Hat-trick des Néerlandaises, l'énième confirmation d'une évidence

Crédit photo UEC

Crédit photo UEC

Dimanche midi, sous un soleil timide, débout au milieu du podium, une Néerlandaise reçoit une médaille d’or et un maillot de Championne d’Europe. Ce spectacle, le public amassé sur la Dusartplein à Hasselt l’a déjà vu… et revu. Avant Puck Langenbarg, sacrée chez les Juniors, deux autres Oranje ont été sacrées pendant le week-end : Sofie van Rooijen en Espoirs et Lorena Wiebes chez les Élites. Autrement dit, les Néerlandaises ont tout raflé lors des courses sur route féminines.

“On a regardé les autres courses avant. On a profité de la victoire des autres, on était là le soir pour partager un verre de champagne. Évidemment, nous les jeunes, on ne buvait pas, on devait encore courir. On voulait naturellement maintenir la dynamique”, raconte Puck Langenbarg à DirectVelo. La solide néerlandaise a donc fait aussi bien que ses aînées en remportant, comme les autres, un sprint après une course sans grands mouvements. Ces Championnats d’Europe mettent (encore) en lumière la suprématie des Pays-Bas sur le cyclisme mondial féminin. Au classement UCI, les Bataves possèdent trois coureurs dans les six meilleures au monde, et trois autres dans les 18 meilleures. Dans les autres disciplines, Fem van Empel et Puck Pieterse se sont accaparé les titres mondiaux en cyclo-cross et VTT cross-country.

DAVANTAGE DE LICENCIÉES

“J’applaudis leur travail et leurs résultats”, commente Lucas Schädlich, coach des Juniors allemandes. “De mon côté, je suis très fier évidemment de ce qu’on réalise et de notre deuxième place aujourd’hui. Aux Pays-Bas, il y a davantage de licenciées que chez nous. Nous n’avons pas la moitié de leur contingent, et beaucoup moins que d’autres nations comme la Grande-Bretagne ou l’Italie. C’est évidemment notre principal problème, pourtant nous investissons autant que les Néerlandais dans ces catégories, assure le technicien. Ils ont davantage de structures et d’épreuves et donc un temps d’avance. Nous connaissons le contexte, mais nous continuons à travailler sans frustration”. 

Travailler pour augmenter en densité, c’est également une priorité en France. Comment la commune de Ruurlo, dans l’est des Pays-Bas, peut-elle avoir deux professionnels hommes, Pepijn Reinderink de Soudal Quick-Step et Gijs Leemreize du Team dsm-firmenich PostNL, et maintenant une Championne d’Europe parmi ses 8000 habitants ? “Chez eux, la pratique féminine est plus développée qu’ailleurs. On sent que c’est le cas en Italie également. On y ressent la force de leur réservoir. À partir de là, il est plus simple de pouvoir faire émerger des talents. Mais, en France, on est sur la bonne voie. On sait que les structures de formation dans nos régions peuvent maintenant accueillir dans de bonnes conditions des jeunes filles”, analyse Emilian Broë. Le sélectionneur des Bleues croit en son modèle. “Il porte ses fruits comme on l’a vu au Tour de l’Avenir”.

UN TERRAIN À PLAT PLUS PROPICE ?

L’aspect géographique joue aussi, selon lui. “Les Pays-Bas sont moins vastes que la France. C’est un peu plus difficile pour nous d’organiser un rassemblement avec les filles. Mais où il y a une vraie différence entre nos situations, c’est sur l'accessibilité à un programme de courses qui est plus compliquée chez nous. Alors que là-bas, elles ont beaucoup d’épreuves où les meilleurs peuvent se confronter près de leur domicile”.   

Des courses cadenassées par l’absence de grosses difficultés, c’est le scénario de chacune des épreuves féminines en ligne de ces Championnats d’Europe. Emilian Broë y voit une autre réponse aux résultats néerlandais. “Nos filles n’ont rien eu à envier aux Néerlandaises en Coupe des Nations. Je donne rendez-vous dans quelques jours sur un parcours des Mondiaux plus exigeant”, lâche-t-il avec hâte et excitation alors que l’Ardéchoise Célia Gery sera l’une des grandes favorites au maillot arc-en-ciel. Les terrains plats conviendraient-ils mieux aux Pays-Bas qu’à la France ? À la Fédération Française de Cyclisme, nous avons en tout cas identifié une carence sur les terrains plats, que ce soit en chrono et en courses sur route. Le plus souvent, nos exercices d'intensité sont réalisés en bosse. Dès lors, sur le plat, on a du mal à développer les mêmes puissances qu’en montée. On fait passer le message à nos clubs et à nos entraîneurs”. À la fin du mois, nous saurons si les pentes qui bordent le lac de Zurich souriront aussi à toutes ces Néerlandaises qui grandissent au niveau de la mer.


Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Puck LANGENBARG