Elle n’avait encore jamais décroché la moindre victoire au sein du peloton professionnel. La voilà désormais lauréate d’étape sur le Tour de France. Très active depuis le début de l’épreuve la plus prestigieuse du calendrier, porteuse du maillot à pois en début de semaine, Yara Kastelijn a profité d’une échappée au long cours, ce mercredi, pour décrocher une magnifique victoire dans les rues aveyronnaises de Rodez (voir classement). “C’est absolument incroyable ! Je n’ai pas vraiment les mots pour décrire ce qu’il vient de se passer, j’ai du mal à y croire”, lâchait-elle en zone mixte après l’arrivée pour DirectVelo.

MARTHE TRUYEN, UN ATOUT PRÉCIEUX

Dès les premiers kilomètres, la Néerlandaise a pris la fuite dans un groupe de quatorze unités. Et les attaquantes ont vite vu le peloton leur accorder une dizaine de minutes d’avance. À l’avant, la sociétaire de la formation Fenix-Deceuninck a pu compter sur le soutien d’une coéquipière en la personne de Marthe Truyen. “C’était une belle échappée. On était d’abord là pour le maillot à pois mais on s’est loupées”, relate la Belge après coup. “(Anouska) Koster a fait les points et j’étais incapable de la battre au sommet des GPM, je ne suis pas une grimpeuse. Mais j’ai vite dit à Yara de ne pas s’inquiéter et qu’il fallait viser l’étape”. Car très rapidement, le duo belgo-néerlandais a compris qu’il y avait quelque chose de grand à jouer.

“Au bout de trente bornes, j’ai compris qu’on avait une chance de jouer l’étape. Viser la victoire, c’est encore mieux que d’aller chercher des points pour le maillot à pois”, rigolait la Flamande au pied du bus de son équipe, les yeux encore humides après les chaleureuses accolades avec le staff de l’équipe - notre photo ci-dessous -. “Ce scénario m’a rappelé le dernier Paris-Roubaix”, assure celle qui y avait pris la 3e place en avril dernier à la faveur d'une échappée que les favorites n'ont jamais reprise. Bien moins bonne grimpeuse que sa coéquipière, Marthe Truyen s’est pleinement sacrifiée pour Yara Kastelijn. “J’ai essayé de maintenir une allure élevée le plus longtemps possible pour la propulser dans les meilleures conditions”.

UNE ÉQUIPE TRÈS OFFENSIVE DEPUIS LE DÉBUT DU TOUR

Puis la Néerlandaise s’est envolée dans la Côte de Moyrazès. Flanquée d’Audrey Cordon-Ragot durant un bref instant, elle s’est ensuite isolée pour résister jusqu’au bout au retour des favorites. “J’ai pu garder un maximum d’énergie jusque-là grâce au travail de Marthe. Ensuite, c’était à moi de jouer. Je n’en ai pas fait beaucoup auparavant, peut-être que certaines filles ont trouvé que c'était limite mais ça fait partie du jeu lorsque l’on a la chance d’être deux concurrentes de la même formation à l’avant. De toute façon, c’est la victoire qui compte et la vainqueure qui a raison”. Et la lauréate, c’est bien Yara Kastelijn, qui est venue récompenser la très bonne première moitié de Tour de France de Fenix-Deceuninck.

“L’équipe répond parfaitement présent depuis le début du Tour, je suis super heureuse de le concrétiser avec cette incroyable victoire. Ce n’est que du bonheur”. Sa coéquipière Marthe Truyen était presque incrédule en fin d’après-midi. “Le Tour peut s’arrêter maintenant (rires) ! Je n’ai pas pu m’arrêter de pleurer durant les cinq derniers kilomètres… Je suis tellement fière de l’équipe, de cette journée parfaite… L'atmosphère est géniale dans le groupe, on a eu le maillot à pois avec deux filles, on gagne une étape…”. Que demander de mieux ? “Depuis trois jours, dans le bus, on chante, on danse… C’est un superbe Tour !”. Quoi qu’il arrive dans les jours à venir, la WorldTeam belge aura marqué ce Tour de France 2023 de son empreinte.