Christelle Reille : « Un choix personnel »

Crédit photo Nicolas Gachet - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Gachet - DirectVelo

Christelle Reille était présente dimanche dernier aux côtés des Juniors Hommes du comité Auvergne-Rhône-Alpes qui disputaient le Tour du Carmausin Ségala, manche de la Coupe de France disputée dans le Tarn. Et elle n’a pas été déçue par la prestation du Champion de France Camille Charret et de ses coéquipiers (voir classement). “J’ai souvent dit que c’est dans le contact avec les athlètes, les clubs et les entraîneurs que je trouve ma motivation personnelle. Après l’annonce que j’ai faite à mon entourage qui n’était pas agréable pour certains mais qui n’a pas non plus été facile pour moi, j’avais envie de m’accrocher à cette équipe Juniors Hommes parce que je les connais, je les ai vu performer à de nombreuses reprises comme au Championnat de France à Altkirch et à la Classique des Alpes Juniors. Bientôt, ils seront Élite et je les verrai peut-être moins souvent, donc j’avais envie de profiter de ce magnifique collectif, de les voir en action”. L’annonce ? C’est son choix de ne pas se représenter à la tête du  comité Auvergne-Rhône-Alpes FFC qu’elle dirige depuis 2017, après huit ans en tant que vice-Présidente. Christelle Reille explique sa décision à DirectVelo.

DirectVelo : Tu as choisi de ne pas te représenter à la tête du comité Auvergne-Rhône-Alpes FFC pour un troisième mandat de Présidente, pourquoi cette décision ?
Christelle Reille : J’ai effectivement annoncé aux salariés et aux cadres techniques du comité régional, puis au conseil d’administration que je ne serai pas candidate à un troisième mandat lors des élections qui se dérouleront le 11 janvier 2025 à Roanne (Loire). C’est l’issue d’une réflexion que j’ai menée entre la fin de l’hiver jusque début juin et qui a pour unique explication ma situation personnelle, et plus précisément liée  à ma capacité à m’investir davantage dans des projets personnels et professionnels.

Comment ont réagi les gens après ton annonce ?
Aussi bien dans mon entourage que dans l’équipe du comité régional, y compris les salariés et les cadres, tout le monde savait que j’étais en réflexion. Je ne pense pas que tout le monde ait été surpris. Quelques-uns, côté salariés et présidents de clubs, ont tenté de me dissuader, mais rapidement chacun a respecté ma décision comme un recentrage personnel, ce dont je suis reconnaissante. Globalement, peu de personnes ont partagé avec moi leurs commentaires, ce qui est bon signe, car il faut accepter de ne pas avoir un président à vie…

Ton activité professionnelle est liée au cyclisme, en qualité de consultante pour les activités de cyclo-cross de l’UCI. Tu organises la Classiques des Alpes Juniors, tu es un pilier des autres courses du COTNI. Est-ce que tu vas continuer tout cela ?
Mon attachement à la région est sincère même si certains n’y ont jamais cru. Organiser des épreuves est mon ADN, ça a beaucoup guidé mes choix professionnels pour l’UCI mais aussi associatifs. Le COTNI qui organise trois épreuves, l’Alpes Isère Tour, la Classique des Alpes Juniors et l’Alpes Grésivaudan Classic ainsi que les Championnats de France de l’Avenir 2025 et les Championnats de France Élite et Professionnels 2026, ça reste mon club et on ne laisse pas tomber son club comme ça !

UN COMITÉ « EN BONNE SANTÉ »

Quel bilan vas-tu tirer de tes huit années à la tête du comité ?
J’en suis très satisfaite à titre personnel. Si j’avais à refaire les choses, je me présenterais aussi bien pour le premier mandat en 2017 que pour le deuxième mandat en 2021. Dirigeant d’un comité régional est une fonction où on a souvent des très hauts et parfois des très bas. Globalement, je pense qu’on a fait du comité Auvergne-Rhône-Alpes à 80 % ce que j’avais envie d’en faire. Il est en bonne santé, c’est aussi un des éléments de ma décision de me retirer, parce que c’est quand même plus facile d’accompagner une nouvelle équipe pour la reprise d’une association en bonne santé plutôt qu’en difficulté.

