Alors qu’il faisait partie des coureurs sous contrat avec B&B Hôtels-KTM, Adrien Lagrée a subi l’arrêt de l’équipe l’hiver dernier. Finalement de retour chez les Amateurs, sous les couleurs de Sojasun espoir-ACNC, qu’il connait bien, le coureur de 26 ans ne ménage pas ses efforts cette année, à la recherche d’un scenario favorable. Comme au Tour de la Manche, où il a remporté une étape. Ce week-end, le Normand découvre le Tour de Côte d’Or, où il est rentré dans le Top 5 de la première étape à Molesme (voir classement), malgré de nombreuses tentatives pour faire mieux. Au top physiquement, c’est le mental qui commence à flancher, comme il l’explique à DirectVelo.

DirectVelo : Quel est ton sentiment après ce Top 5 ?
Adrien Lagrée : Pour une fois je n'ai pas de regrets, j'ai tout tenté. On s'est extrait sur le circuit final à une bonne vingtaine. Ça s'entendait plus ou moins, dans des groupes aussi conséquents, ce n'est jamais évident. Puis sur le final c'était décousu, plus grand monde ne passait. Je voulais tout tenter dans le dernier tour, je n'ai fait qu'attaquer. Mais il y avait toujours quelqu'un pour relancer, soit Sten Van Gucht, soit les gars d'Aix comme ils étaient trois. Puis à un moment donné, j'ai réussi à partir et j'y ai cru. Mais Sten Van Gucht a tout ramené.

Comment as-tu géré alors ?
Je me suis mis dans les roues puis j'ai tenté, deux, trois, quatre fois. Mais ça ne l'a pas fait. Je pensais que ça aurait pu se regarder, dans des gros groupes comme ça. Mais soit des gars étaient en surnombre, soit il y avait Sten très fort. J'ai tout tenté, je me suis accroché pour le sprint final et j'arrive à sauver quelque chose. Autant j'étais très frustré le week-end dernier à Manche-Océan, car j'avais la victoire dans les jambes, autant là je passe la ligne en ayant tout donné.

Comment s’est passé le sprint final en bosse ?
C'est une arrivée très particulière avec une belle bosse de 500 mètres. Ça a lancé dès le virage à droite au pied. Gari Lagnet a lancé très fort. Ça a fait le trou direct à trois ou quatre. Ça a fait tout le pied à fond avec cette arrivée. Je me suis incliné à 100 mètres, j'étais juste.

« CE N’EST PAS FACILE DE TOUJOURS DEVOIR REBONDIR »

Qu’est-ce qui t’a motivé à venir au Tour de Côte d’Or ?
C'est la première fois que je viens ici. Auparavant à Sojasun on avait toujours notre calendrier. Mais je n'étais jamais venu, j'ai fait quelques années en amateur, alors je voulais découvrir une nouvelle course, un nouveau paysage. J'ai aussi voulu venir car la forme est là, je veux en profiter un peu.

Quel est ton état d’esprit en abordant l’été ?
Physiquement je suis plutôt très bien. Mais mentalement c'est un peu compliqué. Je suis un peu frustré car je tente des choses, je suis tellement bien que je me le permets. Mais ça ne marche pas. À Manche-Océan je fais 2 à la photo finish alors que j'ai la gagne dans les jambes. Je donne beaucoup. Au Nivernais pareil, je suis dans les échappées mais le scenario ne m'est jamais favorable à la fin. Ça commence à être compliqué mentalement, je commence à me dire que je donne tout pour pas grand chose. Ce n'est pas facile de toujours devoir rebondir. Je me dis que c'est ma dernière saison, peut-être. Je ne sais pas de quoi est fait mon avenir. Je n'ai pas envie de décevoir l'équipe, on me fait confiance. J'essaie de maintenir le cap et donner le meilleur de moi-même.

« JE NE REGRETTERAI PAS D'AVOIR REFAIT UNE SAISON »

Tu crois à un retour chez les professionnels ?
Je sais que ça va être compliqué. Peut-être en Continental, je pense que j'aurais les capacités d'y être. Mais les places sont chères et c'est très compliqué. C'est ça qui me fait aussi baisser les bras. J'ai une situation très difficile, je suis revenu de blessure, je reviens physiquement. J'aurais dû être sous contrat avec B&B Hôtels, c'est dur de garder le cap. Ça pèse dans la balance et c'est aussi ce qui met à bout mentalement. Mais je ne lâche pas. Ce sont peut-être mes derniers mois, on verra.

Quel bilan fais-tu de ces premiers mois de retour chez les Amateurs ?
C'est mitigé. Je suis bien revenu à mon top niveau depuis deux-trois mois. Ça me fait plaisir sachant que j'étais bloqué l'année dernière à partir de l'été. C'est bien de jouer les premiers rôles, prendre du plaisir, être à l'avant. Ça ne paie pas tout le temps, mais je suis bien et je ne regretterai pas d'avoir refait une saison, même si c'est en amateur.

Seul un retour chez les pros peut faire pencher la balance pour la suite ?
Le calendrier amateur, je commence à le connaitre par cœur. Maintenant à l'âge que j'ai, c'est chez les pros ou rien du tout. Je suis revenu en amateur parce que la situation a fait que. Je me suis retrouvé au pied du mur et je ne voulais pas finir sur une blessure et une fin non maitrisée. Mais ce n'est pas facile de rester en amateur, on ne peut pas rester pour une durée indéterminée.