Tour du Poitou-Charentes - Et. 1 : Les réactions
Le Français Arnaud Gérard (Bretagne-Séché Environnement) a remporté ce mardi la 1ère étape du Tour du Poitou-Charentes (2.1), disputée sur 187 kilomètres entre Rochefort-sur-Mer et Barbezieux (Charente). Il a devancé son compatriote Maxime Daniel (AG2R La Mondiale) et le Belge Sep Vanmarcke (Team Lotto NL-Jumbo). Arnaud Gérard s'empare du premier maillot blanc de leader. Découvrez les réactions recueillies par DirectVelo.com dans la zone d’arrivée.
Arnaud Gérard (Bretagne Séché-Environnement)
Vainqueur de l’étape et leader du classement général
« C’était une étape qui devait être réservée aux sprinters. Quatre coureurs sont sortis mais la course a été relancée dans les 50 derniers kilomètres. C’est sorti dans la dernière côte, alors que je ne m’y attendais pas du tout. Je savais que j’avais carte blanche aujourd’hui et que je pouvais tenter ma chance. Je suis sorti dans ce groupe car je savais que je n’allais pas gagner au sprint. Je me suis dit qu’il fallait y aller. Il fallait être opportuniste. Je me suis donc retrouvé à l’avant de la course, mais on ne s’entendait pas super bien à l’avant. Chacun comptait ses coups de pédale, mais il y avait quand même de vrais rouleurs, et chacun passait quand même ses petits relais. On a tout de suite fait le trou, en ayant 25 puis 40 secondes d’avance sur le peloton. Dans le groupe, j’ai vu que tout le monde tournait autour de Tony Martin, on savait forcément que c’était le plus fort et celui qui va le plus vite au chrono. J’ai saisi ma chance dans le final. J’ai attendu les deux derniers kilomètres pour attaquer. J’ai voulu tenter le tout pour le tout. Je savais que j’avais une chance au sprint, mais tout de même moindre que d’arriver seul. Tony Martin venait d’attaquer et j’ai contré. Les autres se sont regardés. Je savais que si je prenais un peu d’avance, personne n’allait vouloir faire l’effort pour venir me rechercher. C’était un avantage. J’ai regardé où étaient mes poursuivants aux 300m. J’ai vu que j’avais de l’avance mais je me suis dit qu’il fallait faire le sprint jusqu’à la ligne d’arrivée, surtout que j’ai vu que Maxime Daniel revenait assez fort.
Je suis vraiment satisfait de gagner, je ne l’avais plus fait depuis 2008. J’ai tourné autour plusieurs fois, mais ce n’était pas évident de conclure. Cette victoire fait également très plaisir pour l’équipe, qui n’avait plus gagné depuis le mois d’avril (sur la Route Adélie, NDLR). Cette victoire confirme la belle saison de l’équipe, qui continue de progresser. Je suis vraiment très content.
Maintenant, je vais essayer de faire du mieux possible au général, en essayant de limiter les écarts sur le contre-la-montre. On verra au jour le jour, mais on va déjà profiter ce soir ».
Maxime Daniel (AG2R La Mondiale)
2e
« C’était logique de voir Arnaud (Gérard) anticiper. Moi, je ne pouvais pas tout faire ; à savoir aller boucher le trou et faire le sprint derrière. Je m’attendais à ce que des gars comme Tony Martin bouchent le trou pour qu’il n’y ait pas d’écarts au classement général. C’était tout bon pour lui comme il va très vite en contre-la-montre. Mais ça ne s’est pas fait comme ça. En arrivant dans le dernier virage, j’ai compris que ça allait être compliqué car les écarts étaient encore conséquents. Du coup, j’ai eu beau lancer le sprint aux 350m, dès la sortie du virage, je n’ai pas pu rentrer, même si j’ai vu qu’Arnaud coinçait. J’ai remis une dent avant la ligne, mais c’était trop court. Il aurait peut-être fallu 20m de plus pour que ça le fasse, mais c’était trop tard. Je l’ai passé tout de suite la ligne franchie. J’étais en train de rentrer très vite, mais c’est comme ça.
Félicitations à Arnaud, je suis content que ce soit lui qui me batte. C’est un mec gentil que j’apprécie beaucoup. Faire deuxième est une déception mais derrière Arnaud, ça me va quand même.
Je suis là pour viser les étapes et non pas le classement général. Je sais très bien que je vais prendre pas mal de temps au contre-la-montre. J’essaie de faire au mieux sur les arrivées au sprint. Ça fait trois fois de suite que je monte sur le podium dès la 1ère étape du Tour du Poitou-Charentes mais je n’arrive jamais à conclure (2e à La Ronde en 2014 et 3e à Saintes en 2013, NDLR). Ça devient frustrant, j’ai besoin de cette victoire. Elle n’est toujours pas là, c’est comme ça.
