Marie Le Net : « Ça peut marcher sans compteur »
Arrivée en début de semaine au Portugal en provenance d’Algérie où elle a disputé les Jeux Méditerranéens la semaine passée, Marie Le Net attend toujours sa valise. “Mais j’ai bien anticipé, j’avais aussi une petite valise avec mon casque, mes chaussures… J’ai piqué les chaussettes de Jade (Wiel). Elles m’ont peut-être porté bonheur”, rigole-t-elle ce jeudi à l’issue du Championnat d’Europe Espoirs du contre-la-montre où l’habituelle sociétaire de la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope a pris la 3e place (voir classement). La Bretonne de 22 ans exprime sa satisfaction auprès de DirectVelo.
DirectVelo : Tu obtiens la médaille de bronze sur ce chrono !
Marie Le Net : Je n’ai pas pu beaucoup m’entraîner sur le vélo de chrono, je n’ai pas fait non plus le Championnat de France il y a deux semaines. J’ai eu les Jeux Med la semaine passée comme échauffement mais je n’avais pas trop de repères. Je ne sais pas trop quel type de circuit me convient le mieux en chrono et au final, je crois que j’ai trouvé (sourire).
« QU’EST-CE QU’IL M’ARRIVE ? »
Comment as-tu géré ton effort ?
Je me sentais vraiment bien en début de course, je passais bien les petites bosses. Julien (Guiborel) m’a dit que j’avais 30 secondes d’avance sur Cédrine (Kerbaol) avant la mi-course. C’était beaucoup… Je pensais alors être partie trop vite. Je voulais même me calmer mais j’étais bien. À l’inter, il m’a dit que j’étais dans le match ; à la fin que j’étais 2e. Je me suis dit “qu’est-ce qu'il m’arrive ?”. J’ai tout donné jusqu’à la ligne mais j’ai été gênée dans le dernier kilomètre par la voiture de l’Allemagne. Je pense que le directeur sportif ne m’a pas vue, ça m’a fait perdre des secondes.
Mais tu arrives à monter sur le podium…
Quand je vois l’écart avec Vittoria (Guazzini) qui finit 2e (deux dixièmes les séparent, NDLR)... Ce n’est pas encore aujourd’hui que je vais la battre mais je suis vraiment contente. Shirin van Anrooij brille au niveau international. Elle joue avec les meilleures, Vittoria est une référence en chrono… Et moi, je suis à côté d’elles sur le podium. Quand j’ai passé la ligne, personne n’est venu vers moi alors que normalement il y a les chaperons. Je pensais donc ne plus être sur le podium… Puis on m’a dit que j’étais 3e en revenant aux camions de l’équipe de France. La vache…
Tu as couru sans compteur…
J’ai fait un chrono sans connaître les watts car j’ai perdu très tôt mon compteur. J’ai couru aux sensations et ça a marché. Je n’ai aucun regret. C’est vraiment cool. Merci à tous ceux qui m’ont soutenue. Hier (mercredi), nous avons eu une discussion avec mon entraîneur, mon directeur sportif et mon agent pour mon avenir. Ce chrono me conforte dans mon choix futur. J’ai envie de voir jusqu’où je peux aller sur la route. C’est le type de résultat qui donne confiance et donne envie d’aller plus loin. Je remercie le staff qui est au top avec nous et les Espoirs gars qui m’ont aussi bien aidée.
« UNE PETITE RÉCOMPENSE »
De quelle manière ?
Ils m’ont aidée sur la gestion du chrono. Flavien (Soenen, entraîneur de la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope, NDLR) a analysé ce chrono mais sans être sur le circuit, ça reste du virtuel. Il y a la chaleur à prendre en compte par exemple. Les Espoirs m’ont indiqué comment ils allaient gérer le chrono, m’ont dit où mettre les cartouches, m’ont parlé des trajectoires… C’est dur à gérer et ils m’ont vraiment aidée. Julien (Guiborel) a aussi été important depuis la voiture.
Tu as bien géré la chaleur…
Les conditions météo ne m’atteignent pas vraiment. Les autres souffrent plus que moi. Je pense avoir bien bu, quatre fois je pense sur les 22 kilomètres. J’ai bien adapté l’échauffement, avec les gilets de froid, les glaçons… Ça fait vraiment plaisir, ça me motive pour la suite. J’ai laissé la piste de côté cette année et je suis récompensée aujourd’hui. Sur route, je n’avais pas de podium… C’est une petite récompense du travail réalisé. Beaucoup de questions se posent pour la suite. J’avoue que ce n’est pas simple…
Pour les prochains chronos, il ne faudra pas mettre de compteur !
Je me pose la question (sourire) ! Ce n’est peut-être pas plus mal de courir aux sensations. Ça peut marcher sans compteur, involontairement mais j’ai testé (sourire). Comme à chaque fois que je termine un chrono, je suis au bout de ma vie et je me dis que je n’ai plus envie d’en faire. Finalement, j’en refais toujours.