Vainqueur tonitruant du Tour de Bretagne (2.2), disputé en fin de saison dernière, Jean-Louis Le Ny pouvait légitimement prétendre à une place chez les professionnels. Mais si les contacts ont été nombreux, rien ne s’est dessiné pour lui, et le revoilà sous les couleurs de WB-Fybolia Morbihan. S’il admet que son hiver a été difficile au début, le coureur qui vient de fêter ses 24 ans se sent plus serein avant de mettre son premier dossard. Jean-Louis Le Ny est revenu avec DirectVelo, à l’occasion de la présentation de la N1 bretonne, sur son hiver et ses doutes, son lien avec la Glaz Académie et B&B Hôtels (lire ici), mais aussi son nouveau statut chez les Amateurs.

DirectVelo : Comment te sens-tu avant de commencer ta saison ?
Jean-Louis Le Ny : J'ai fini l'année en confiance, donc je le suis toujours plus ou moins actuellement. C'est un début de saison, donc on ne sait pas forcément se situer. Là on est en stage donc je vais avoir de la visibilité par rapport aux autres de l'équipe. Mais j'ai bien travaillé, mes données de watts sont bonnes, comme maintenant on parle beaucoup en watts, je m'y suis mis aussi (sourire). Donc ça va, et dans la tête aussi.

Tu vas être beaucoup surveillé et attendu vu ta fin de saison…
Je sais que dans pas mal d'équipes on parle de moi et de nous dans l'ensemble. Une pression particulière, non, mais je vais pratiquer le vélo que j'aime en allant de l'avant, et les résultats arriveront. C'est sûr que les recrues font un peu peur, mais ce n'est pas parce qu'on est trois dans le Top 5 FFC qu'on sera tous les week-ends sur le podium. Il faut que la mayonnaise prenne bien et tout ira bien.

« POURQUOI JE NE PASSE PAS, POURQUOI JE N’AI PAS L’OPPORTUNITÉ CONCRÈTE »

Comment as-tu vécu cet hiver, alors qu'on t'attendait chez les pros après ta victoire au Tour de Bretagne...
J'étais en contact avec des équipes au début de l'hiver. Mais malheureusement beaucoup étaient déjà complètes. Là je suis suivi par l'équipe B&B Hôtels-KTM, donc si tout se passe bien je pense que les portes s'ouvriront. Le pic de forme était venu un peu tard pour passer pro. Ça a été un hiver relativement compliqué quand même. Au début, j'étais vachement dans le doute, à me demander pourquoi je ne passe pas, pourquoi je n'ai pas l'opportunité concrète d'y mettre les pieds. Et je pensais avoir passé le cap la saison dernière. Mais je comprends totalement que les résultats soient venus un peu tard, et que les équipes étaient complètes depuis un mois.

Aujourd'hui, tu as réussi à digérer ?
Je n'ai pas d'amertume, quand je prends mon vélo, je me fais plaisir. J'étais en stage avec B&B, ça m'a confirmé que c'était ça que je voulais faire. Je veux voir ce que c'est de vivre de tout ça, de sa passion. C'est plutôt digéré à l'heure actuelle, je suis vraiment focalisé sur ma saison 2022 pour confirmer ma fin de saison 2021.

« UN SUIVI COMME SI ON ÉTAIT PRO »

Tu fais partie de la Glaz Académie, quel soutien t'apporte-t-elle ?
On a été en stage avec eux d'abord. On a une aide matérielle, on est encadré si on a besoin de faire des stages, et on sera d'ailleurs amené à en faire avec eux s'ils ont des périodes plus creuses et nous aussi. Ils vont aider les clubs formateurs, si jamais on passe professionnel. Et puis il y a un suivi au niveau de l'entrainement, ils ont un œil sur nous. On se sert d'une plateforme qu'ils utilisent, ils ont toutes les données qu'on a à l'entrainement et en course. C'est un suivi comme si on était pro, mais on ne court pas avec eux.

As-tu des contacts rapprochés avec Jérôme Pineau ou l'encadrement ?
Pas forcément avec Jérôme Pineau directement, mais je suis en contact avec Steve Arbault, qui va gérer l'académie. Je l'ai régulièrement par appel ou SMS. Ils veulent avoir le maximum d'informations sur nous, si on a des objectifs en tête, là où on va courir etc. Si on est blessé et qu'on a besoin d'un staff médical, on peut être aidé si on n'est pas suivi médicalement. Il y a plein de choses qu'on voit avec lui.

« J’AI EU UN ENTRETIEN AVEC JÉRÔME PINEAU, J’AI COMPRIS »

Tu sais déjà de quoi va être fait ton avenir proche ?
On n'en a pas parlé pour le moment. Je sais que Jérôme Pineau était plus ou moins embêté en fin de saison dernière, parce qu’entre guillemets, il regrettait que je sois encore en Amateurs cette année. Mais il n'avait pas forcément le budget pour prendre des gars en plus. J'ai eu un entretien avec lui, j'ai compris, j'ai analysé ce qu'il fallait que je fasse en début de saison pour y accéder, et j'espère avoir toutes mes chances de mon côté en début de saison.

Quand on a gagné le Tour de Bretagne, qu'est-ce qu'on vise pour l'année suivante ?
On va dire que je n'ai jamais eu un vrai début de saison comme je vais l'avoir cette année. En Espoir j'ai eu la mononucléose, ensuite j'ai changé d'équipe donc j'étais plus dans un rôle d'équipier. Finalement je n'ai eu qu'un vrai début de saison, et je n'arrivais pas à cette période sur une course en me disant que je pouvais la gagner. J'en étais incapable. Et le covid est arrivé donc on n'a pas eu de début de saison. Là je me dis que je vais arriver sur les courses en pouvant peser dessus avec l'équipe. En début de saison, il n'y a pas de petites courses finalement, ce n'est pas trop loin de la maison, tout sera bon à prendre.

« MAINTENANT, C’EST 2022 »

Il y a des courses que tu as cochées particulièrement ?
Il y a la mythique Manche-Atlantique. Mais c'est un peu comme un Championnat, c'est une course d'un jour, on ne sait pas ce qui peut arriver. Je sais que ça frotte beaucoup, c'est une course très nerveuse, donc il peut se passer plein de choses. Plus tard dans la saison il y a le Championnat de France, Championnat de Bretagne... il y a des belles courses toute l'année. Mais pour le moment j'ai un objectif dans ma tête, mais je le garde précieusement (sourire).

Vas-tu retrouver un programme de Classe 2 ?
On va sans doute faire le Loir-et-Cher, l'Eure-et-Loir, et bien sûr le Tour de Bretagne. Le reste je ne sais pas vraiment, on n'a pas eu de calendrier fixe. Là je suis vraiment motivé pour gagner des courses, au final. Que ce soit pour moi ou pour l'équipe, j'aurai le couteau entre les dents. Je ne perds pas la motivation parce que j'ai gagné un Tour de Bretagne. Maintenant, c'est 2022. On n'oublie pas 2021, on y pense toujours, mais c'est une nouvelle saison, c'est un reset.