Provence : Chacun ses raisons pour prendre l'échappée
Ce vendredi, sur les routes de la deuxième étape du Tour de la Provence, tracée entre Cassis (Bouches-du-Rhône) et Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), cinq coureurs ont longtemps animé la course. Parmi eux, le grand baroudeur Jérôme Cousin (Total Direct Energie), métronome de l’échappée (lire sa réaction d’après-course). Deux autres coureurs français étaient également présents parmi les fuyards, dont Samuel Leroux. “Comme 70% de l’équipe” Xelliss-Roubaix Lille Métropole, il avait pour consigne d’aller à l’avant. “On est une Continentale, on doit montrer le maillot à l’avant et ça passe par le fait de prendre des échappées face à ce niveau mondial”, expliquait-il pour DirectVelo après la course. Baptiste Bleier avait lui aussi cette idée bien précise de prendre l’échappée au moment de se présenter parmi les quatre-cinq premiers sur la ligne de départ, peu avant midi, alors même que la formation Deceuninck-Quick Step était encore présentée sur le podium protocolaire. “J’avais en tête d’y aller et j’ai eu l’occasion de discuter avec Grosu pendant le fictif”. Eduard Grosu, le Roumain, était lui le tout premier coureur à prendre place sur la « grille de départ ». Et là encore, ce n’était pas pour rien et certainement pas un hasard. “J’ai parlé avec le staff avant l’étape et j’ai expliqué que je voulais aller devant. C’est important pour moi dans ma quête d’une meilleure condition physique. En début de saison, c’est toujours dur, j’ai besoin de courir et de faire des efforts pour trouver la condition. C’était donc la tactique du jour : faire des efforts à l’avant. Je savais que je n’aurais sûrement pas la capacité de jouer avec les meilleurs sur ce final alors il valait mieux tenter quelque chose avant pour bien travailler”.
Objectif atteint pour le coureur de Delko qui a accumulé les efforts et les kilomètres en tête de course dans la quête d'un meilleur rendement dans les semaines à venir. “Ce n’est pas une question de poids. J’ai juste besoin de temps. Je suis pro depuis huit ans et ça s’est toujours passé de cette façon pour moi sur les débuts de saison”, promet celui qui est parfois moqué pour sa silhouette. “Je sais que je serai bien en mars. Théoriquement, j’espérais arriver en bonne condition pour Paris-Nice mais l’équipe n’est pas invitée. Je trouverai d’autres courses où m’illustrer. Avec la Covid, de toute façon, c’est dur de faire des plans à long terme”, ajoute celui qui profite donc des routes provençales pour se mettre en jambes alors que son plus gros rendez-vous de l’année sera du côté de Tokyo, pour les Jeux Olympiques où il représentera la Roumanie.
BAPTISTE BLEIER POURRAIT REMETTRE LE COUVERT
Baptiste Bleier souhaitait lui aussi se tester. “La première échappée de l’année, ça fait toujours du bien. Pourquoi pas remettre le couvert demain (samedi) ou sur la dernière étape”, glisse même le coureur de 25 ans, qui a hâte de se frotter aux pentes du Mont Ventoux, lui qui a beaucoup travaillé en montagne ces dernières semaines. Au programme : un stage personnel au Vigan, sur les routes gardoises et lozériennes qui entourent le Mont Aigoual, avant trois-quatre journées supplémentaires… au Mont Ventoux. “Je l’ai monté deux fois jusqu’au Chalet Reynard. C’était un baptême du feu pour moi, et je peux dire que c’est dur !”, sourit-il, constatant qu’il “n’y a pas trop d’endroits pour récupérer”. Avant ce test en montagne, il aura donc eu le temps de monter en puissance via cette journée à l’avant lors d'une étape casse-pattes.
Samuel Leroux, enfin, a tenté de résister le plus longtemps possible mais il n’a rien pu faire face à l’accélération du cinquième homme de l’échappée, l’Italien Filippo Conca (Lotto-Soudal), lors du premier passage dans Manosque. “Il a attaqué une première fois et on est tous rentré. Puis il en a remis une… On a failli rentrer mais ça ne l’a pas fait”. Une fois repris par le peloton, il ne lui restait plus qu’à finir cette étape sous la pluie et dans le froid, non sans mal. “Forcément, après une journée comme ça, tu sens la fatigue… Surtout après les cinq jours à Bessèges, c’est un bon enchaînement”. Même si l’échappée n’est pas allée au bout, les coureurs qui la composaient auront au moins partiellement atteint leur objectif du jour, et c’est déjà une satisfaction.