Marlène Petit : « Pas facile de prendre cette décision »

Crédit photo Clémence Ondet

Crédit photo Clémence Ondet

Initialement retenue pour participer à la manche de Coupe du Monde de cyclo-cross, qui aura lieu ce dimanche à Besançon, Marlène Petit a dû prendre la décision de faire l’impasse. Au départ de toutes les manches de Coupe de France, mais un peu moins active que les années précédentes, la Savoyarde de Podiocom revient avec DirectVelo sur les raisons de ce forfait. Plus largement, la coureuse de 30 ans aborde ses difficultés à trouver la bonne carburation cette saison, elle qui peine à dégager des créneaux pour sortir le vélo, dans un emploi du temps chargé.

DirectVelo : Comment juges-tu ta première partie de saison ?
Marlène Petit : C’est un début de saison qui était plutôt bon par rapport au niveau d’entrainement que j’ai pu voir jusque là ou dans l’été. J’arrivais plutôt bien à monter en puissance. Je n’ai pas été trop mal à Bagnoles, le samedi. Le lendemain, je n’étais pas bien du tout. Maintenant c’est un peu plus compliqué. Je n’ai plus beaucoup de temps pour m’entrainer à l’extérieur. Je suis obligée de faire beaucoup de home-trainer après le travail. Je suis enseignante en activité physique adaptée, dans un centre de rééducation. Il y a une candidature en interne pour évoluer sur un poste de cadre, je me suis positionnée là-dessus donc il y a encore ça à gérer au milieu de tout le reste. Sur les deux dernières semaines, je ne me suis pas entrainée, donc je ne serai pas au départ de Besançon dimanche.

Quelles sont les raisons de ce forfait ?
D’abord, il y a eu un décès dans ma famille récemment. Puis derrière j’ai un déménagement en cours et on a plein de travaux à terminer, donc je n’ai pas du tout le temps de m’entrainer. Je savais que la saison serait difficile à gérer par rapport à ce déménagement qui allait tomber. Mais je ne savais pas vraiment quand. Je m’étais engagée car je pensais pouvoir tout gérer et m’entrainer pour amortir. Mais je n’ai pas réussi. Donc j’ai pris la décision ce vendredi de ne pas m’aligner. Je n’ai pas envie de faire de la figuration. C’est un peu à contrecœur mais je pense que si je veux réussir à faire la fin de saison, je n’ai pas trop le choix.

« JE N’AI PAS LA FORCE MENTALE D’ALLER AU DÉPART »

N’as-tu pas peur de regretter dimanche, quand tu verras les images de la course ?
Je pense que je n’aurai pas le temps de brancher la télé (rires). Mais ce n’est pas facile, c’est vraiment à contrecœur. Je me dis que c’est un mal pour un bien d’ici la fin de saison. Je pense que là je n’ai juste pas la force mentale d’aller au départ en sachant très bien que je ne serai pas bien. Ce n’est pas que physique. Donc ce n’est pas facile de prendre cette décision quand même.

Tu as en revanche participé à toutes les manches de la Coupe de France avant le dernier rendez-vous, à Troyes…
J’espère être à Troyes. La Coupe de France est un objectif pour l’équipe donc je vais faire en sorte d’être là. C’est plutôt positif comme bilan. Avec le nouveau format intéressant, c’est plus compliqué à gérer pour celles qui travaillent avec la course du samedi. Donc j’ai eu du mal à me mettre dedans à chaque fois. Du coup j’étais mieux le dimanche, à part à Bagnoles, où j’ai été performante le samedi sans grosse charge d’entrainement. J’ai largement les capacités de jouer les podiums. Mais cette année, c’était compliqué pour le faire. J’essaye de trouver le juste milieu entre entrainement, activité et vie privée.

« SI JE FAIS PLUS, JE SUIS CRAMÉE EN DEUX MOIS »

As-tu l’impression de ne pas en faire assez ?
Ça met un peu de temps à s’adapter, mais je n’ai pas besoin de beaucoup d’entrainement pour être performante, il faut que je trouve la dose pour être présente et ne pas en faire toujours plus. Car sinon je ne tiens pas, j’ai déjà 35 heures de boulot par semaine. Donc je ne peux pas faire 15-20 heures comme d’autres. C’est peut-être ce qu’on m’a souvent reproché en discutant. On me dit « tu ne fais pas beaucoup par rapport aux autres », mais si je fais plus, je suis cramée en deux mois. Donc je me cherche un peu par rapport aux périodes où je ne travaillais pas l’hiver.

Contrairement aux années précédentes, tu n’es pas du tout allée à l’étranger cette année…
Le Team a couru un peu plus en France. Les manches de l’EKZ n’ont pas eu lieu donc c’était moins intéressant pour moi d’aller sur ces manches au niveau des points UCI. Cette année, je savais que ça allait être compliqué donc je n’ai pas voulu m’éparpiller. J’ai perdu pas mal de points UCI mais je pense que ça ne servait à rien que j’aille absolument faire la course aux points. Je n’y serais pas arrivée. Donc mettre des déplacements en plus… Et je sais que je ne suis pas performante dans la régularité. J’arrive à cibler des courses où je peux être bien, mais être bien tous les week-ends, ce n’est pas ma qualité (sourire). Donc j’ai fait le choix de rester sur les courses en France et c’était important pour le Team aussi.

« ÇA PEUT QUAND MÊME ÊTRE UNE SAISON TEST »

Quelle est ta source de motivation pour cette année ?
Au début de saison, j’espère toujours faire des bonnes performances en Coupe du Monde, Championnat de France et être sélectionnée aux Europe et Monde. Mais là je savais que ce serait une saison compliquée, même si on espère toujours avoir les mêmes résultats. Mais quand je vois que je performe un petit peu moins c’est plus compliqué à gérer. Donc je vais peut-être me concentrer sur le Championnat de France et essayer de faire une belle manche à Flamanville. Ça pourrait clôturer une saison pas exceptionnelle, mais pas moche non plus. J’aimerais réussir cette fin de saison.

Tu vas donc faire une saison plutôt raccourcie par rapport à tes habitudes, arrives-tu à te projeter au-delà de cette année ?
Quand on regarde Tony Périou, il n’a pas couru la saison dernière et quand on voit ce qu’il fait cette année, on se dit que ce n’est pas grave de ne pas faire une saison. Mais c’est difficile de ne pas se lancer. Malgré tout, à aucun moment je ne me suis dit « tant pis, je ne fais pas la saison et je reprendrai pour l’année prochaine ». Cette année, ça passe comme ça passe. Et il n’y a jamais rien de perdu, il y aura toujours des aspects positifs à tirer. J’essaye de me raccrocher à cette histoire de trouver ma bonne charge d’entrainement, car l’année prochaine je serai toujours à 35 heures et il faudra trouver des solutions pour s’entrainer. Donc ça peut quand même être une saison test pour l’année prochaine.

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