Melvin Rullière : « Voir autre chose »

Crédit photo Christian Cosserat - DirectVelo

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En poste depuis deux ans et demi, Melvin Rullière a choisi de quitter le CC Étupes à l’issue de la saison. Passé après Jérôme Gannat et Boris Zimine, il a su imposer sa patte et a aidé plusieurs coureurs à progresser, comme Dillon Corkery, Bjoern Koerdt, Edvin Lovidius ou encore Henri-François Haquin. Mais l’ancien spécialiste de cyclo-cross a désormais envie de voir autre chose alors que les N1 ont de plus en plus de mal à attirer les jeunes talents en raison de la concurrence des équipes Conti de développement. Pour DirectVelo, Melvin Rullière explique son choix.

DirectVelo : Pourquoi as-tu choisi de quitter le CC Étupes à l’issue de la saison ?
Melvin Rullière : Je sens que j’ai un besoin personnel de voir autre chose, de me lancer un nouveau défi. J’aurai effectué un cycle de trois ans au CC Étupes, où j’ai pu faire une équipe qui me ressemblait, où j’ai mis des choses en place. Il y a quelques résultats qui montrent que le club est sur la bonne voie.

C’était le moment de partir ?
Ce n’est pas un secret de dire que les principaux jeunes talents ne vont plus vers les N1. Les Conti de développement actuelles sont les N1 d’il y a quelques années, de quand j’étais coureur et qu’il y avait en N1 Thibaut Pinot et Benoît Cosnefroy. J’ai montré aux coureurs les résultats du Tour de Moselle 2013. Il y avait au départ Alaphilippe, Campenaerts, Sütterlin, Benoot… Et ce n’est que le Tour de Moselle. Je prends cet exemple car on l’a gagné l’an passé, donc quand tu t’imposes maintenant sur ces courses, il faut rester les pieds sur terre. Le niveau n’est plus tout à fait le même qu’avant. Ça fait six ans que je fais DS, j’ai eu le temps de me “former”, de savoir ce que j’aimais.

Qu’est-ce que tu aimes ?
La formation, en axant sur le haut niveau, aider les jeunes à progresser. J’aimerais rester là-dedans. En N1, ça prend beaucoup de temps et d'énergie de trouver des coureurs qui peuvent viser plus haut. Il y a 1 ou 2% de coureurs qui correspondent à ce critère. C’est très difficile d’attirer les jeunes bons coureurs, on n’a pas d’arguments face aux Contis de développement, alors on est content d’avoir Bjoern (Koerdt), Edvin (Lovidius) ou (Henri-François) Haquin.

« ME CRÉER DES OPPORTUNITÉS »

Au CC Étupes, tu passais après Jérôme Gannat et Boris Zimine…
La barre est haute quand tu arrives après Jérôme et Boris. Comme me dit Boris, personne n’est irremplaçable. Il y aura derrière moi quelqu’un pour réussir à maintenir à flot le CC Étupes. J’étais dans la continuité de Jérôme et de Boris, avec la formation des jeunes en priorité et une présence sur des courses internationales comme Liège Espoirs ou l’Isard. Aller gagner à Pelousey, ce n’était pas notre intérêt premier. On a gagné sur une étape de l’Isard cette année (avec Edvin Lovidius, NDLR), ça montre qu’on est encore compétitif alors que le vivier est petit en France avec les Contis de développement.

Que penses-tu avoir apporté au CC Étupes ?
J’ai apporté ma façon de faire, il y a deux ans j’ai pris une direction. C’est très compliqué de trouver des jeunes talentueux alors j’ai ouvert la brèche avec plusieurs étrangers dans l’effectif. Cette année, ils sont cinq sur quatorze. C’est beaucoup mais ce schéma permet d’exister. Ça ne correspond pas forcément aux attentes d’un club car avec autant d’étrangers, tu es moins efficace au Championnat régional et au Championnat de France. Mais c’était la seule option pour continuer d’envoyer des mecs chez les professionnels.

Où seras-tu l’an prochain ?
Ma volonté première, c’est de trouver une équipe au-dessus, idéalement une Conti de développement. Je suis quelqu’un d’hyper dynamique, qui aime entreprendre, j’ai un peu perdu ça et je veux vraiment le retrouver. J’ai 35 ans, je vis à travers des projets. Si je n’arrive pas à trouver quelque chose d’existant, pourquoi pas avoir ma propre équipe. Il y a actuellement beaucoup de gens qui veulent monter une équipe mais je vis dans une région où il n'y a pas grand-chose de ce côté-là. Sinon, je pense aussi à lancer une grosse organisation. J’avais découvert ça avec le VC Toucy et la course Puisaye-Forterre, ça me plaisait bien. Je me laisse ouvert à plein de possibilités, je veux me créer des opportunités, et être celui qui continue d’avancer et qui est mort-de-faim. 

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