Les Bleues terrassées par la maladie
Que s’est-il donc passé au sein de l’équipe de France féminine sur route ? Les Bleues ont-elles eu la malchance de consommer un aliment indigeste lors de leur petit-déjeuner ? Ce dimanche, pour la dernière épreuve du Championnat du Monde de Glasgow, une bonne partie de l’effectif tricolore a été terrassée par la maladie. Cédrine Kerbaol, qui pouvait prétendre à une nouvelle médaille dans la catégorie U23 - le titre Espoir se jouait au milieu de la course Élites -, était déjà repoussée très loin des meilleures dès l’entrée du circuit. La Bretonne était diminuée, comme Léa Curinier. “Je ne me sentais pas très bien ce matin. Tout ce que je mangeais ou buvais, je le rejetais. J’avais zéro sensation. Ça a été vraiment dur. Je n’arrivais pas du tout à m’alimenter donc c’était compliqué d’avancer dans ces conditions... J’ai tout de suite été honnête avec les filles sur mes sensations”, synthétise l’Ardéchoise pour DirectVelo.
Problème, et non des moindres : la plupart des autres filles étaient dans le même état, avec les mêmes symptômes. “J’ai été malade dès le départ. J’ai vomi sur le vélo, je n’arrivais pas à manger, les gels me dégoûtaient. C’est chiant…, peste Audrey Cordon-Ragot. J’ai réussi à me faire passer un spasfon depuis le bord de la route, mais ça n’a rien fait. J’ai encore vomi, je n’ai rien pu manger. Faire 160 bornes sans manger, ce n’est pas possible…”. Victoire Berteau, qui avait elle aussi connu un gros coût de mou au cœur du Mondial sur piste, a pour sa part été victime d’une lourde chute. Avec Aude Biannic, Clara Copponi et Léa Curinier repoussées loin à l’arrière, il n’est vite resté plus que deux cartes pour l’équipe de France : Audrey Cordon-Ragot - malgré ses pépins physiques - et Juliette Labous.
TERMINER PAR RESPECT POUR LE MAILLOT
Cette dernière a décidé de faire la course assez tôt, sans véritablement se douter qu’elle était en fait la seule chance de résultat des Bleues sur le circuit urbain de Glasgow. “Je suis sortie loin de l’arrivée. Chez les garçons, ça a marché donc on s’est dit que ça serait vraiment bien d’avoir une bonne carte à l’avant. J’étais avec des filles avec lesquelles j’ai l’habitude de courir : Ashleigh Moolman, Elise Chabbey, Lizzie Degnan… Ce sont des filles qui courent bien. Mais j’en ai peut-être un peu trop fait…”, relate celle qui avait réalisé un chrono très solide (5e) plus tôt dans la semaine. Audrey Cordon-Ragot précise l’aspect stratégique de la course : “il n’y avait pas de leader désignée. On voulait jouer collectif, ne pas louper une échappée. Quand on a eu Juliette devant avec une vraie bonne échappée, c’était parfait pour nous. Derrière, on a encore suivi les échappées en pensant qu’une allait partir. Mais en étant la dernière course du programme, tout le monde s’attendait à ça et c’était beaucoup plus cadenassé”.
À plus de 30 kilomètres de l’arrivée, les Françaises n’avaient déjà plus le moindre espoir de pouvoir ramener quoi que ce soit de ce Championnat. De quoi trouver le temps long. “Mentalement, c’était dur. Je n’avais qu’une envie, c’était que ça s’arrête... Je me suis dit qu'il fallait que je continue à me battre car on n’était que deux Françaises devant”, admet Juliette Labous. L’honneur et la fierté de porter le maillot ont poussé les dernières rescapées tricolores. “Je suis déçue, je m’attendais à de meilleures sensations. Je n’ai pas pu servir à grand-chose pour aider Juliette (Labous) ou Audrey (Cordon-Ragot) donc c’est frustrant. Mais je tenais à finir pour faire honneur au maillot. Abandonner avec le maillot de l’équipe de France, je n’aime pas trop ça”, assure Léa Curinier, qui a donc continué jusqu’au bout (voir classement). Comme la téméraire Audrey Cordon-Ragot, qui en a vu d’autres. “C’est un Championnat du Monde, on respecte le maillot et on va jusqu’au bout. À la fin, j’avais des étoiles dans les yeux, mais le respect du maillot, c’est important”.