Simon Buttner : « Une aventure enrichissante »
A 21 ans, Simon Buttner n’est pas vraiment un néo-pro comme les autres. Il n’a jamais brillé sur une manche de Coupe de France, ou porté le maillot de l’Equipe de France dans les catégories de jeunes. Pourtant, l'ancien membre de Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme est parvenu à séduire une équipe professionnelle… taïwanaise : RTS-Santic. Une formation avec laquelle il a pu faire ses débuts au plus haut niveau sur le Tour de Dubaï, aux côtés de quelques-uns des meilleurs coureurs au monde. Pour www.directvelo.com, Simon Buttner parle de son aventure.
« Je n’ai couru qu’une seule saison en 1ère catégorie. Je n’ai disputé que peu de courses de haut niveau chez les amateurs en France. Alors pour moi, passer professionnel était assez inespéré. Surtout dès 2014 ! En fait, Sébastien Jullien (également membre de Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme, NDLR) a pas mal de relations en Asie. Il a souvent couru là-bas. Alors l’hiver dernier, nous sommes partis deux mois là-bas, disputer des épreuves exotiques de fin de saison. Pour être honnête, j’ai eu du mal à sortir du lot lors des différentes courses auxquelles j’ai participé, jusqu’à une toute dernière épreuve où j’ai été à l’avant toute la semaine, notamment en étant deuxième du général une borne partie de la course. J’ai pour ainsi dire tapé dans l’œil de cette équipe taïwanaise. Ils pensaient que j’avais déjà un contrat pour 2014. Quand ils ont réalisé que j’allais toujours être amateur en France, ils m’ont proposé de signer avec eux.
« JE SAVAIS A QUOI M'ATTENDRE »
Tout cela s’est fait très vite. J’avais adoré mes deux mois passés en Asie et je n’ai pas hésité longtemps avant de signer. Je savais à quoi m’attendre puisque j’avais notamment entendu parler des délicatesses de certains coureurs. Je connaissais les risques mais je voulais vraiment tenter l’expérience. J’adore la manière de courir ici. L’organisation des courses est vraiment top, c’est très pro. Les courses sont belles et toutes les conditions sont réunies pour prendre son pied. Et puis, c’est aussi l’occasion de voyager et de découvrir plein de pays que je n’aurais pas forcément la chance de visiter sans le cyclisme. Pour l’instant, tout se passe pour le mieux même si je n’ai disputé que le Tour de Dubaï. Je m’entraîne actuellement en France, avant de partir pour le Tour de Corée ou le Tour d’Iran courant juin. Mon programme est décalé en comparaison avec ceux qui passent l’année eu Europe. Ma saison ne va vraiment débutée qu’en juin mais ensuite, les courses vont s’enchaîner durant l’été et je pourrais courir jusqu’à début décembre.
« APPRENDRE QUE JE PASSAIS PRO EN A SURPRIS PLUS D'UN »
D’un point de vue purement sportif, j’ai bien conscience de ne pas avoir encore prouvé grand-chose. Je n’ai disputé qu’une seule manche de Coupe de France DN2, trois semaines avant de partir en Chine (36e du Prix d’Automne-La Rochefoucauld, NDLR). A l’heure actuelle, je ne prétends pas avoir le niveau pour courir dans une équipe continentale française. Il n’y a qu’à prendre l’exemple de mon ancien équipier Frédéric Brun. Il a gagné plein de belles courses l’an passé pour passer pro, je pense entre autres à Annemasse-Bellegarde. Moi, je n’ai jamais rien gagné en 1ère catégorie. Alors forcément, apprendre que je passais pro en a surpris plus d’un. Je me sens prêt à découvrir de nouvelles choses, à tenter l’expérience et c’est bien là l’essentiel. Pour l’instant, ça me fait bizarre de ne pas courir alors qu’à Bourg-en-Bresse, j’étais habitué à enfiler un dossard tous les week-ends ou presque. J’essaie de rester concentré à l’entraînement. Je suis très motivé à l’idée de reprendre bientôt en Asie.
« JE ME LAISSE CETTE SAISON POUR VOIR DE QUOI JE SUIS CAPABLE »
Le niveau dans l’équipe n’est pas très homogène. Le russe (Boris Shpilevsky, NDLR) est le seul à pouvoir gagner des classes 1 à la pédale. Derrière, il y a quelques Coréens qui ont un gros niveau. Après, les autres - je pense notamment aux Taïwanais - sont surtout là pour progresser et se former pour les années à venir mais ils n’ont pas le niveau pour courir en Europe. Moi, je me sens à ma place dans cette équipe. Je suis bien en dessous du Russe, c’est certain. Mais je suis également loin d’être à la rue dans l’équipe. Je serai parfois équipier, et parfois coureur protégé, ce qui me convient parfaitement. Je ne me prends pas la tête pour l’instant. Je me laisse cette saison pour voir ce dont je suis capable. J’ai dû mal à évoluer mon potentiel. Je ne prétends pas pouvoir courir dans une équipe professionnelle française actuellement. Maintenant, j’aimerais revenir en France à terme. Mais sans doute pas dès l’année prochaine. Je pense que l’Asia Tour est une bonne solution pour faire ses preuves. J’aurai des occasions de me comparer à des équipes européennes comme cela a été le cas à Dubaï. Je pense aussi à certaines courses chinoises où il y aura entre autres les coureurs de La Pomme Marseille 13. Ce sera une bonne occasion de me comparer à eux. Quoi qu’il m’arrive dans les mois à venir, cela aura déjà été une aventure enrichissante, et je sais que je m’apprête à découvrir encore de belles choses. »
Crédit Photo : DR
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