Quels sont les 20% que tu n’as pas réalisés ?
Plein de choses au comité fonctionneraient mieux si notre situation financière était plus confortable. Nos ressources sont instables car trop dépendantes, premièrement de subventions qui varient beaucoup et deuxièmement d’un modèle percepteur qu’on reproche souvent à la FFC. Par exemple, à chaque fois qu’on participe à une épreuve FFC, il y a un droit d’engagement dont une partie revient au comité régional et une à la Fédération. Cette partie pour le comité régional est très mal vécue par les clubs qui préféreraient et mériteraient de garder l’ensemble du droit d’engagement, mais il y a d’autres types de remontées de fonds vers le comité régional et la Fédération. Je préférerais recevoir les ressources dont nous avons besoin des collectivités ou des sponsors, plutôt que des clubs. Néanmoins, on a démontré à plusieurs reprises avec notre trésorier Daniel Girard que sans ces remontées, on ne saurait pas d’abord assurer le fonctionnement quotidien du siège avec des salariés, des taxes, des charges générales…. Mais également on ne saurait même pas réaliser le programme sportif et de développement du cyclisme qui est notre métier.

Est-ce simple de gérer un comité qui va d’Aurillac à Évian-les-Bains ?
Non. J’ai grandi dans un tout petit comité régional à trois départements qui s’appelait la Picardie où tous les clubs se connaissaient. Ce n’est pas du tout le cas à l’heure actuelle dans ma région. Je ne connais pas les 320 présidents de clubs en Auvergne-Rhône-Alpes. C’est un regret, on peut me le reprocher, mais qui arriverait à les connaître et à avoir assez du temps pour chacun d’entre eux sur une année de 365 jours ? L’association est un peu déshumanisée. Pour autant, on reste à l’écoute. Quand un club nous sollicite, on essaie dans la mesure de nos moyens de répondre à ses questions qui sont, comme je l’avais signalé lors de la dernière assemblée générale, de plus en plus des conflits intra clubs.

« UN RYTHME D'AUGMENTATION IMPORTANT »

Parmi les bonnes nouvelles, vous avez augmenté le nombre de licenciés chaque année, pour aujourd’hui dépasser les 18 000...
C’est notre fierté. Depuis la fin du Covid, on a un rythme d’augmentation important, de l’ordre de 3 à 5% par an, avec comme particularité que dès 2021, on avait plus de licenciés qu’avant le Covid. On finira certainement l’année avec 500-600 licenciés de plus qu’en 2023, ce qui est un rythme tout à fait convenable.

Comment l’expliquer ?
Les explications sont multiples. On a un territoire et un maillage de clubs qui sont traditionnellement orientés vers les jeunes. Ils savent et veulent accueillir des nouveaux adhérents, majoritairement des jeunes. Le comité les accompagne pour cela, notamment avec la formation des éducateurs fédéraux. C’est entre 180 et 350 nouveaux éducateurs qui sont diplômés par an, pour les trois disciplines majeures. La route est en progression dans la région, le BMX et le VTT progressent mais ne masquent pas une baisse du cyclisme traditionnel cette année. Par ailleurs, au niveau de l’équipe d’élus et des salariés, on a une bonne assistance apportée aux licenciés et aux clubs. Une licence est validée en  quelques heures, 48-72 heures au maximum, et quand une licence reste bloquée informatiquement car le club ou le licencié oublie de terminer les démarches, le comité contacte rapidement la personne pour l’aider à finaliser. Le troisième phénomène, c’est la féminisation qui progresse régulièrement chaque année, +7% pour 2024.

Tu es optimiste pour l’avenir du comité ?
Oui car le comité n’a jamais été aussi fort dans la plupart des domaines. En plus de la barre des 18 000 licenciés, on a des clubs qui se renforcent et se transforment, notamment en faveur des jeunes, des femmes et de nouveaux publics. Le comité a une équipe de salariés et de cadres qui fonctionnent excellemment, en qui j’ai entièrement confiance, qui est solide et solidaire. Ils font un excellent boulot, c’est relevé par les clubs au quotidien. Côté élus, on va vers une multitransition. Il y a d’autres élus du conseil d’administration actuel qui ont annoncé qu’ils ne souhaitaient pas forcément continuer leur mission. De mon côté, l’objectif en annonçant ma position six mois avant les élections est de mettre en réflexion pendant l’été et de pouvoir échanger avec ceux qui sont intéressés par la gestion du comité. S’il y a bien un comité régional qui peut s’en sortir, même si la présidente dit qu’elle ne passera pas toute sa vie à sa tête, c’est bien le nôtre.

Depuis plusieurs années, on entend parfois dire que tu pourrais être candidate à la présidence de la FFC, est-ce le cas ?
Je n’ai jamais affiché cette volonté. Je souhaite de tout cœur que Michel Callot poursuive son mandat parce qu’il a entamé des projets structurants et qui méritent vraiment une continuité d’action. Je suis sûre qu’il est motivé pour ça, mais il le dira lui-même. Je n’ai pas du tout ses qualités notamment en matière de diplomatie, ou d’écoute d’interlocuteurs avec une vision limitée à leur expérience individuelle ou leur intérêt personnel. La politique, c’est une vraie allergie que j’ai développée au bout de huit ans à la tête d’Auvergne-Rhône-Alpes !

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