Aujourd’hui (mardi), j’étais quand même content que ça se joue de cette façon. Je préfère les sprints en petit comité, avec moins de monde à gérer. On a moins de chance de se faire déborder dans les derniers mètres. Et d’un autre côté, on peut aussi se faire piéger dans les derniers kilomètres donc nerveusement, c’est dur à gérer. J’étais le plus rapide mais je n’ai pas gagné. La victoire m’aurait fait vraiment plaisir car j’ai beaucoup galéré depuis le début de l’année. C’est compliqué pour moi en ce moment et faire 2e, c’est une bonne place. Je ne me sens pas forcément encore à 100% mais j’ai quand même de bonnes jambes. Je pense que c’est surtout dans la tête que je ne suis pas au mieux, je manque encore de confiance et il faut que je me rassure, et que je rassure l’équipe en montrant à tout le monde qu’ils peuvent me faire confiance, et que j’ai de belles qualités. Il faut simplement que je réussisse à exploiter ces qualités au mieux ».
Marc Sarreau (FDJ)
13e
« C’était une journée tranquille au début. Ensuite mon équipe et notamment Benoit Vaugrenard a roulé jusqu’au kilomètre 130 environ. Puis il y a eu du mouvement. C’était assez stressant toute la journée avec le vent. On avait peur qu’il y ait des bordures et il fallait donc constamment rester placé(s). Tout s’est joué dans le final lorsque ce groupe est sorti. Tout le monde avait plus ou moins un représentant à l’avant alors du coup, ça a fait barrage à l’arrière sur les petites routes. Du coup, ils sont allés au bout. Derrière, ça s’est battu car on pensait quand même rentrer pour le sprint. Il y avait toujours ce doute-là. J’ai fait le sprint quand même. C’est frustrant de gagner le sprint lorsque l’on n’arrive pas pour la gagne, mais nous avions Johan Le Bon devant. On avait de bonnes chances avec lui. C’est partie remise pour demain. Ce circuit n’était pas pour me déplaire. Après, il fallait quand même avoir du jus. Je ne voulais pas m’affoler avant le final, même si je n’avais pas de super jambes.
J’espère vraiment réussir ce Tour du Poitou-Charentes. Je me cherche un peu en ce moment. Je n’ai pas eu de superbes sensations cette année, j’ai été plusieurs fois malade puis blessé. Je manque sans doute un peu de confiance dans ce milieu-là où je n’ai pas de repères. Je ne me décourage pas, l’équipe me fait confiance. Aujourd’hui, je suis content de faire voir à l’équipe que j’étais en mesure de sprinter. C’est de bon augure pour la suite de la semaine.
Demain (mercredi), je vais encore essayer s’il y a un sprint. Il y a un gros plateau de sprinters ici alors on ne va pas se mentir, ce sera compliqué de s’imposer. Mais tout est possible dans un sprint. Je suis vraiment motivé et j’espère que ça va pouvoir le faire ».
Jasha Sütterlin (Team Movistar)
41e – Echappé – 13e du classement général
« Les trente derniers kilomètres de circuit étaient très intéressants. C’était une bonne journée pour être dans l’échappée. Je savais que si je gagnais les sprints intermédiaires et les grands prix de la montagne, j’allais pouvoir décrocher certains maillots et monter sur le podium. J’ai essayé, et je l’ai fait, alors c’était vraiment une belle journée pour moi comme pour l’équipe.
Je pense qu’on va pouvoir faire de bonnes choses au classement général avec Alex (Dowsett), Adriano Malori et Jonathan Castroviejo. Ce sont trois spécialistes du contre-la-montre. Je pense qu’ils ont tous les trois une chance de faire un bon classement. Personnellement, j’essayerai de faire du mieux possible au chrono mais on ne peut pas comparer avec les trois autres coureurs de l’équipe. Je pense qu’il y a une bonne cinquantaine de coureurs plus rapides et plus forts que moi au chrono dans ce peloton.
Demain (mercredi), je ne compte pas me reposer. Je vais tenter de conserver l’un de mes deux maillots (sprints intermédiaires et montagne, NDLR). Mais je ne sais pas encore lequel ».
Frédéric Brun (Bretagne-Séché Environnement)
79e
« Lorsque le groupe de quatre coureurs a été repris par le peloton, pas mal de coureurs ont tenté leur chance. Alors j’ai aussi essayé d’y aller lorsqu’il y a eu un petit moment de flottement, mais ça a vite relancé derrière. Je me suis retrouvé tout seul devant, j’aurais préféré être accompagné. Un petit groupe était quand même rentré sur moi mais c’est à ce moment-là que le peloton a fait le forcing pour rentrer. Je me doutais que le peloton n’allait pas laisser partir.
Je pense qu’Arnaud (Gérard) est capable de faire un bon classement général. Cette victoire doit le mettre en confiance, il est capable de faire un bon chrono. On va gérer au mieux jusqu’au chrono puis on verra ce qu’il fera ce jour-là. Je pense que les sprinters auront envie de voir l’étape arriver au sprint demain (mercredi). Je pense qu’on sera aidé dans la journée pour que ça arrive au sprint.
