Paul Seixas : « J’y pensais depuis plusieurs mois »
Paul Seixas est en train de devenir l’ogre de la catégorie Cadets. Déjà Champion de France sur route en titre, vainqueur de la manche de Coupe de France de cyclo-cross à Quelneuc, et maintenant Champion de France de la discipline, ce samedi, à Liévin (voir classement). Le coureur d’Auvergne-Rhône-Alpes s’est fait très peur sur le circuit des Hauts-de-France, cumulant les pépins, mais le Cadet 2 a remis le bleu de chauffe et fait la différence dans le dernier tour. Pour DirectVelo, Paul Seixas revient sur sa course, qui aurait pu tourner au cauchemar, mais aussi ses ambitions futures, lui qui est suivi par AG2R Citroën U19 Team.
DirectVelo : Tout n'a pas été simple pour toi !
Paul Seixas : Je n'ai pas fait un très bon départ, puis je me suis retrouvé dans les 6-7 premières positions assez rapidement. Au premier tour, j'ai eu quelques problèmes, j'ai beaucoup frotté avec un Breton. Il m'a mis un coup de vélo dans le genou, j'ai eu très mal toute la course. J'arrive au deuxième tour, je chute après le dévers. J'ai une chaussure qui s'est enlevée, j'ai été obligé de m'arrêter pour la remettre. Je n'étais pas loin de la tête de course, mais du coup je perds encore 20 ou 30 secondes dans l'histoire et je me retrouve encore 7e.
Comment es-tu parvenu à remonter ensuite ?
C'était dur techniquement, j'étais toujours en chasse-patate. J'essayais de grappiller. À la cloche j'ai vu que je n'étais pas si loin que ça, car j'ai cru pendant un temps que c'était fini. Mentalement, ça m'a donné un regain d'énergie. J'ai mis les bouchées double, physiquement j'étais plus frais à la fin, ça fait la différence. Je suis passé en tête à la toute fin, au dernier passage du poste. J'avais changé de vélo, j'aurais dû le faire plus tôt. Mais ça m'a fait gagner de la vitesse, j'ai un peu creusé l'écart et ça l'a fait.
« C’ÉTAIT TERRIBLE »
Comment as-tu géré cette épreuve mentale, lorsque tu as eu tous tes problèmes ?
J'essaye de ne jamais me dire que c'est foutu, tout est toujours faisable, mais je savais que ça serait très dur. Il fallait être présent mentalement et techniquement. Je me disais que je n'avais rien à perdre, il fallait y aller et faire ce que je pouvais. Ça a fonctionné.
Qu'as-tu pensé du circuit et des conditions ?
C'était terrible. Il y avait énormément de boue. J'ai parfois un peu de mal dans la boue, je préfère les terrains secs et puissants. Je me qualifie comme puissant et léger. Là j'ai dû m'adapter. Généralement, cette année, dans la boue, je n'ai pas très bien réussi et j'ai eu des problèmes. Mais là je les ai surmontés pour me remotiver, me dire que rien n'était perdu même si je n'étais pas sur un terrain super favorable.
« C’EST PLUTÔT DANS LES CATÉGORIES SUPÉRIEURES QU’IL VA FALLOIR ÊTRE AU TOP »
Tu es déjà suivi par AG2R Citroën U19 et Champion de France Cadets sur route, tu as l'impression de grandir et de changer de dimension ?
Bien sûr, c'est quelque chose qui me fait prendre de la maturité sur l'approche des courses. Je sais que je ne dois pas me mettre une pression incroyable avant un Championnat, sinon c'est ingérable. Je sais qu'il y a des événements encore plus grands qui vont arriver chez les Juniors. En Cadet, rien ne se joue maintenant, je ne joue pas ma vie, en quelque sorte. Perdre un France, sur problème mécanique ou physique, ça ne veut rien dire, c'est du bonus. C'est plutôt dans les catégories supérieures qu'il va falloir être au top. Pour le moment ce n'est que de la préparation pour le futur. Ce n'est que du plaisir, c'est ce que je dois me dire avant un Championnat de France.
Cumuler les titres comme tu le fais, tu avais imaginé un tel scénario ?
J'y pensais forcément. J'en rêvais. Quand tu en gagnes un, tu en veux encore. C'est sans fin. L'avantage, quand tu as déjà gagné ou fait un podium, c'est que tu sais que tu es capable de le faire. J'y pensais depuis plusieurs mois, j'avais axé toute ma préparation sur ça. Je savais que c'était possible. J'ai laissé le sort faire, j'ai fait ce que j'ai pu et ça a marché.
« C’EST UN RÊVE DE GAMIN »
Beaucoup d'équipes s'intéressent à toi, pourquoi as-tu choisi d'être suivi par AG2R Citroën U19 ?
Pour ce qu'ils m'ont proposé. Ils ont des offres très intéressantes pour moi. Comme d'autres finalement, mais il fallait bien faire un choix. C'était un rêve de gamin pour moi. Quand ça se réalise, c'est énorme. Je ne dois pas trop me précipiter. J'ai fait un choix réfléchi, en fonction des propositions. AG2R Citroën U19 me propose beaucoup d'avantages, je trouve l'équipe géniale et que ce qu'ils font est top. Je suis aussi très heureux de défendre en parallèle les coureurs du VC Villefranche Beaujolais, je suis très bien dans ce club.
Tu vas donc passer en mode professionnel ?
Non, ça fait partie du deal. Pour aller à AG2R, j'ai intérêt à avoir de bons résultats à l'école. Et je garde toujours une issue de secours sur le plan scolaire. J'ai d'ailleurs toujours eu de bonnes notes. Je tourne autour de 16 de moyenne générale. Je sais que je dois travailler, je ne laisse jamais tomber l'école. On ne doit pas se dire en Cadet qu'on va faire le métier de cycliste. On doit avoir le double projet à cet âge. Des choses vont changer, il ne faut pas se laisser emporter et tout laisser tomber. Sinon, si on ne réussit pas dans cette voie, derrière on n'a plus rien.