Tour de France : Sur les traces d’Alex Howes

Crédit photo Www.velofotopro.com

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A l’occasion du Tour de France 2016, DirectVelo lance la rubrique "Sur les traces de...". L’objectif ? Mieux connaître un coureur présent sur le Tour de France, grâce à un équipier, adversaire ou dirigeant qui l’a connu chez les Amateurs.
Rendez-vous ce jeudi avec Alex Howes (Cannondale-Drapac), passé par le VC La Pomme Marseille en 2008. Pour parler du coureur américain : Mathieu Delarozière, son équipier et collègue de chambre de l’époque, et désormais directeur sportif de la formation de DN3.  

« Quel personnage que ce Alex Howes ! Je crois que je pourrais écrire un livre entier sur ce gars-là, tant il m’aura marqué durant sa saison 2008 au VC La Pomme Marseille. A l’époque dans l’équipe, nous avions l’habitude de voir passer des mecs de différents horizons, car c’était dans l’ADN du club. Et je dois dire que c’était quelque chose de très sympa. Mais alors cet Alex Howes, il était vraiment hors-normes. Il n’y en a pas un autre comme lui.  

SUR UNE AUTRE PLANETE

Je me souviens qu’il était arrivé dès l’été 2007, en tant que stagiaire. C’est un grand amoureux de la nature, des grands espaces. A chaque fois que l’on partait en stage en montagne, il avait les yeux qui brillaient. Dès le début, ça avait l’air d’être un mec super cool. Et il l’était, dans tous les sens du terme. Très sympa, jamais stressé. Il était super « relax », même trop. Des anecdotes, j’en ai des dizaines. Le premier été, sur le Tour du Gévaudan, il n’a pas pu participer au dernier moment car il était encore lié avec la formation Slipstream. Bref, une histoire de paperasse mais toujours est-il qu’à sa place, j’aurais vraiment eu les boules. Mais on aurait dit que ça ne lui faisait ni chaud ni froid. On l’a ramené au train, et il se marrait.

Il était vraiment sur une autre planète. Pendant que nos "coureurs de l’Est" se levaient à 7h du matin pour faire du rouleau, lui roupillait jusqu’à 13h. C’était dingue. Je me souviens d’un contre-la-montre sur le Tour des Corbières où il nous avait vraiment fait peur. Il y avait un chrono individuel. A 15 minutes du départ, il dormait toujours dans la camionnette, avec sa chemise à fleurs, alors que nous nous échauffions tous sur home-trainer. Finalement, il a enfilé son cuissard au dernier moment, comme s’il n’en avait rien à faire. Et que dire de l’arrivée ! Le chrono faisait à peine 5 kilomètres mais 20 minutes après son départ, il n’avait toujours pas franchi la ligne. On se demandait où il était passé. Il avait cassé sa chaine et a passé la ligne en marchant, pieds nues sur la route. Tranquille (rires).

UNE VRAIE ENIGME POUR LE CLUB

Alex ne faisait pas du tout le métier. Il s’enfilait des tartines de beurre de cacahuètes en y ajoutant de gros abricots, juste avant les courses, alors qu’il faisait une chaleur de folie. On était mort de rire. Si un directeur sportif avait vu ça, je pense qu’il lui aurait mis les tartines dans la figure. Lors des stages, il était capable d’oublier son vélo. ‘‘Pas de panique, j’ai mon skateboard’’, répondait-il. C’était surréaliste.

Cela dit, c’était un mec avec un sacré moteur, qui restera une vraie énigme pour le club. A cette époque, je n’aurais jamais imaginé qu’il puisse être sur le Tour de France. Mais avec le recul, je dirais qu’il y a eu deux problèmes. Le premier, c’est qu’il était très jeune – 19 ans – et qu’il n’a pas su se faire à la vie en France. Il n’a pas vraiment cherché à s’intégrer et dans notre équipe, peu de gars parlaient anglais, alors ça n’aide pas. Deuxièmement, de par son gabarit – un coureur grand et sec – on l’a considéré comme grimpeur alors qu’en réalité, il était à l’aise sur d’autres terrains. Je me souviens de Paris-Roubaix Espoirs où il m’avait impressionné en emmenant de sacrés bouts droits. C’était un gars excentrique, mais surtout très gentil. Depuis cette époque-là, il s’est professionnalisé et je suis heureux de voir qu’il a percé ».

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Portrait de Alex HOWES