Florian Richard Andrade : « J’ai beaucoup réfléchi »
Champion de France Cadet en cyclo-cross puis sur route, Florian Richard Andrade était l’un des coureurs les plus prometteurs de sa génération. Même s’il a obtenu un contrat pro en 2022 avec le Team U Nantes Atlantique, le Francilien n’a pas connu la suite de carrière espérée. Non-conservé par l'équipe Continentale, le garçon de 20 ans a choisi d’arrêter la compétition alors que plusieurs clubs s'intéressaient à lui. Il explique pourquoi à DirectVelo.
DirectVelo : Pourquoi as-tu choisi d’arrêter la compétition ?
Florian Richard Andrade : Je me suis posé des questions à partir des 4 Jours de Dunkerque, je voyais que je ne voulais pas forcément vivre cette vie-là. Il faut faire beaucoup de sacrifices, avoir un régime alimentaire très strict, il y a peu de vie sociale… J’ai pris l’avis de mes proches, de ceux qui m’ont aidé jusqu’à aujourd’hui. C’était important pour moi. J’ai beaucoup réfléchi à ce que je souhaitais faire. J’en suis arrivé à la conclusion que je voulais avoir une vie “normale”.
« C’EST ALLÉ VITE »
Même si tu as décroché un contrat pro en 2022, tes dernières saisons n’ont pas été simples…
En Junior, j’étais plutôt content de mes résultats mais j’ai eu des galères, la mononucléose, des blessures… Il y a eu le Covid en Junior 2e année. C’était une période compliquée. Mes deux dernières années n’ont pas été les plus faciles. J’ai connu de belles années en Cadets et Juniors, j’étais bien suivi à l’US Métro Transports, avec la famille Turgis, et aussi par la filière AG2R. Je suis arrivé à Nantes en Espoirs en N1 et ça a débouché avec un contrat pro. C’est allé vite.
Trop ?
Ce contrat pro est peut-être arrivé un an trop tôt mais ça ne pouvait pas se refuser. Je n'allais pas dire non… Au moins, j’ai vu ce qu’était le métier de coureur cycliste et comment ça se passait chez les pros. Je ne rejette la faute sur personne mais c’est peut-être l’année où j’ai été le moins suivi. C’est peut-être mon seul regret.
Avais-tu des contacts pour continuer en 2023 ?
J’ai su tard que je n’allais pas poursuivre avec Nantes, les autres équipes étaient quasi complètes. Avec mon agent, nous avons donc contacté des Continentales étrangères. J’ai reçu quelques propositions mais ça ne m’intéressait pas vraiment. Je m’étais aussi renseigné auprès de N1 mais je n’ai rien signé. Je voulais savoir avant de le faire si je voulais vraiment continuer le vélo en compétition.
« JE SUIS HEUREUX AUJOURD’HUI »
Arrêter est-il un soulagement ?
Une fois que j’ai pris cette décision, j’avais la boule au ventre pour l’annoncer à mon papa. Il s’est investi depuis que j’ai dix ans. Je dormais mal avant de lui dire mais il a très bien pris ma décision, comme l’ensemble de mon entourage. J’ai commencé le vélo tôt, j’avais sept ans. Ça m'a de suite beaucoup plu, c’est devenu ma passion. Le haut niveau, c’est contraignant et c’est ce qui m’a peut-être un peu dégoûté du vélo. Je ne vais pas rentrer le vélo dans le garage, je vais toujours en faire le week-end, avec un groupe que j’ai vers chez moi.
Il était pour toi préférable d’arrêter…
Je suis heureux aujourd’hui. Je travaille comme agent SNCF et je veux passer le concours pour devenir pompier professionnel. Je m’amuse avec mes amis, je fais des choses que je ne pouvais pas faire auparavant. Je suis plus heureux aujourd’hui que quand je faisais du vélo. Je vais m’acheter un beau vélo de route et me faire plaisir le week-end, entre copains à faire des cyclosportives voire même des petites courses dans la région. Mais le sport de haut niveau, c’est fini.
Que retiendras-tu de tes années de vélo ?
J’ai vécu de belles choses. J’ai goûté à la victoire sur des Championnats de France, j’ai disputé des manches de Coupe du Monde, j’ai eu la confiance de François Trarieux pour le Mondial de cyclo-cross…. Le vélo m’a beaucoup apporté. Ça m'a fait grandir, ça m’a donné confiance en moi. C’est une belle école de la vie. J’ai passé de très bons moments avec les copains. Je ne regrette rien.