Tour de France : Sur les traces de Tsgabu Grmay

Crédit photo Nicolas Gachet / DirectVelo

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A l'occasion du Tour de France 2017, DirectVelo repart « Sur les traces de... ». L'objectif ? Mieux connaître un coureur présent sur le Tour de France, grâce à un équipier, adversaire ou dirigeant qui l'a connu chez les Amateurs. Rendez-vous aujourd'hui avec Tsgabu Grmay, 25 ans. Il y a sept ans, l’Éthiopien de la Bahrain Merida débarquait en Europe via le Centre Mondial du Cyclisme. Michel Thèze, qui l'a accompagné et entraîné durant deux saisons au Centre, nous parle de son ancien protégé, qui ne lui a laissé que de bons souvenirs.   

« Quand il y a un Éthiopien qui débarque en Europe et qui fait un joli bout de chemin en cyclisme, on s'en souvient forcément ! C'est un coureur qui m'a marqué. Je l'avais découvert sur un Championnat continental contre-la-montre (le Championnat d'Afrique chrono 2010 dont il avait pris la 6e place, NDLR). Dès qu'il est arrivé au Centre, j'ai vu que c'était un coureur qui avait un certain talent. Pour preuve, il ne devait rester que trois mois mais finalement, on l'a gardé bien plus longtemps (deux ans) car j'ai vu que l'on pouvait vraiment faire quelque chose avec lui.

UN GARÇON FACILE DE CONTACT

Tsgabu, c'est avant tout un garçon charmant, qui méritait d'être aidé à l'époque et que je suis très heureux de voir à ce niveau-là aujourd'hui. Ca me fait plaisir ! Il est très attachant. D'ailleurs, pour l'anecdote, on sait qu'il y a une vraie rivalité entre les Ethiopiens et les Érythréens et lorsque Tsgabu est arrivé au Centre, il y avait Natnaël Berhane, un Érythréen. Mais les deux sont tellement adorables que ça se passait super bien, comme s'ils étaient du même pays, et c'était un plaisir de voir ça. 

Il reste quelqu'un de discret. On ne peut pas dire qu'il allait facilement vers les autres mais si on faisait la démarche d'aller vers lui, il était facile de contact. Pourtant, ce n'était pas forcément évident pour lui, en arrivant d'Ethiopie, il ne connaissait personne au début... Mais on sentait qu'il y avait du répondant et qu'il y avait quelqu'un en face, un malin !

JAMAIS EN DIFFICULTÉ

J'ai très vite vu en lui qu'il avait une certaine détermination. Peut-être pas comme un Froome ou un Teklehaimanot qui n'hésitaient pas à afficher leurs ambitions. Tsgabu était un peu plus caché mais on sentait cette détermination, on la voyait sur le vélo. C'était quelqu'un de très impliqué et d'appliqué sur ce qu'on pouvait lui dire. Il était très à l'écoute des conseils et déjà très habile ! Ça m'a marqué aussi car j'ai été surpris de la rapidité à laquelle il s'est adapté au cyclisme européen. En plus, rien ne l'arrêtait ! Je me souviens d'un Tour de Franche-Comté avec des conditions terribles. Il tombait des cordes ! Il était toujours bien placé dans le peloton. Même dans les descentes mouillées, avec du vent, il se débrouillait bien alors qu'un grand nombre de coureurs africains ont beaucoup de mal au niveau technique, dans les descentes. Je n'ai jamais vu Grmay nul quelque part. Je ne l'ai même jamais vu en réelle difficulté. C'était étonnant ! Ça a toujours été un coureur d'adaptation facile finalement, dans tous les domaines. Il ne se plaignait jamais. Il faisait tout ce qu'on lui disait à l'entraînement.

A L'AISE DANS TOUS LES DOMAINES, Y COMPRIS LE CHRONO

C'est un garçon qui répondait toujours présent. Il n'a jamais fait spécifiquement un gros numéro, en tout cas, pas que je me souvienne, mais quelle régularité ! Il ne se ratait jamais. Je ne l'ai jamais vu en grosse galère à l'arrière. Il a rapidement progressé jusqu'à participer à un Tour de l'Avenir où il avait d'ailleurs répondu présent (19e du général en 2011, NDLR) dans une belle édition où les Colombiens marchaient fort (victoire finale d'Estaban Chaves, qui était notamment épaulé par Nairo Quintana, NDLR, voir le classement). Il avait bien tenu son rang en montagne et de façon plus surprenante, il avait aussi fait un bon chrono (14e du prologue). Il roulait bien sur le vélo de chrono, ce qui est rare pour un Éthiopien ou plus généralement pour un coureur africain. Finalement, ça a été très vite un coureur assez complet. Aujourd'hui, je ne suis pas surpris qu'il marche chez les pros. Il a toujours été solide et régulier. »

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Portrait de Tsgabu Gebremaryam GRMAY