C’est sans doute le transfert le plus inattendu de l’intersaison du côté des formations professionnelles françaises. La ProTeam Nippo Delko One Provence a engagé le vététiste Clément Berthet, 5e du classement général de la Coupe du Monde Espoirs en 2019, et ce pour une durée de quatre ans. Un véritable pari motivé par les données de puissance envoyées par le coureur à la structure provençale. DirectVelo s’est entretenu avec le Jurassien, aujourd’hui résident de Besançon, qui précise n’avoir pratiquement aucune référence sur la route à ce jour.

DirectVelo : Comment t’es-tu retrouvé à signer chez Nippo Delko One Provence ?
Clément Berthet : L’équipe m’a contacté pendant le confinement. Je connais un entraîneur de l’équipe puisqu’il était lui-même dans mon club, le VC Ornans. Il a parlé de moi au staff de l’équipe, en leur disant que j’avais de bonnes données en terme de puissance notamment. L’équipe m’a demandé de partager ces données et apparemment, les résultats ont bien plu au staff (rires). On a donc commencé à échanger mais au début, je n’étais pas très “chaud” pour me lancer là-dedans car à la base, je n’imaginais pas du tout faire de la route. J’ai quand même participé à un stage avec eux en juillet mais je n’étais toujours pas décidé après ça, même si le stage m’avait bien plu. Je ne me voyais pas vraiment abandonner le VTT et je ne me voyais pas trop sur la route. Tout ça m’est tombé dessus sans que je ne m’y attende. Mais j’ai fini par me décider il y a un mois et j’ai accepté.

Qu’est-ce qui a fait pencher la balance ?
Pas mal de choses. Je me dis qu’en VTT, j’ai déjà vu pas mal de trucs même si j’aurais préféré arrêter sur une meilleure note que cette drôle de saison 2020 sans grands résultats. J’ai toujours été en marge des parcours classiques, dans le sens où je n’ai jamais rejoint une grosse équipe. J’ai toujours dû me débrouiller pour réussir. On m’a souvent dit que j’avais beaucoup plus de physique que de technique et que je devrais m’essayer à la route. Et puis, l’équipe m’a proposé un contrat sur quatre ans. C’est une énorme opportunité pour moi. Forcément, ça a pesé dans la balance.

Tu vas donc prochainement évoluer au niveau mondial sur la route. Quelles sont tes références sur la route jusqu’à présent ?
Je n’ai pas de références. J’ai disputé quelques courses par ci par là, sans plus. J’ai dû disputer une ou deux courses par an maximum, en préparation de mes saisons de VTT.

« JE VAIS ESSAYER DE M’ADAPTER »

C’est donc un énorme challenge qui t’attend !
Je suis conscient de la marche à franchir, mais je ne pars pas du tout défaitiste. Je viens dans cette équipe pour me lancer un beau challenge. C’est la première fois que je vais me retrouver dans des conditions optimales pour performer, avec tout un staff derrière. Je sais qu’au début, je vais forcément payer mon inexpérience de la route. Mais je vais essayer de m’adapter. Vite ou pas, on verra.

Ce transfert est une grosse surprise. Certains coureurs amateurs qui performent très fort sur la route en N1 pourraient te jalouser et ne pas comprendre que tu aies cette opportunité…
Oui, je comprends.  Je suis conscient que les places sont chères et encore une fois, je sais bien que c’est une énorme opportunité qui m’est offerte. Je suis super reconnaissant envers le manager Philippe Lannes. Sa vision du vélo, la façon dont il mise sur des jeunes, me plaît beaucoup. D’ailleurs, je ne serai pas le seul vététiste de l’équipe : je connais bien Axel (Zingle). Je sais que l’équipe mise aussi sur les talents africains. Je trouve tout ça intéressant. C’est un beau projet.

Signer un contrat de quatre ans t’offre beaucoup de confort et de temps…
Oui, c’est sûr que ça m’enlève aussi de la pression pour les deux prochaines années. Je sais qu’il va me falloir du temps pour trouver mes automatismes. On va pouvoir construire quelque chose sur le long terme, je n’aurai pas la pression du résultat au début de mon contrat. C’est rassurant. Maintenant, je vais tout mettre en oeuvre pour performer et rendre la pareille.