Concentration, repères, aéro : les clés du chrono
Ce n’est pas la Route 66 ni le Qatar mais le Danemark compte aussi quelques belles lignes droites tracées au milieu des champs de blés. Le circuit du contre-la-montre en emprunte quelques-unes. Aucun virage pour souffler ou se relancer. Pas de côte non plus. Ce sera droit et plat. “Il faut de la puissance pure”, témoigne Julien Thollet, sélectionneur des Juniors français. “C’est pour les gros et les grands. Moi je risque d’avoir du mal avec mes 60 kilos”, plaisante Audrey Cordon-Ragot. Certains sourient, d’autres appréhendent ces interminables bouts droits.
« UN VRAI TEST MENTAL »
Chacun ses astuces pour ne pas laisser les secondes s’échapper. “Il faut essayer de fractionner le chrono en plusieurs parties pour ne pas s’ennuyer”, conseille Séverine Eraud. Même constat pour sa coéquipière en Espoirs, Juliette Labous. “Il faut rester concentrée. Je regarde beaucoup mon compteur. C’est un repère pour savoir la distance avant un virage par exemple mais chaque panneau au bord de la route peut aider”. Quadruple Championne de Belgique de la discipline, Ann-Sophie Duyck ajoute : “Le directeur sportif joue un grand rôle car si le silence s’installe, la concentration peut très vite s’envoler. C’est un vrai test mental”.
A un moment ou à un autre, les coureurs auront forcément un autre concurrent en point de mire. Bonne nouvelle ? “Le gars devant tu le vois mais il peut être à trois minutes”, sourit Julien Thollet. “Regarder au loin n'est pas la meilleure chose à faire car la seule chose que tu vois c’est une longue ligne droite… Il vaut mieux se concentrer sur sa cadence et aussi sur sa position car sans virage, l'aérodynamisme sera important”, atteste le Belge Stan Dewulf.
« TU PARS VITE TU LE PAIES, TU PARS EN DEDANS, TU NE LE RATTRAPES PAS »
Comme sur tous les chronos, il faudra tout de même faire attention à éviter certains pièges. “Si tu pars trop vite, tu le paies car c’est quand même 31 kilomètres. Partir en dedans n’est pas la solution car tu ne peux pas rattraper le temps perdu en début de course. Il faut vraiment être à la limite, trouver le bon rythme. C’est le plus difficile”, assure Aude Biannic. Comme sa coéquipière Audrey Cordon, le Française n’a pas d’atome crochu avec ce parcours mais une répétition de ce type d’effort ne se refuse pas. “Ce ne sera que le deuxième de l'année pour nous après les Championnats de France. C’est un bon moyen de progresser”, poursuit-elle. “Et puis l’adversité sera la même que lors des Mondiaux. C’est toujours bon de se mesurer et de régler certaines choses”, continue Audrey Cordon-Ragot, triple Championne de France en titre de la spécialité.
Et la pluie : pourrait-t-elle redistribuer les cartes ? “Il y a quand même des virages où tu peux partir à la faute et sortir du chrono. Et puis les derniers kilomètres sont quand même techniques”, prévient Thollet. Pour les lignes droites, qu’il pleuve ou qu’il vente, la recette reste la même : “s’accrocher et ne pas trop réfléchir”, conclut Séverine Eraud, titrée à l'échelle nationale chez les Espoirs sur l’effort solitaire.