Tour de France : Sur les traces de... Arnaud Démare
C’est reparti pour un Tour ! Une nouvelle fois, tout au long de la “Grande Boucle”, DirectVelo vous propose de partir “Sur les traces de” coureurs du Tour de France, en évoquant grâce à un coéquipier, un adversaire, un dirigeant ou un proche, ses saisons dans les catégories de jeunes, ou en Amateurs. Pour ce nouveau numéro de notre rubrique, c’est Charlie Leconte qui nous parle d’Arnaud Démare, qu’il a vu exploser sous les couleurs du CC Nogent-sur-Oise, où il avait notamment décroché quinze succès en 2011, dont le titre de Champion du Monde Espoirs sur route.
« J’ai découvert Arnaud lorsqu’il était encore à Wasquehal, et toujours Juniors J’avais une relation particulière avec Hervé Boussard (alors manager de l’équipe, aujourd'hui décédé, NDLR) et lorsqu’il avait un coureur intéressant sous le bras pour notre club du CC Nogent-sur-Oise, il m’en parlait. L’arrivée d’Arnaud dans l’équipe s’est fait naturellement, étant donné qu’il était de l’Oise et que nous étions le grand club amateur de la région. Dès les Juniors, on sentait quelqu’un de très posé. Lors de notre premier véritable entretien en novembre, tout était très clair entre lui et nous. On lui a expliqué que l’on connaissait sa valeur, même s’il n’avait encore rien prouvé, finalement. Mais surtout, il fallait laisser le temps au temps. Il ne servait à rien de brûler les étapes et on a insisté sur ce point-là. Il a vite été en lien avec la FDJ et Marc Madiot, mais nous sommes tous rapidement tombé d’accord pour qu’Arnaud fasse deux saisons à Nogent, le temps de grandir. Il ne fallait pas qu’il passe pro trop tôt.
« NATURELLEMENT, LES AUTRES SE SONT MIS À SON SERVICE »
Il a effectivement pris son temps en Espoir 1. Il savait que ça allait venir et que l’on ne pouvait pas construire un coureur de très haut-niveau en quelques mois. Il a attendu son heure. Il y avait aussi des garçons comme Adrien Petit ou Stéphane Rossetto dans l’équipe, pas des manchots ! Donc Arnaud n’avait pas à assumer toutes les responsabilités. Mais naturellement, les autres se sont mis à son service de plus en plus souvent. Cela dit, Arnaud n’était pas quelqu’un qui se mettait en avant. Il a toujours été très posé et très calme, tout en étant un gros travailleur.
Fin 2010, il avait terminé 5e du Championnat du Monde en Australie. C’était bien, mais lui comme nous savions qu’il aurait pu faire mieux. Après ce Mondial, on a fait le constat, ensemble, qu’il lui manquait encore un peu de puissance. On savait qu’avec un poil plus de puissance, il serait vraiment au top. L’hiver suivant, il a travaillé très dur avec Hervé et dès le stage de février, on a senti que ça allait être une grande année 2011 pour lui. On visait dix victoires et nous avions coché le Mondial de Copenhague comme objectif principal. Bernard Bourreau (le sélectionneur national de l'Équipe de France Espoirs en 2011, NDLR) avait confiance en Arnaud.
« ON ANALYSAIT TOUJOURS CE QUI NE MARCHAIT PAS »
Ce qu’il a fait la seconde année n’était pas une surprise, même si c’était encore au-delà de nos espérances. Il a gagné des étapes sur le Tour Alsace, sur le Tour de Bretagne… Il a beaucoup progressé dans les bosses cette année-là. Et bien sûr, il a été Champion du Monde, ce qui restera un immense moment pour lui, pour nous, et pour l’histoire de notre club.
Malgré toute cette réussite, il arrivait aussi qu’Arnaud se loupe. Mais il vivait vraiment les échecs de façon positive. Parfois, on lui demandait comment ça allait, en se disant qu’il devait être frustré… Mais lui, il nous disait que tout allait bien, il avait le sourire. Comme on dit, chaque échec est plus porteur qu’une réussite, en fait. On analysait toujours ce qui ne marchait pas. Je reviens à l’exemple du Mondial 2010, mais nous avons vraiment tout analysé pour comprendre pourquoi il n’avait pas terminé sur le podium. On a regardé le sprint plein de fois, etc. A chaque fois que nous n’étions pas pleinement satisfait, on travaillait spécifiquement les lacunes que nous avions trouvées. Et généralement, on voyait vite le changement sur les semaines suivantes. C’est sans doute aussi pour ça qu’il a vite franchi les paliers. D’ailleurs, dès sa première saison à la FDJ, ce n’est pas pour rien qu’il a directement gagné une Classique, à Hambourg, en tant que néo-pro. Et ce n’est pas donné à tout le monde. »