Camille Tryoen : « Fière de ce que j'ai fait »

Crédit photo Philippe Seys

Crédit photo Philippe Seys

Pour sa première course de vélo sur route, Camille Tryoen a eu un baptême du feu musclé. Celle qui n’avait, jusque-là, disputé que quelques épreuves locales, a débuté par une course pro, le Samyn des Dames (WE 1.1). Et la néophyte est allée au bout de cette course pavée, pleine de bonnes intentions. "J’appréhendais beaucoup, reconnaît la sociétaire du Team Macadams Cowboys. Je n’avais encore jamais roulé en peloton, et encore moins sur les pavés. Je voulais surtout prendre mes marques, et aller le plus loin possible". Un apprentissage accéléré au milieu des meilleures équipes mondiales pour celle qui n’était, à la base, pas prévue sur cette épreuve. "Comme la course était en milieu de semaine, plusieurs filles ne pouvaient pas venir. Moi, j’avais postulé depuis le début, et vu que j’étais disponible…".

Comme elle l'explique à DirectVelo, ce n'est pas tellement physiquement qu'elle a eu le plus de mal. "Le plus difficile était surtout de rester concentrée à chaque instant, et de prendre toutes les infos. Et puis je me rends compte que je dois vraiment progresser techniquement. En fait, à chaque fois que je monte sur un vélo, j’ai l’impression d’apprendre quelque chose de nouveau". Et si elle a terminé la course à une anecdotique 96e place, devant l'ancienne Championne du Monde Amalie Dideriksen (voir classement), l’essentiel était bien évidemment ailleurs pour l’athlète de 22 ans. "Honnêtement, je m’attendais surtout à être à la rue, et je ne pensais même pas finir la course, avoue-t-elle. Surtout que j'ai chuté 20 minutes après le départ, et que j’ai mis une bonne heure à rentrer dans le peloton. À ce moment-là, je pensais vraiment que le commissaire allait me dire d’arrêter. Je suis fière de ce que j’ai fait, c'est une grande surprise".

D'autant qu'une fois lancée, elle n'a jamais songé à mettre pied à terre. Mieux que ça, elle a même été la seule de son équipe à terminer la course. "Même lorsque je suis tombée, j’étais tellement concentrée que je ne suis jamais sortie de ma course. Je n’ai jamais pensé à abandonner. À l'arrivée, je pensais que les filles avaient déjà terminé depuis longtemps". Après coup, elle s’autorise même à formuler quelques regrets. "Physiquement, ça allait. Donc je me dis que si je n’étais pas tombée, j’aurais peut-être pu terminer dans le deuxième groupe. Parce que j’ai quand même roulé une heure toute seule derrière le peloton, ce n’est pas rien !".

« J'AI L'IMPRESSION QU'À CHAQUE SÉANCE, JE PROGRESSE ! »

Presque une révélation personnelle pour cette ancienne kayakiste de bon niveau, Championne de France chez les jeunes, qui a arrêté la compétition fin 2018 et a longtemps cherché une reconversion sportive. "Ce n’est qu’en mai 2020 que j’ai commencé le vélo, révèle-t-elle. D’abord par le fixie, avant de me mettre à la route. Mais je n'ai un entraîneur que depuis le mois d'octobre". Et c'est un peu par hasard qu'elle a eu l'occasion d'intégrer la formation de N2. "Cet été, j’ai fait des compétitions de fixie pour m’amuser, et j’ai réalisé de belles performances. J’ai même réussi à terminer devant Eléonore Saraiva, qui court chez Macadam's. Je me suis dit que ça pouvait être intéressant de faire de la route, donc j’ai pris contact avec eux, et voilà…". 

Bien que toute nouvelle dans la discipline, Camille Tryoen a conscience d’avoir déjà changé morphologiquement, - "à force de rouler, je sèche. Ça se fait naturellement" -, et d’avoir progressé physiquement, dans des proportions qu'elle n'imaginait pas forcément. "Je vois bien à l’entraînement que j’ai énormément progressé. En mai dernier, je montais le Mont-Saint-Odile (7 km à 6%) en 35 minutes. Et il y a deux semaines, je l’ai grimpé en 23’56". J’ai même pris le QOM (sur Strava, NDLR) ! En fait, j’ai l’impression qu’à chaque séance, je progresse ! Je n’ai pas le sentiment d’être sur un plateau, c’est très agréable". Une découverte constante de ses propres capacités, si bien qu’elle n’a même pas encore idée de son niveau réel. "Je n’ai aucune idée de mon profil, s’exclame-t-elle. Je grimpe pas mal, je vais assez vite, je suis polyvalente. Ce que je sais, c’est que je ne suis pas puncheuse (rires). Et puis je suis encore mal placée pour évaluer mon niveau. Je ne connais pas le milieu. J’ai l’impression d’être prête physiquement. En tout cas, je ne suis pas hors-sujet". 

Ainsi, cette étudiante en 3e année en STAPS à Strasbourg attend avec impatience la suite de la saison, après cette première promesse belge. "De base, je ne fais pas partie de la DN, donc il va peut-être falloir revoir ça, plaisante-t-elle. Si j’en ai l’occasion, j’aimerais beaucoup disputer les épreuves de Coupe de France. J’ai envie de voir ce que je vaux face aux autres filles. On verra bien". Et au-delà de l’aspect sportif, c’est surtout personnellement que l'Espoir 4 veut s’affirmer en tant que cycliste. "J’ai envie d’apprendre ! Et aussi prendre du plaisir et de l’expérience. J’ai envie d’aller le plus loin possible". 

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