D’un point de vue personnel, après le Tour de France, j’ai continué sur la lancée lors de la Polynormande puis du Tour de l’Ain. J’ai ensuite fait une petite coupure pour préparer au mieux ce Tour du Poitou-Charentes. Je suis en reprise, et je suis maintenant lancé jusqu’à Paris-Tours ».
Rudy Kowalski (Roubaix-Lille Métropole)
99e - Echappé - 15e du classement général
« Je voulais aller dans l’échappée et tenter de prendre un maillot distinctif. J’étais à la bagarre avec le coureur de Movistar (Jasha Sütterlin, NLDR). J’étais passé une fois en tête et deux fois deuxième au sommet des GPM, je savais qu’il fallait que je repasse une fois en tête pour prendre le maillot, alors j’ai tenté de ressortir tout seul. Mais le peloton est rentré avant, à 500m du sommet. J’ai aussi essayé de jouer les sprints intermédiaires, mais j’ai tout de suite vu que les autres étaient plus rapides que moi, et c’est aussi pour cela que je m’étais rabattu sur le classement de la montagne. J’ai simplement été battu par plus rapide que moi.
C’est vrai que le début d’étape a été particulier (course neutralisée par une manifestation alors que l’échappée venait de prendre le large, NDLR). On avait quand même été prévenus au briefing. On aurait préféré que ça se fasse au départ fictif ou au départ réel, mais c’est comme ça. C’est sûr que cet arrêt à fait mal aux jambes quelques kilomètre mais une fois que c’était parti, ça ne posait plus de problème(s).
J’ai préparé le chrono de ce Tour du Poitou-Charentes mais en ayant passé la journée en tête aujourd’hui, je ne pense pas que ce soit la meilleure solution pour faire un bon chrono dans deux jours. Et puis quand on voit la liste des partants ici...
Je vais quand même tout donner au chrono, et puis pourquoi ne pas essayer de prendre ce maillot à pois ».
Roger Tréhin (Directeur sportif de Bretagne-Séché Environnement)
« Je n’imaginais pas vraiment ce type de scénarios. Je pensais voir un sprint massif, comme souvent sur le Tour du Poitou-Charentes. Il y avait quatre chances sur cinq que ça arrive au sprint, et encore, même plus que ça… Mais finalement ça a roulé fort après que l’échappée matinale soit reprise. Ça a fait mal aux jambes, puis c’est ressorti à douze en costaud. Quand Arnaud (Gérard) a attaqué aux 2000m, je n’y croyais pas trop avec les costauds qu’il y avait devant, des rouleurs comme Johan Le Bon, Tony Martin, José Herrada et d’autres. Je me suis dit qu’il allait se faire bouffer dans la dernière montée mais visiblement il avait vraiment de la force car il n’est pas arrivé en bas avec beaucoup d’avance mais il a réussi à conserver un avantage jusqu’à la ligne.
Yauheni (Hutarovich) avait eu une crevaison et à souffert pour rentrer (avec Benoit Jarrier, NDLR), Daniel (McLay) avait aussi eu un incident mécanique au plus mauvais moment en coinçant une pierre entre son cadre et sa roue. Il n’a jamais réussi à rentrer. Mais à ce moment-là, on avait encore la carte de Romain Feillu qui pouvait marcher sur cette arrivée-là.
Maintenant, Arnaud a le maillot de leader. Il n’y a pas vraiment d’écarts au classement général, alors ça ne jouera pas énormément avant le chrono. Cette année, Arnaud est assez irrégulier dans les chronos. Il a marché au Tour du Luxembourg (3e du prologue, NDLR) ou aux Boucles de la Mayenne (6e du prologue en 2014) mais il a aussi raté d’autres chronos comme au Championnat de France. Je pense qu’il fera un bon chrono, surtout avec la dynamique positive d’avoir gagné la première étape. Mais il faut bien réaliser qu’il y a six ou sept très gros rouleurs ici, avec trois des meilleurs Mondiaux avec Tony Martin, Alex Dowsett et Adriano Malori, sans compter Johan Le Bon, Jérémy Roy, Jonathan Castroviejo... On ne le dit pas mais je pense qu’il n’y a jamais eu un plateau aussi relevé de spécialistes du chrono sur le Tour du Poitou-Charentes depuis quelques années. Alors ce sera super difficile de faire un Top 10 au chrono et au général.
Sur la 2e étape, ça risque fort d’arriver au sprint, avec sprinters qui vont avoir envie de gagner mais aussi les coureurs du général qui vont vouloir cadenasser. Nous allons rouler un peu mais on aura surement de l’aide de plusieurs équipes. On n’est pas les plus intéressés pour la victoire d’étape demain ».
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