Javier Romo, l’exploit puis le retour sur terre

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Août 2020 : Javier Romo prend part au Championnat d’Espagne Espoirs. Sans la moindre référence et sans ne connaître qui que ce soit ou presque puisqu’il s’agit seulement de la troisième (!) course sur route de sa jeune carrière. Le garçon originaire de Castille-La Manche ne découvre pas le vélo pour autant puisqu’il a alors de très solides références… en triathlon. Trois ans plus tôt, il a d’ailleurs pris la 9e place d’un Mondial Juniors de la discipline. Mais comment se retrouve-t-il donc au départ de ce Championnat national, au milieu de coureurs chevronnés ? “Un jour, j’étais à l’entraînement et je me suis retrouvé avec Oscar Sevilla et Hector Carretero. On a fait un bout de route ensemble et je sentais que ça allait bien dans les bosses. Ils m’ont conseillé d’essayer la route”. Aussitôt dit, aussitôt fait : voilà Javier Romo en Andalousie pour la course au titre national.

UNE SIGNATURE CHEZ ASTANA SIX MOIS APRÈS SES PREMIÈRES COURSES SUR ROUTE

Contre toute attente, le voilà qui lance une attaque tôt dans la course, réalise un véritable numéro en solitaire - un effort dont il a l’habitude en triathlon - pour ne plus jamais être repris par ses poursuivants, malgré la force collective des équipes Caja Rural ou Eolo-Kometa. Il colle plus de deux minutes à son premier poursuivant et décroche le titre Espoirs (voir classement). Cet exploit permet à l’Hispanique de signer au plus haut niveau mondial, chez Astana, pour l’année suivante. Il y voit “l’occasion de faire carrière et de gagner sa vie dans le sport”, chose selon lui “quasi impossible en triathlon”.

Pas question de s’enflammer pour autant. En 2021, pour sa saison de néo-pro, et alors qu’il n’avait donc disputé qu’une moitié de saison chez les amateurs, Javier Romo a besoin de prendre ses marques. Il découvre une course WorldTour d’une semaine lors du Tour de Romandie, notamment, et participe au Tour de l’Avenir avec la sélection espagnole. Il réalise une saison discrète, comme en 2022, où il peine toujours à franchir un nouveau palier. “J’ai besoin de retrouver des sensations car honnêtement, je n’ai pas passé une superbe saison en 2022. Le plus frustrant, c’est que je ne suis pas vraiment capable d’expliquer pourquoi ou de comprendre ce qu’il s’est passé. J’ai seulement pu constater que, souvent, ça ne tournait pas rond. Cette saison 2023 est donc importante pour me relancer, je ne peux pas rester là-dessus. Il faut aller de l’avant”, expliquait-il dimanche dernier, auprès de DirectVelo, sur la Promenade des Anglais, en marge de la dernière étape de Paris-Nice.

OFFENSIF SAMEDI 

En arrivant d’une autre discipline, Javier Romo sait qu’il a des lacunes à combler et a conscience de son manque d’expérience, même s’il a récemment lancé sa troisième saison chez Astana. “Je sens bien qu'il y a des choses à changer. Je gaspille parfois des cartouches pour rien, notamment au niveau de l’influx nerveux dans le peloton. Il faut que j’arrive à mieux me canaliser et à mieux gérer certains moments de stress”. Déçu de son rendement actuel, il a cherché à se rassurer, samedi, lors de l’avant-dernière étape de Paris-Nice. “Ce n’était pas écrit d’avance car je me sentais un petit peu diminué et malade au matin de l’étape. Mais ça n’allait pas si mal et j’ai voulu tenter ma chance en début de course. Je trouvais que ça pouvait être intéressant de prendre un coup d’avance en allant dans l’échappée et c’est ce que j’ai fait”, détaille celui qui a pu compter sur l’appui de ses coéquipiers et compatriotes David de la Cruz et plus encore Luis Leon Sanchez lors de « la Course au Soleil ». “Luis Leon est important, surtout dans les moments de stress, où il arrive à te calmer et à te faire relativiser une situation délicate. En plus, c’est quelqu’un qui ne lâche jamais le morceau. C’est une chance de l’avoir à mes côtés dans l'équipe”.

Sorti, donc, au début de cette 7e étape dans la roue de Lilian Calmejane, initiateur de l’échappée du jour, l’Espagnol s’est retrouvé dans un groupe imposant et a été le dernier à résister à l’intenable Kobe Goossens dans l’ascension finale, au Col de la Couillole. Avant que les cadors ne ramènent tout ce petit monde à la raison. “Les jambes étaient bonnes mais malheureusement, on n’a jamais eu le moindre espoir d’aller au bout. Les leaders du général voulaient vraiment se jouer la victoire d’étape et ne nous ont laissé aucune chance”. Voilà malgré tout un comportement intéressant et un motif d’espoir pour le coureur de 24 ans en vue des échéances à venir.


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