une superbe opportunité !”, se réjouit Niamh Fisher-Black auprès de DirectVelo après coup. Présente dans la bonne échappée lors de l’ultime étape, elle a donc décroché une belle deuxième place derrière la Franc-Comtoise Evita Muzic. Quelques minutes après l’arrivée, c’est en prenant son téléphone qu’elle réalise que son petit-frère vient de prendre, lui aussi, la deuxième place de l’étape à l’Isard. “Quand j’ai vu ça, j’ai éclaté de rire ! C’est super marrant. On avait déjà l’habitude de faire ça en Nouvelle-Zélande. Il est plusieurs fois arrivé que l’on gagne le Championnat national le même jour. Mais là, sur deux belles courses internationales, faire tous les deux 2e le même jour… C’est fort !”.

LES DÉBRIEFS AU TÉLÉPHONE

Finn Fisher-Black, Champion du Monde de poursuite par équipes Juniors en 2018, était lui aussi loin d’imaginer pouvoir faire un tel résultat en terres occitanes. “J’étais venu sur cette course dans le rôle d’équipier mais je savais que j’avais de bonnes jambes et sur cette étape, j’ai eu l’opportunité de jouer ma propre carte. Je me devais de saisir cette chance et j’ai réussi à terminer 2e. Je suis très satisfait de ce résultat, plus encore sur une étape de montagne comme celle-là”. Le garçon était à la fois amusé et ému au moment de découvrir le résultat de sa grande-soeur. “Elle le mérite vraiment, elle fait une grosse saison pour ses débuts chez les pros. Elle n’était pas loin de gagner mais je crois qu’elle est contente, elle aussi”.

Bien sûr, Niamh et Finn se sont empressés de s’appeler en fin de journée pour relater leurs journées respectives. Un exercice auquel ils se prêtent régulièrement. Il faut dire que la sociétaire de l’équipe Paule Ka et le coureur de la réserve de Jumbo-Visma n’ont pas l’occasion de se voir souvent, depuis que la grande-soeur vit en Italie, au Nord de Milan, et que le petit-frère est installé dans le Limbourg, aux Pays-Bas. “On s’appelle toujours pour faire le point et savoir comment ça va. C’est important de garder le contact”. Niamh et Finn ont tout de même pu passer de longs moments ensemble, au printemps dernier, durant la période de confinement.

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Niamh a besoin de l’appui de Finn autant que l’inverse. Les deux ont évolué ensemble et ont franchi les différents paliers pratiquement en même temps. “On a commencé le vélo au même moment. On a partagé beaucoup de choses ensemble. C’est sympa d’être dans le même délire ! On s’entraîne tous les deux quand je suis de retour à la maison, mais ce n’est pas si souvent que ça, maintenant que l’on passe toute la saison en Europe”. Désormais, les retrouvailles s’opèrent quasi-exclusivement durant la période hivernale, lorsque chacun retrouve le noyau familial, en Nouvelle-Zélande. Et à quelques rares occasions du calendrier, comme le week-end prochain, à Imola (Italie), puisque tous deux représenteront leur pays lors du Mondial sur route. “Ce n’est pas souvent alors on en profite !”.

Leur père, ancien cycliste, leur a transmis l’amour du vélo. “C’est grâce à lui qu’on est là aujourd’hui, sur le vélo”, explique Niamh. “Nous nous sommes toujours motivés l’un l'autre avec mon frère, on se lançait des défis. On a essayé plein de sports lors que l’on était petits mais on s’est vite consacré au vélo, au VTT, puis à la piste et à la route dès nos 7-8 ans”. Frère et soeur disent se ressembler sur bien des aspects : tempérament offensif, gros mental, fort esprit de compétiteurs, et pas franchement du genre à trop cogiter, ou douter. “Disons qu’on sait ce que l’on veut”, promet Niamh. Tous deux ont franchi un cap très important l’hiver dernier, la première en passant professionnelle dans l’équipe Paule Ka, ancienne Bigla, tandis que le second rejoignait donc la Jumbo-Visma Development Team. “C’est une superbe année pour nous deux, on passe un cap en même temps, comme à chaque fois ! On rêvait de ça, d’être en Europe et de vivre de notre passion. Tout ça se concrétise”, conclut l'aînée. Il ne leur reste désormais plus qu’à décrocher leur premier grand succès international le même jour. “Mais ce serait quand même assez improbable (rires) !”.