Les amateurs prennent leur pied au Gévaudan
Le Tour du Gévaudan, une bonne école. "Je me rappelle de ma première participation en 2009, c'était ma première expérience des épreuves de classe 2 UCI. Sur la deuxième étape, j'avais passé 40 km dernier du peloton, à me battre juste pour avoir le droit de franchir la ligne d'arrivée !". Huit ans après ce baptême du feu, Pierre Bonnet (Team Pro Immo Nicolas Roux) est retourné ce week-end sur la course forte en relief, dont Guillaume Martin (Wanty-Groupe Gobert) a emporté samedi la première étape à Florac (Lozère). Les routes escarpées font toujours aussi mal : Bonnet a abandonné. "La fin de saison va être longue..."
Le Gévaudan a encore bien secoué les amateurs : le premier d'entre eux, Aurélien Paret-Peintre (Chambéry CF) termine 9e samedi. Mais, à observer les visages samedi matin au départ de Mende, ils goûtaient l'événement goutte par goutte. Car ils en ont été privés depuis trois ans : le Tour du Gévaudan était passé en catégorie 2.1 au calendrier, donc réservé aux pros (victoire de Amets Txurruka en 2014, de Thibaut Pinot en 2015) avant l'annulation de 2016. Bonnet savoure : "C'est génial que la course reprenne sa place en catégorie 2.2, les amateurs peuvent désormais montrer s'ils ont le moteur !".
« POUR LES BRUTASSES ! »
Le retour des coureurs de clubs n'est pas sans incidence. En 2015, le peloton des pros avait rallié les hauteurs de Florac, le col de Pierre-Plate, suivant d'abord un tempo régulier, puis une bagarre explosive dans le final, qui opposait Pinot, Voeckler, Bardet... Cette année, craignant que les clubs amateurs ne mettent la pagaille d'entrée, les pros ont anticipé et lancé à l'attaque leurs représentants de bonne heure, Stéphane Rossetto et Anthony Perez (Cofidis).
"Le Tour du Gévaudan est devenu une épreuve pour brutasses plus que pour grimpeurs", observe Edouard Lauber (CC Etupes), 22e samedi à l'arrivée, sans que le constat soit négatif dans sa bouche - bien au contraire. L'Alsacien s'était déjà frotté à la course avant 2014 et il apprécie d'y revenir. "Si on peut, nous [les coureurs amateurs], on ne va pas se priver de faire le show".
"Ce genre d'opportunités est très rare pour nous", souligne Sébastien Fournet-Fayard, autre membre du Team Pro Immo Nicolas Roux, et il est vrai qu'en France, les amateurs ne peuvent gravir les cols face à des équipes Continentales ou Pro Continentales que sur le Rhône-Alpes Isère Tour, le Tour de Savoie Mont-Blanc ou le Tour Alsace. D'où la satisfaction de Fournet-Fayard, qui compte une demi-douzaine de participations au Gévaudan, avec en prime une 10e place de la dernière étape en 2009 (l'année où s'impose l'Allemand David Rösch) et un rang de meilleur amateur en 2011 (avec Guillaume Levarlet comme vainqueur final) : "Le Tour du Gévaudan est une très belle course, très bien organisée, ça fait plaisir d'être là !".
SPÉCIAL MONTAGNE
Ce dimanche, pour la seconde étape, le peloton escalade trois fois la Montée de la Croix-Neuve, plus connue sous le nom de Montée Jalabert. Un moment très attendu, le type d'expérience dont ils risquent de reparler longtemps encore. "On a reconnu l'ascension et on s'est bien 'amusé', raconte Simon Guglielmi (CR4C Roanne), première participation à l'épreuve. Quand on voit que Romain Bardet monte les 3 km en 8'30'' on imagine à quel point la pente est sévère...". Basé à Chambéry et donc familier des cols, Guglielmi est épaté par sa découverte de la Lozère : "A l'entraînement, on a fait 700 m de dénivelée en 34 km. Une vraie étape de montagne !".
Les amateurs seront une nouvelle fois de la partie sur l'édition 2018 – pas encore inscrite à l'agenda 2018 pour des questions administratives. "Nous nous trouvons bien en catégorie 2.2 et nous ne pensons pas forcément passer en 2.1, explique le président du comité d'organisation, Benoît Malaval. J'aime beaucoup ce mélange de 'jeunes' et de coureurs pros confirmés. Chez nous, l'essentiel est que chacun se fasse plaisir !".