Pourcentage inédit sur la Ronde de l'Isard

Du 22% sur l'arrivée au sommet de vendredi, deuxième étape de la Ronde de l'Isard ? Le logiciel Strava est formel : la pente vers l'Hospice de France, au-dessus de Bagnères-de-Luchon, se cabre aussi fort que le célèbre virage à la corde dans le final de la Flèche Wallonne. Admettons que le supplice dure quelques mètres ou décimètres tout juste. Cette ascension inédite au parcours de l'épreuve déroulera quand même une moyenne à plus de 12% dans les cinq derniers kilomètres.
 
D'habitude, jamais la course de référence pour les moins de 23 ans ne flirte avec pareils pourcentages. Il faut dire que les montées les plus connues d'Ariège sont plus sages : Port de Lhers, Col d'Agnes, Plateau de Beille, Guzet-Neige, Goulier-Neige... Cet Hospice de France, qui culmine en Haute-Garonne tout près de Superbagnères, ressemble plutôt aux ascensions sèches et meurtrières du Pays-Basque, à l'autre bout du chaînon pyrénéen. "On dirait un peu la fin du Marie-Blanque par Escot", décrit Karl Baudron, du GSC Blagnac-Vélo Sport 31.
 
"J'ai reconnu la montée en voiture et je l'ai filmée. Un sacré chantier !", annonce  Maxime Le Lavandier, deuxième de la Ronde de l'Isard en 2013 et actuel quatrième au classement général.
 
Certains protagonistes se réjouissent, à l'image de Louis Vervaeke (Lotto-Belisol) et Chris Putt (Equipe nationale des Etats-Unis), qui toutefois n'ont pas repéré les lieux. "Si c'est raide, je pense faire mieux qu'à Goulier-Neige (où il se classe troisième)", avance le Belge. L'Américain rebondit : "Vu mon petit gabarit, les forts pourcentages devraient me convenir."
 
Avec un modeste 6,5% d'inclinaison moyenne sur 11,2 kilomètres, les chiffres officiels enregistrés pour cette escalade sont trompeurs. Ils incluent deux kilomètres quasi plats au pied, deux kilomètres à 2,5% maximum et même, un peu plus loin, une très légère descente. Irrégulière dans les deux premiers tiers, avec déjà des passages à 8-10%, la grimpée s'achève par un 12-15% constant.
 
"On monte dans une succession de lignes droites, poursuit Karl Baudron. Il y a un virage serré puis une ligne droite, un virage puis une ligne droite... On voit les coureurs devant nous, on voit ce qui nous attend, ça ne fait pas forcément du bien au moral !"
 
Romain Campistrous (Occitane Cyclisme Formation) complète la description : "La route est étroite, on peut rouler au maximum à trois coureurs de front. Par contre, on ne peut pas souffrir de la chaleur : la dernière partie se déroule à travers bois."
 
Le maire de Bagnères-de-Luchon a insisté en personne pour que la course emprunte l'ascension vers l'Hospice de France, au lieu des Allées d'Etigny dans le centre-ville, arrivée traditionnelle du Tour de France depuis 1910. Les organisateurs ont donc tracé une ligne blanche mercredi soir sur le parking qui sert de point de départ à de multiples randonnées, à même le sol terreux (le revêtement au sommet contraste avec le goudron de la route, entièrement refait depuis les crues de l'été 2013).
 
La Ronde de l'Isard aura donc un petit parfum de cyclisme à l'ancienne pour sa deuxième arrivée en altitude en deux jours. Les grimpeurs ont prévu un braquet plus ou moins souple pour s'arracher à la pente, du 36x26 (Romain Campistrous) au 39x27 (Valentin Dufour du Vendée U, ou Maxime Le Lavandier).

Crédit Photo : www.salite.ch
 

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