Changement de vélo : qui avait raison ?

Crédit photo Maxime Segers / DirectVelo

Crédit photo Maxime Segers / DirectVelo

Fallait-il changer de vélo au pied de l'ascension du Mont Floyen et ses terribles 3,4 kilomètres à 9,1% de pente moyenne ? Les coureurs, les staffs et tous les amoureux de cyclisme se sont posés la question pendant plusieurs jours dans les rues de Bergen. Même le futur Champion du Monde, Tom Dumoulin, n'avait pas encore pris sa décision finale deux jours avant le chrono (lire ici). Finalement, 27 coureurs (soit 41,5% des participants) ont opté pour un changement de bicyclette.

LE POIDS DU VELO ? PAS UN ARGUMENT...

Parmi eux, Primoz Roglic. Le Slovène est allé décrocher la médaille d'argent en prenant l'option de perdre quelques secondes au pied de l'ascension pour un passage vers les stands. Avec son vélo de route adapté aux ascensions, le sociétaire du Team Lotto-Jumbo NL a réalisé la montée la plus rapide du Mont Floyen, devant Tom Dumoulin ou Chris Froome. "Je savais qu'il fallait prendre des risques donc j'ai décidé de changer de vélo. Je suis content de mon choix et de la deuxième place qui va avec", résumait Roglic en conférence de presse. Seul Français au départ, Alexis Gougeard avait pris la même option. Et il aurait pu titiller le Top 5 sans un saut de chaîne dans le dernier kilomètre. "Je ne pense pas avoir fait le mauvais choix même si j'ai eu du mal à rechausser en bas. Je n'ai pas perdu beaucoup de temps sur le changement de vélo", concède le tricolore. "Il fallait vraiment prendre les bons braquets. Je ne savais pas si j'allais passer le petit plateau ou non, alors je n'ai pas pris le risque de monter avec le vélo de contre-la-montre".

Autre choix et autre argument du côté de la Team Sky. Chris Froome et Gianni Moscon ont décidé de ne pas changer de machine. "Notre vélo de contre-la-montre est plutôt léger. Il n'y a qu'un kilo de différence. Sur une côte aussi courte, je ne pense pas que ça fasse une vraie différence. Je suis convaincu que c'était la meilleure option", décrivait l'Italien (6e) à l'arrivée. Sérieux candidat au titre mondial mais victime d'une chute sur le tracé norvégien, Rohan Dennis met également en avant le poids des modèles de vélos contre-la-montre. "Au pire, il y a deux kilos de différence. Tu peux monter vite avec ce chrono-là aussi. Et puis si tu perds 20 secondes sur le changement de vélo, je ne suis pas sûr que tu les reprennes après dans la bosse", concédait-il dans la zone mixte à l'arrivée. L'Espagnol Jonathan Castroviejo, ancien Champion d'Europe de la discipline, va également dans ce sens : "Franchement, je ne suis pas persuadé du tout que tu montes plus vite avec le vélo normal qu'avec le vélo de chrono", tranche-t-il auprès de DirectVelo.

LES "NON-GRIMPEURS" AVAIENT PEUR

Surtout, le fait que le changement de vélo s'opère dans le pied de l'ascension elle-même, et qui plus est sur les pavés, en a effrayé certains. "Dans ces conditions-là, ça m'a encore moins rassuré", admet Yves Lampaert. "C'était moins stressant de continuer avec le même vélo et de toute façon, j'étais déjà à bloc au pied", ajoute son compatriote belge, Laurens De Plus. A l'inverse, la plupart des "non-grimpeurs" ont préféré se rassurer en enfourchant leur machine sur route pour affronter les forts pourcentages. "C'était surtout une question de braquets pour certains coureurs comme moi. Je ne me voyais pas monter la bosse avec un 42 et un vélo de chrono", explique le Canadien Hugo Houle.

A quelques exceptions près, la plupart des favoris auront donc opté pour le choix de rester sur leur machine de contre-la-montre dans l'ascension finale du Mont Floyen. Une statistique qui n'empêchera pas des garçons tels que Primoz Roglic ou Alexis Gougeard de se satisfaire de leur choix et de leur performance. Le débat reste ouvert.

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En savoir plus

Portrait de Jonathan CASTROVIEJO NICOLAS
Portrait de Laurens DE PLUS
Portrait de Rohan DENNIS
Portrait de Alexis GOUGEARD
Portrait de Hugo HOULE
Portrait de Yves LAMPAERT
Portrait de Gianni MOSCON
Portrait de Primoz ROGLIC