Fenix-Deceuninck : « On n’aurait jamais imaginé ça »
Quel début de Tour de France pour Fenix-Deceuninck ! La WorldTeam belge, nommée Fenix-Elegant spécialement pour l'événement (lire ici), qui n’était pas attendue à pareille fête, a animé la course durant ces quatre premières journées, a porté plusieurs jours le maillot à pois avec deux athlètes différentes et était passée, déjà, tout près d’un succès de prestige mardi, lorsque Julie Van de Velde était passée à 200 mètres de la victoire. Ce jeudi, l’échappée est cette fois-ci allée au bout et la Néerlandaise Yara Kastelijn a comblé de bonheur l’ensemble de son équipe. Présent au pied du bus de la Fenix-Deceuninck à l’arrivée, DirectVelo a recueilli la réaction du manager général du collectif, Philip Roodhooft. Un homme fier de ses troupes. Entretien.
DirectVelo : L’équipe réalise un magnifique Tour de France jusqu’à présent !
Philip Roodhooft : On ne démérite pas. On voulait se montrer très actifs depuis le début de la semaine et on l’a fait en étant devant trois journées consécutives. On voulait créer des mouvements de course, ne pas laisser se produire nécessairement un scénario écrit d’avance. Au fil des étapes, tout le monde au sein du groupe s’est mis à croire qu’il était possible de réaliser de grandes choses ici. Dans tous les cas, même si ça ne s’avérait pas payant, on voulait continuer d’animer la course, tous les jours, et tenter des choses.
« ON SE DISAIT QU’IL NE RESTERAIT QUE DES MIETTES »
Et Yara Kastelijn a récompensé l’équipe grâce à un formidable numéro !
Il est inutile d’être sur le Tour juste pour faire de la figuration. Cela dit, on n’aurait jamais imaginé ça. La SD Worx domine tellement… Et respect à cette équipe, mais on se disait qu’il ne resterait que des miettes. Alors réussir à claquer une étape, c’est beau. D’autant que même si nous avons de bonnes concurrentes, on ne fait pas partie des grosses écuries du peloton. On est encore en construction. C’est incroyable, ça donne beaucoup d’énergie et d’émotions positives. Forcément, ça porte encore plus vers le haut pour la suite.
La majorité des filles de l’équipe semblent surperformer au meilleur moment de l’année !
C’est vrai, ça prouve que la préparation a été très bonne et que l’équipe a réalisé un superbe travail. Depuis deux ans, on s’inspire beaucoup de notre équipe masculine et on se base sur les mêmes préparations. On amène les filles aux mêmes endroits pour les mêmes stages en altitude. On leur met à disposition le même matériel, le même accompagnement. On ne prend rien à la légère. Si les filles ont leur meilleure forme de la saison sur ce Tour de France, c’est tout sauf dû au hasard. C’était voulu.
« ON ESSAIERA ENCORE »
Considères-tu que ce très bon Tour de France est dans la continuité de l’évolution de l’équipe, ou peut-on dire qu’il y aura un avant et un après cette compétition ?
J’ai le sentiment que ce sont les deux à la fois. On se doutait que l’on pouvait y arriver. On avait déjà décroché un podium sur Paris-Roubaix de la même façon, en anticipant et en créant du mouvement (la Belge Marthe Truyen, échappée ce mercredi - lire ici - avait pris la 3e place, NDLR). Parfois, ça peut prendre du temps, mais si tu travailles dur, normalement ça va toujours finir par venir. C’est donc, en quelque sorte, dans la continuité et dans l’évolution de notre travail. Mais d’un autre côté, c’est aussi un moment déterminant et qui peut changer des choses car à partir de maintenant, toutes les filles vont comprendre que c’est réellement possible. Il y a donc un avant et un après en ce sens-là. Plus aucune de nos filles ne va douter du fait que l’on peut gagner n’importe où.
Et dire qu’il reste encore quatre étapes ! On imagine que l’équipe n’a plus rien à perdre maintenant…
Oui mais nous allons faire comme si de rien n’était et garder le même état d’esprit en jouant l’étape dès le Km 0 de la même façon, demain (jeudi). On a déjà connu la même chose chez les hommes avec de beaux succès, de grosses saisons… Mais à chaque fois, tu repars sur de nouveaux objectifs, tu te lances dans une nouvelle saison etc. Comme un nouveau départ à zéro. On essaiera encore de faire un gros truc sur la prochaine étape, puis sur les suivantes. On se doute qu’il sera compliqué d’aller en chercher une deuxième mais on veut pouvoir rentrer à l’hôtel chaque soir sans regrets, en se disant que l’on a tout donné. Respecter le plan, tenter des choses, c’est le plus important. Ce n’est pas parce qu’on a dépassé nos objectifs d’avant-Tour qu’il faut se reposer sur nos lauriers maintenant. On va continuer d’essayer, encore.