Antoine Huby est allé au bout de son envie et de ses ambitions. Relégué à plus de douze minutes du vainqueur Rémi Cavagna, dimanche dernier, à l’occasion du Championnat de France, le coureur de 20 ans est passé inaperçu et pourtant, c’est une performance plus qu’encourageante qu’il a réalisée en allant au terme des 242 kilomètres de cette course si particulière et intense. “Je m’étais entraîné pour tenir sur la totalité de la course. J’ai fait un très long entraînement le mercredi précédent, sur plus de 200 kilomètres, lors d’une sortie de 6h30. Puis j’ai fait deux/trois tours de circuit le jour où je suis arrivé sur place, et encore deux tours le samedi”. Un choix personnel appuyé par les conseils de son entraîneur Hervé Gébel. “Il m’aiguille parfaitement, je lui fais pleinement confiance”. Malgré la difficulté de ce Championnat, Antoine Huby est donc parvenu à couper la ligne d’arrivée après avoir passé 6h18 sur le vélo. “J’avais envie d’aller au bout mais de là à le faire, c’était une autre question, surtout quand j’ai vu la vitesse à laquelle ça roulait dès le début de course. Je voulais vraiment me battre et aller au bout, pour moi comme pour l’équipe. Je suis content d’y être arrivé, même s’il a fallu que je me fasse vraiment mal et que j’ai bien galéré”, concède-t-il pour DirectVelo après coup. 

Présent avec le Cross Team Legendre, dont la présence a été actée assez tard (lire ici), le Costarmoricain est le seul représentant de sa formation à être parvenu à finir la course (voir classement). Et il en est fier. “Je voulais tenir le plus longtemps possible dans les roues, c’était l’objectif. Je ne voulais pas m’amuser à tenter des choses ou à partir devant en début de course alors qu’il y avait 240 bornes à tenir. Je pense avoir bien géré mon affaire. C’était une journée extraordinaire pour moi et pour l’équipe. Je suis parti en première ligne, à côté de mecs comme Julian Alaphilippe, Warren Barguil, Nacer Bouhanni, Arnaud Démare… C’était un chouette moment. J’ai pu tenir les meilleurs jusqu’à deux tours et demi de l’arrivée. C’était très intéressant, j’ai beaucoup appris”. 

RESTER FOCALISÉ SUR SA PRIORITÉ : LE CYCLO-CROSS

Champion de France Espoirs de cyclo-cross en titre - après avoir déjà décroché la médaille d'or chez les Cadets puis chez les Juniors par le passé -, Antoine Huby confirme qu’il a des capacités physiques très intéressantes qu’il pourrait développer sur la route, comme il l’avait déjà prouvé en étant offensif sur les routes du Tour du Gévaudan (Elite Nationale) avant d’y prendre place dans le Top 10, ou encore en terminant dans le Top 20 du Tour de la Mirabelle, en Classe 2 (voir sa fiche coureur). Mais pas question d’aller trop vite en besogne. “Je n’ai que 20 ans, j’ai le temps. Je veux d’abord continuer le cross et me concentrer là-dessus, tout en essayant de progresser sur la route en parallèle. Peut-être qu’un jour, ça viendra sur la route… Mais aujourd’hui, je me sens bien avec l’équipe et je veux avancer avec elle. La route, c’est avant tout une prépa pour le cross. Je veux aller chercher un nouveau titre en cyclo-cross cet hiver et je mettrai tout en œuvre pour y arriver. C’est la priorité”, prévient-il. 

Un discours qui ne peut que satisfaire et rassurer l’homme de base du projet du Cross Team Legendre, Steve Chainel. “Je suis satisfait de son Championnat, ça confirme que c’est un coureur avec de grosses qualités d’endurance et de force. Ce qu’il a montré depuis le début de saison, ce n’est pas le fruit du hasard. Maintenant, j’espère qu’il va comprendre que la route, c’est très bien, mais que ça ne doit rester qu’une prépa. L’hiver prochain, de grands rendez-vous l’attendent, au niveau national comme international. Il ne doit pas s’enflammer, ni oublier son objectif principal, qui est d’aller chercher un titre mondial en cyclo-cross. Je comprends qu’avec les résultats qu’il obtient, il puisse avoir envie d’enchaîner les courses sur route. Mais il ne faut pas se disperser. Sinon, j’ai peur que ça fasse trop. Nos gamins (il évoque les membres de l’équipe, NDLR) doivent avoir des plans à l’année +1, +3 ou +5. Il faut se projeter et se demander ce que l’on veut. Des jeunes comme Noé Castille ou Rémi Lelandais doivent avoir une vision sur 2024. Alors oui, Antoine est intéressant sur la route et il fait, pour moi, partie des meilleurs espoirs français. Mais il ne faut pas faire n’importe quoi”, martèle le Vosgien.

UNE ÉPREUVE GRAVEL DE PRÈS DE 300 KILOMÈTRES CE VENDREDI

Car ce dernier se veut très ambitieux pour Antoine Huby dans les sous-bois. “Il a le moteur pour être Champion du Monde, mais il doit combler ses lacunes au niveau technique”. Et s’appuyer sur la caisse prise ces dernières semaines sur la route. “Antoine va faire presque tout l’hiver avec le maillot de Champion de France sur les épaules. Et on veut qu’il soit très performant. Grâce à ce Championnat de France pro, il aura encore passé un cap, mentalement aussi. Quand tu te retrouves sur la ligne de départ à côté de Julian Alaphilippe et d’Arnaud Démare, tu n’es pas impressionné sur les cross qui suivent...”.

Cet été, Antoine Huby aura encore deux belles occasions de se tester sur la route. Lors du Tour Alsace (2.2), d’abord, qu’il dit “préparer depuis des mois”, puis à l’occasion du Championnat de France Espoirs, qui devrait être son dernier gros rendez-vous sur l’asphalte avant de retrouver les terrains abîmés, la terre et la boue des sous-bois. En attendant, Antoine Huby et Steve Chainel vont se retrouver ce vendredi pour un drôle de challenge, accompagnés d’Ugo Ananie, Noé Castille et Mickaël Crispin. Les cinq compères et coéquipiers vont en effet participer à la Gravel of Legends, disputée entre la Plage de Gold Beach à Arromanche-les-Bains (Calvados) et Angers (Maine-et-Loire) sur une distance de… 278 kilomètres ! “Ce n’est pas une compétition, ce sera juste pour le plaisir. Je ne sais même pas si j’irai au bout mais ce sera surtout l’occasion de s’amuser entre potes et de se changer les idées”, assure le Breton. L’opportunité aussi de souder un peu plus encore le groupe avant les grosses échéances de l’hiver prochain. Les succès de demain se construisent aujourd’hui.