Steve Chainel : « Donnez-moi des moyens ! »
Steve Chainel a vécu une "journée de fou". Sur le plan personnel, il a atteint son objectif en rentrant dans le Top 10 du Championnat du Monde (10e) mais c'est le responsable de l'équipe Chazal-Canynon qui est encore plus heureux ce dimanche. Le Champion de France a vibré en suivant la course de "ses" poulains Yan Gras et Antoine Benoist, respectivement médaillé de bronze et sixième de la course Espoirs ce matin.
DirectVelo : Tu as fait un bon départ...
Steve Chainel : Je me suis un peu enflammé dans les deux premiers tours. J'ai regardé la course des jeunes et j'ai remarqué qu'ils avaient pris un bon départ et qu'une fois qu'on est bien parti dans un Championnat du Monde, on ne lâche rien. Au troisième tour j'ai eu besoin de souffler alors que j'étais 5-6e. Un groupe avec Bertoli et Van der Haar est rentré. A ce moment-là, je tombe et je perds une quinzaine de secondes.
« PARTI TROP VITE »
Est-ce que ça te coûte une meilleure place ?
Après cette chute, je fais la course avec Daan Soete et Quinten Hermans alors que je pense que je pouvais tenir les roues pour la 5-6-7e place. Mais avec des si, c'est facile de refaire la course. Il ne fallait pas faire de faute technique ni stratégique alors que je suis parti trop vite.
Ce matin, ton "équipier" Yan Gras a décroché la médaille de bronze et Antoine Benoist a terminé 6e. C'est une belle journée pour l'équipe Chazal-Canyon !
C'est une journée de fou. Yan Gras m'a fait chialer. C'est un gars de mon village. Je suis presque plus content de sa médaille que de ma 10e place. On l'a accueilli dans l'équipe, on l'a écouté et répondu à ses questions. Il fait une saison de malade.
« ANTOINE PEUT ETRE CHAMPION DU MONDE »
Tu fondes de gros espoirs en Antoine Benoist...
Antoine, il peut être Champion du Monde. S'il vous plaît donnez-moi des moyens pour ne pas qu'il aille sur la route ! C'est une pépite, c'est le futur numéro 1 français. Il est exceptionnel. Je me vois en lui, on a le même pilotage. J'espère qu'une équipe belge ne va pas venir le débaucher. Si on fait cette équipe c'est pour ces jeunes. Il nous reste à trouver une fille mais j'ai rendez-vous demain pour en recruter.
Comment vas-tu chercher à améliorer ta structure ?
Je vais travailler tout le mois de février pour avoir encore plus de moyens pour la saison 2019. Tous les petits détails comptent. Il y a quinze jours, tous les Belges roulaient au soleil en Espagne, massés tous les jours. Nous, notre kiné travaille à côté. Nos jeunes s'entraînaient au froid et étaient à l'école. Ces 20-30" qui nous manquent, elles sont là. On n'a rien à envier aux Belges, on a juste besoin de pognon. Si on pouvait leur payer un billet d'avion et une semaine en Espagne, on peut avoir deux mecs sur le podium aujourd'hui et moi, je peux rentrer dans les six-sept premiers. Je suis optimiste.
« QUAND ILS ME DEPASSERONT, JE M'ARRÊTERAI »
On a l'impression que tu pédales plus pour les jeunes...
Je veux leur ouvrir la voie. Le jour où ils me dépasseront, je m'arrêterai. Ils sont ma source de motivation. Je passe après. Il y a de belles choses à faire mais il ne faut pas rééditer les erreurs du passé. Il ne faut plus chercher les futurs grands, on les a déjà. C'est seulement une question de moyens.
Est-ce que c'est une de tes plus belles saisons ?
Je suis Champion de France mais j'ai déjà eu des places de 4e-5e en Coupe du Monde quand j'étais pro. C'est juste que je suis un autre homme. Je suis coureur mais mon rôle principal c'est responsable d'équipe. Je m'éclate sur le vélo pour les gamins et nos partenaires. Ce n'est pas seulement Steve Chainel, c'est le Team Chazal-Canyon.