Benoît Drujon : « Un soulagement de m'imposer »
Benoît Drujon (VC Toucy) s'est offert, dimanche, un deuxième Dijon-Auxonne-Dijon en réglant au sprint le peloton. Il s'impose ainsi pour la première fois de la saison. Le sprinter, âgé de 28 ans, confie sa joie à www.directvelo.com. L'ancien professionnel de BigMat-Auber 93 en profite pour évoquer ses ambitions futures.
DirectVélo : Aviez-vous misé sur une arrivée massive sur Dijon-Auxonne-Dijon ?
Benoît Drujon : Nous avons constaté que l'épreuve se terminait plus d'une fois sur deux au sprint ou alors un gros groupe d'échappés allait au bout. Je m'étais imposé au sprint massif en 2009. En 2010, je termine 2e derrière Olivier Grammaire au sein d'une échappée. J'étais donc protégé même si mon frère (Mathieu) ou Benjamin Pascual vont eux aussi assez vite. Nous avions Benoît Geoffroy dans l'échappée de seize coureurs. Nous avons décidé de rouler. D'autres équipes sont venues nous aider, comme Martigues SC, le CR4C Roanne puis Chambéry CF. Nous revenons à une vingtaine de kilomètres de l'arrivée sur une partie du groupe. Six étaient ressortis. Melvin Rullière (SCO Dijon) et François Lamiraud (Pro Immo Nicolas Roux) ont été les derniers repris. J'étais persuadé qu'il y avait encore des gars à l'avant. La voiture ouvreuse était très loin devant nous. J'ai dit à mes coéquipiers de continuer de rouler. J'ai même demandé ce qu'il en était à des coureurs d'autres équipes. J'ai compris que ce n'était pas le cas quand Alliaume Leblond (SCO Dijon) a attaqué. J'ai eu un peu peur car ça commençait à faire rideau derrière. Il fallait relancer... Heureusement, nous avons réussi à revenir.
Comment s'est passé ton dernier kilomètre ?
A 700 mètres de la ligne, je me suis retrouvé en 10-12e position. J'ai fait un effort pour me replacer. Je suis remonté en 6e position mais j'étais à côté de la file. Heureusement, comme en 2009, le sprint a été lancé de loin. Je me suis donc mis dans les roues. J'ai vraiment démarré à 200 mètres de la ligne. On a toujours l'impression que les autres remontent mais ça n'a pas été le cas.
Quel est ton sentiment après ce premier succès en 2014 ?
Ça me fait super plaisir d'autant plus que l'équipe a roulé pour moi toute la journée. Ceux qui ont été lâchés n'étaient pas au courant du résultat. Ils étaient très contents d'apprendre ma victoire. Je trouve ça génial. Que demander de plus ? Je savais que j'avais toujours ma pointe de vitesse. Mais tant que tu n'as pas gagné... J'avais terminé depuis le début de saison à deux reprises 3e, une fois 2e derrière Anthony Maldonado (AVC Aix-en-Provence) au Circuit des 4 Cantons. C'est un soulagement de m'imposer.
« CA VA ETRE DIFFICILE DE REPASSER PRO »
Quels sont tes objectifs cette année ?
J'ai envie de m'exprimer sur les épreuves du calendrier Elite Nationale. J'aimerais aussi être là sur le Championnat de France Amateur. Je crois que ça ne sera pas un circuit hyper facile, pourquoi pas m'échapper ? Puis il y a bien sûr la Coupe de France, qui débute ce dimanche pour les DN2. Je suis aussi là pour « diriger » les jeunes, leur transmettre mon expérience. Nous avons des jeunes avec du talent. J'ai toujours plus ou moins eu ce rôle-là. Je le tenais avec Renaud Pioline au CM Auber 93-BigMat. Cette année, c'est avec mon frère. J'aime cela. Je préfère un jeune qui vient me demander un conseil plutôt qu'un gars qui ne parlera pas, et qui derrière ira faire n'importe quoi. (sourires)
Tu espères repasser professionnel ?
Si j'ai une proposition, je ne dirais pas non. Mais je vais avoir 29 ans en juin. Ça va être difficile.
Comment as-tu vécu le fait de ne pas être conservé par BigMat-Auber 93 ?
J'ai été déçu. C'est peut-être normal quand on est sprinter, mais j'avais quand même beaucoup de places. J'ai eu de la réussite quand j'ai obtenu mes meilleurs résultats car ce n'est pas facile en continentale. Tu peux compter sur un ou deux coureurs pour t'aider. Face à toi, tu as les équipes WorldTour avec cinq ou six gars. Tu dois déjà faire cinq sprints pour garder ta place. Tu es à fond au moment où les autres lancent leur sprint. On a vu sur le dernier Paris-Nice que Bryan Coquard avait du mal à rentrer dans le Top 10. Et pourtant, il a déjà battu Marcel Kittel... Je comprends que ce n'est pas simple pour une continentale. L'effectif est réduit, donc il faut un peu tout, des sprinters, des grimpeurs, des baroudeurs, des gars qui montrent le maillot. Moi je suis un gagneur.
Crédit Photo : Bruno Arnoux - www.bruno-arnoux.com