Victoire Berteau : « On me doit dix tonnes de bière »
Les journalistes se sont massés autour de Victoire Berteau, quelques instants après qu’elle ait posé pied à terre, au cœur du vélodrome de Roubaix. Et pour cause : la sociétaire de la formation Cofidis cochait toutes les cases pour attirer la curiosité. La pistarde a terminé première Française de son premier Paris-Roubaix, ce samedi. Cerise sur le gâteau pour la presse régionale : elle est nordiste. “Comme je termine première Française, on me doit à peu près 10 tonnes de bières !”, plaisante-elle auprès de DirectVelo en évoquant sans doute un pari. Au-delà de la boutade, la sociétaire de la formation Cofidis tenait tout de même, et surtout, à garder les pieds sur terre. “Plus sérieusement, première Française, ça ne veut pas dire grand-chose pour moi. Par exemple, Marie Le Net a fait un gros travail pour ses coéquipières, et elle a crevé. Il faut aussi avoir de la chance”, ajoute-t-elle en évoquant la Bretonne de la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope.
« JE SUIS TRÈS CONTENTE DE MA COURSE »
Victoire Berteau a, en tout cas, réalisé une course solide. Et elle a dû se faire violence pour y parvenir. “Ça frottait beaucoup avant le premier secteur pavé. Je ne suis pas une très grande frotteuse alors j’ai débranché le cerveau. J’entendais mon directeur sportif me demander ce que je foutais à l’arrière du groupe… Dans les secteurs, quand tu es derrière, c’est vrai que ce n’est pas une partie de plaisir. Tu subis toutes les chutes, etc. J’étais quand même contente de mes sensations. Espérer être dans le premier groupe, pour mon premier Paris-Roubaix, aurait peut-être été ambitieux. Je suis arrivée pour la 13e place, je suis très contente de ma course”, se réjouit celle qui a donc terminé aux portes du Top 15 (voir classement). “J’avais justement un objectif de Top 20, il est atteint. Je suis très contente”, se réjouit la native de Lambres-lez-Douai. “J’ai passé toute la semaine dernière juste à côté, dans l’autre vélodrome, pour préparer la manche de Coupe du Monde sur piste de Glasgow. En fait, je suis toujours dans le coin !”.
Malgré des ampoules aux mains et de la poussière plein le visage, Victoire Berteau ne voulait pas trop en faire au moment de décrire un « Enfer du Nord » moins épique que l’an passé. Ce qui n’enlève, évidemment, rien à la difficulté de cette épreuve si particulière. “Dans un secteur, on était dans la caillasse et il n’y a que là qu’on a pris de la poussière. Sinon, c’était assez tranquille. Comme le pavé était sec, il y avait sans doute moins de cafouillage que l’an passé”. Impossible, pour autant, de véritablement comparer pour la jeune femme de 21 ans. “L’année dernière, je m’étais cassée le scaphoïde. J’étais aux Trois Jours d’Aigle avec l’équipe de France sur piste, j’avais regardé la course sur mon téléphone”, rappelle l'ancienne lauréate de Gand-Wevelgem Juniors.
« LE BILAN EST PLUS QUE TOP »
Pour sa première expérience sur ce monument du cyclisme, elle a pu profiter de l’ambiance et d’un important soutien dans chacun des secteurs pavés. “J’entendais mon prénom partout. Je ne comprenais pas car je me disais qu’il n’y a pas autant de monde qui me connait, pourtant (rires). Peut-être que les mêmes personnes ont fait plusieurs secteurs… J’ai aussi vu deux fois ma mère sur le bord de la route, ça m’a boostée, surtout que la seconde fois, c’était dans le Carrefour de l’Arbre et que je commençais à être dans le mal”. Épargnée par la malchance, Victoire Berteau n’a été victime ni de chute, ni de crevaison. “J’ai simplement déraillé une fois, mais sans conséquences”.
Elle le répète : sa performance personnelle est particulièrement satisfaisante. Et c’est aussi vrai au niveau collectif pour les rouge-et-blanc de la Cofidis. “On a deux filles dans le groupe qui joue la 13e place. C’est notre meilleure performance dans le WorldTour pour le moment. Le bilan est plus que top !”. Ce résultat lui fait beaucoup de bien après des débuts délicats au sein de sa nouvelle équipe. “Je n’ai pas eu trop de chance sur les premières courses, avec des crevaisons, des problèmes mécaniques, une chute au Samyn. J’étais un peu déçue mais je termine la période des Classiques sur une bonne note et ça me met en confiance”. Désormais, Victoire Berteau va se tourner vers la piste et la manche de Coupe du Monde écossaise. “On n’en a pas encore trop discuté avec le sélectionneur mais je pense qu’un podium sur la poursuite par équipes serait bien”. Elle ne disputera pas d’autres épreuves à Glasgow.