Sojasun espoir-ACNC : « Un jour, ça paye ! »

Le maillot de Champion de France décroché samedi par Cédric Delaplace vient récompenser le projet de de Sojasun espoir-ACNC, centre de formation depuis 1998 et réserve de l'équipe professionnelle Sojasun depuis 2009. Le Président du club, Alain Heulot, revient pour www.directvelo.com sur le titre inattendu de son coureur par-delà les chemins de terre de Lannilis, en Bretagne.
 
DirectVelo : Quelle différence faites-vous entre le titre national acquis par Stéphane Heulot en 1996 chez les pros et celui de Cédric Delaplace chez les amateurs cette année ?
Alain Heulot : Je mets ces deux émotions sur le même plan. D'un côté, il y a la victoire de Stéphane, qui est mon fils. De l'autre il y a le succès d'un coureur de 21 ans, l'un de ces jeunes auxquels je crois et qui me donnent encore envie de m'investir dans le cyclisme.

« Le titre donne du sens à notre projet de formation et le crédibilise »

Il existe des photos assez bouleversantes prises après l'arrivée de Lannilis entre votre fils et vous-même. C'est un signe que votre structure reste très familiale ?
Oui. Cette émotion partagée, c'est le secret qui nous unit. C'est aussi une libération, parce que nous savons le travail que nous faisons l'un et l'autre, Stéphane plutôt avec les pros de Sojasun et moi plutôt avec les amateurs de Sojasun espoirs-ACNC. Le titre de Cédric donne du sens à notre projet de formation et le crédibilise. L'équipe professionnelle est le prolongement de notre centre de formation et nous voyons les deux entités comme faisant partie d'un tout : nous avons des réunions en commun chaque mardi, et sur les Championnats de France, nous avions logé tous nos coureurs dans le même hôtel. Les pros sont restés avec nous au début du dîner samedi. Ils n'ont pas trop profité du champagne parce qu'ils couraient le lendemain, mais au moins ils étaient là. En effet, notre projet est animé par un état d'esprit familial. Le titre de Champion de France vient comme une récompense. Diriger cette structure, ce n'est pas rigolo tous les jours. Mais d'autres que nous travaillent dur au quotidien pour essayer d'arriver à ce genre de résultat.

Les frères Delaplace : voilà une autre histoire de famille qui vit à travers votre club...
Après Anthony, qui est passé par la DN1 et a rejoint les rangs professionnels, Cédric s'est engagé chez Sojasun espoirs-ACNC. Les deux frères sont des gens droits, honnêtes, respectueux et bosseurs, comme le vélo en a besoin. Je ne sais pas ce que Cédric fera cet été, s'il sera stagiaire ou non avec les pros de Sojasun, mais je sais qu'il gardera les deux pieds sur terre. Samedi soir, les organisateurs de critériums lui faisaient des propositions pour cet été, mais il ne peut pas donner satisfaction à tout le monde, sans quoi les grandes courses sont terminées pour lui.

« Etre équipier correspond à un apprentissage »

Cédric Delaplace ne faisait pas vraiment partie des favoris sur ces Championnats. Vous a-t-il surpris ?
L'équipe avait placé ses deux meilleures chances dans Julien Guay, qui avait remporté le Tour Nivernais-Morvan, et dans Maxime Renault, qui a remporté gagné une étape sur la même épreuve et bien marché sur le Tour de Franche-Comté. Mais la course en a décidé autrement. Julien devait se réserver pour le final et, tout compte fait, il a trop attendu. Pour Maxime, c'est le contraire : il s'était glissé dans une échappée assez tôt et il en aurait tiré profit si la course s'était déroulée comme celle des pros dimanche. Alors, Cédric s'impose. Il n'était pas le plus grand favori mais il gagne à la pédale et de très belle manière.

Est-ce un message que vous souhaitez faire passer à vos coureurs : tout le monde peut avoir sa chance, même un coéquipier ?
Oui. Cédric a passé deux saisons difficiles. Il a d'abord été accidenté sur le Tour d'Auvergne en 2011, se brisant la rotule et s'abîmant un rein. Puis il a dû se faire opérer d'une anomalie cardiaque un an plus tard. Sur le vélo, il a souvent roulé pour les autres comme sur le Tour Nivernais-Morvan, quand il s'est mis au service de Julien Guay. Mais il existe une règle sacrée dans le cyclisme : il faut savoir donner pour recevoir. Etre équipier correspond à un apprentissage : on acquiert des watts et de l'expérience. Impossible d'être leader du jour au lendemain. Mais un jour, ça paye...

Crédit Photo : Léa Guesdon
 

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