Ange Roussel - Isard : « Le niveau est homogène »
Alors que la Ronde de l'Isard touche à sa conclusion ce dimanche avec son étape reine, Ange Roussel livre ses impressions à www.directvelo.com. L'ancien Conseiller technique régional de Bretagne et entraîneur de l'Equipe de France Juniors, est tout à la fois un observateur indépendant sur la course et un proche des frères Le Lavandier, actuellement en embuscade au classement général.
DirectVélo : Avec cinq coureurs placés en moins de 30 secondes, la Ronde de l'Isard n'a jamais été aussi indécise ces dernières années. Comment expliquez-vous ces positions très rapprochées ?
Angel Roussel : Le niveau est homogène. Hier, dans le Port de Lers et l'ascension vers Goulier-Neige, on a vu une vingtaine de coureurs rester ensemble sans parvenir à se départager. Le rythme est demeuré régulier jusqu'à ce que les Colombiens attaquent, à trois kilomètres de l'arrivée. Il y avait certes du vent de face, ce qui pouvait freiner les envies de passer à l'offensive. Mais on peut aussi se dire que le niveau est très élevé parmi les principaux protagonistes. Ils sont facilement neuf à pouvoir encore remporter l'épreuve (le neuvième, Romain Guyot, du Vendée U, est pointé à 55 secondes du leader, Juan Ernesto Chamorro, NDLR).
« Le Chambéry CF possède un large éventail d'options »
Les Colombiens semblent dominer les débats. Pourtant, ils n'ont pas creusé de gros écarts hier. Selon vous, pourquoi ?
On dirait qu'ils ont couru principalement pour remporter l'étape. Mais il ne faut pas se faire de souci pour eux. Avec la montagne, ils sont dans leur domaine ! Leurs chances de gagner restent très importantes. Disons 75 pour la Colombie et 50 pour Chambéry.
Les coureurs de Chambéry CF ont impressionné les Colombiens et les coureurs des Etats-Unis. Comment l'équipe peut-elle renverser la tendance sur la dernière étape ?
La tactique sera mise au point par leur directeur sportif. Mais il est clair qu'avec quatre cartes à jouer, l'équipe possède un large éventail d'options. Les frères Le Lavandier, qui sont 3e et 4e au classement général, vont sans doute courir le plus longtemps possible avec le maillot jaune. Mais Clément Chevrier, qui a accompli une très belle étape hier avec son échappée dans le Port de Lers et dans Goulier-Neige, pourrait anticiper un peu. Et si Pierre-Roger Latour part dans un groupe derrière lequel les Colombiens ne veulent pas ou ne peuvent pas rouler, on peut imaginer cette échappée prendre trois minutes d'avance. Dans ce cas, c'est gagné... Il ne faudra pas partir trop tôt dans l'étape, car les vallées sont usantes entre les cols (enchaînement Port de Lers et Col d'Agnes, Col de Latrape et Col de la Core, NDLR). Mais je suis sûr que les favoris vont secouer le cocotier aujourd'hui !
« Si le maillot jaune commet une erreur, il peut facilement tout perdre »
Concrètement, quelle faille doivent-ils exploiter pour déstabiliser les Colombiens ?
Une équipe peut essayer de faire attaquer ses coureurs à tour de rôle ou bien attendre le dernier moment si elle se sent supérieure, et envoyer son meilleur coureur dans une attaque qui décrocherait les Colombiens. Peuvent-ils perdre à la pédale dans un col ? C'est évidemment difficile. En revanche, il y a peut-être quelque chose à essayer du côté des descentes. On a constaté hier que ce n'est pas le point fort des Colombiens... Il y a trente kilomètres de descente aujourd'hui entre le sommet du Col de La Core et l'arrivée à Saint-Girons. Si le maillot jaune commet une erreur, il peut facilement tout perdre.
Les frères Le Lavandier, dont vous avez été l'entraîneur, peuvent-ils mettre en place une tactique commune ?
Ils ont beaucoup de qualités et je pense même qu'ils peuvent compter parmi les grimpeurs français si on leur laisse encore du temps. Sur le plan tactique, en revanche, ils doivent encore progresser un peu. Mais cette Ronde de l'Isard est une bonne occasion de se découvrir. Maxime est actuellement un peu mieux que Mathieu, mais justement, Mathieu peut attaquer et obliger les Colombiens à produire un effort. De toute façon, les jumeaux font toujours tout ensemble ! Ils ont la même VO2max, la même puissance, les mêmes battements de cœur, la même taille de cadre, le même poids... On les retrouve toujours placés ensemble en course, dans les plus mauvais coups et, comme ici sur la Ronde de l'Isard, dans les meilleurs !
Crédit Photo : Pierre Carrey - www.directvelo.com