David Chopin : « Jamais eu aussi mal sur un vélo »
David Chopin rentre de l’An Post Rás (2.2), remporté par Clemens Fankhauser (Tirol CT) avec une 15e place au classement général et des places de 4e et 5e d'étape. Peter Williams son équipier occasionnel, se classe 8e du général et premier coureur d'Hennebont Cyclisme. Revenu en France, David Chopin répond aux questions de www.directvelo.com sur cette semaine irlandaise qu'il a "vécu comme une magnifique aventure humaine."
DirectVélo : Comment aviez-vous préparé l'expédition vers l'Irlande ?
David Chopin : Physiquement, nous avions choisi l'Essor breton pour se préparer. Pour ma part, cela a tourné court car j'ai chuté le premier jour. Sinon, au niveau de l'organisation de ce déplacement, c'est le président Cédric Le Ny qui a assuré. De part ses contacts en Irlande, il a préparé au mieux le terrain pour que nous soyons là-bas dans les meilleures conditions possible. Ce qui a été le cas. Je profite d'ailleurs de l'occasion, non seulement pour le remercier, mais en outre pour lui tirer un grand coup de chapeau. N'étant même pas en DN3, Hennebont cyclisme n'est pas, sur le papier, un club de haut-niveau. Mais les dirigeants, tous bénévoles, sont eux, de haut-niveau.
« LE COURANT EST TOUT DE SUITE PASSE AVEC NOS IRLANDAIS »
Connaissais-tu Ryan Sherlock et Peter Williams vos équipiers pour l'occasion ?
Je ne les avais jamais croisés. Malgré cela, dès le premier jour, le courant est tout de suite passé. Ce sont deux guerriers et qui ont toujours le sourire. On a tout de suite trouvé nos marques et je dois dire que, humainement parlant, ce sont aussi des champions. On s'est d'ailleurs promis de se revoir rapidement.
Quand il s'est retrouvé bien placé au général, Peter Williams t'a-t-il demandé de défendre sa place ?
Peter Williams n'a rien exigé de nous, au contraire. Il se débrouillait très bien tout seul. En ce qui me concerne en tout cas, il m'a dit de faire ma course pour ne pas avoir de regrets. Je suis persuadé que des garçons de son état d'esprit feraient beaucoup de bien à certaines équipes. Une certitude, il casserait pas mal de clichés et de discours, trop faciles, en privilégiant l'épanouissement de chacun dans un collectif. Cela pourrait être d'ailleurs la devise d'Hennebont Cyclisme qui fait passer l'intérêt et le bien-être du coureur avant tout.
IMPRESSIONNE PAR LES AUTRICHIENS ET LES NEO-ZELANDAIS
Les bosses du parcours semblaient très raides. Etait-ce vraiment le cas ?
J'aime bien quand ça grimpe, et là, j'ai été servi. Non seulement les ascensions étaient terribles, mais il y en avait toute l'étape. Ca montait, ça descendait toute la journée. Vraiment impressionnant.
Vus les écarts sur certaines étapes, est-ce que la course était difficile à contrôler ?
En fait, étant donné le parcours et le nombre de coureurs par équipes, qui était de cinq, le peloton pouvait difficilement contrôler. Le niveau était très relevé et dans les cols, nous nous retrouvions souvent à une trentaine devant. En tout cas, je n'ai jamais eu aussi mal sur un vélo, j'ai été très impressionné par la classe de certains étrangers comme les Autrichiens ou les Néo-zélandais. Je vais sans doute revoir prochainement certains d'entre-eux à la télé sur le circuit WorldTour.
DE MIEUX EN MIEUX AU FIL DES ETAPES
Quel a été ton meilleur jour sur ce Tour ?
Quand je fais 5e, j'ai eu très mal aux jambes. Le vendredi, quand je fais 4e [à Carrick-on-Sur, le pays de Sean Kelly NDLR], j'étais déjà mieux. Ça grimpait à plus de 20 %, on finit un par un, c'était du chacun pour soi.
Au fil des étapes, je me suis fait au rythme et j'étais vraiment bien sur la huitième et dernière étape. La première heure, nous avions roulé à 49 de moyenne et nous nous sommes retrouvés devant à sept. Ce jour-là, j'y ai cru, mais on se fait revoir à 300 mètres de la ligne. J'étais déçu sur le coup, mais le soir, j'ai réalisé qu'il s'agissait, peut-être, de l'un de mes meilleurs souvenirs dans le vélo. La victoire n'était pas au bout, mais dans le sport comme dans la vie, l'essentiel n'est-il pas de vibrer. Et ce dimanche, j'ai vibré.
Dans la 5e étape, tu finis dans le peloton à 10'. Que s'est-il passé ?
L'équipe du leader a tout simplement explosé et personne n'avait prévu ça. Pas moi en tout cas. J'avais parié sur le contraire, j'ai perdu, c'est le jeu.
« LE SPORT N'EST PAS UNE QUESTION D'ETIQUETTE »
Es-tu frustré par rapport à ce fait de course ?
Je ne ressens aucune frustration par rapport à ça. Si je faisais du vélo pour gagner des courses, il y a belle lurette que je ne serais plus dans le peloton. Plus qu'un sport, c'est pour moi une vraie philosophie, une manière de vivre sainement, tout en ayant des grosses sensations. Que ce soit sur une épreuve internationale, ou la Ronde finistérienne, je suis aussi heureux d'être au départ. Je n'ai aucun a priori sur la catégorie d'une épreuve, d'un coureur ou le label d'un club. Le sport, et j'y reviens, la vie, d'une manière générale, n'est pas une question d'étiquette, chacun est à la poursuite de son destin. L'important est de savoir pourquoi on fait les choses et quel objectif on veut atteindre. Après, tout devient simple, comme le bonheur.
Crédit Photo : Mathieu Prigent - www.sitekbe.com