Matteo Jorgenson : « La Movistar, une nouvelle aventure »
Matteo Jorgenson a choisi de poser ses valises en Espagne. Un an seulement après son arrivée en France et à Chambéry Cyclisme Formation, le coureur américain a décidé de débuter une nouvelle expérience, cette fois-ci en WorldTour. À 20 ans, il vient de s'engager avec le Team Movistar (voir ici). À l'aube de ce nouveau défi, il a expliqué son choix à DirectVelo.
DirectVelo : Tu seras professionnel en 2020, qui plus est en intégrant directement le WorldTour !
Matteo Jorgenson : Je suis heureux, c'est un super sentiment de passer professionnel. C'était un rêve depuis longtemps. Cette année, j'ai eu l'opportunité d'apprendre le Français et la culture française. L'Espagne, ça sera également une nouvelle aventure pour moi. J'aime ça. C'est un beau projet que m'a proposé l'équipe Movistar. Cela me permet d'avoir une vie internationale et d'apprendre beaucoup de langues étrangères. Le cyclisme est un sport qui le permet.
Pourquoi avoir choisi le Team Movistar ?
C'est une équipe qui a beaucoup de réussite depuis de nombreuses années. Ils sont pratiquement toujours dans le Top 3 des Grands Tours et ils sont très orientés vers les courses par étapes. C'est une grande opportunité. Ils m'ont donné une chance d'être pro en 2020. C'était mon rêve. Je voulais passer pro et commencer ma carrière. Chez les amateurs, c'est difficile de s'entraîner comme un pro. Ce n'est pas une question de motivation, mais de salaire et de structure.
« CHAMBÉRY RESPECTE MON CHOIX »
Comment es-tu entré en contact avec eux ?
À la Ronde de l'Isard, ils ont remarqué ma performance. J'ai terminé à la 4e place du classement général. Ils m'ont envoyé un e-mail qui n'était pas encore une offre. Je leur ai envoyé mes données de puissance et ils ont aimé. Malheureusement, j'étais blessé après Paris-Roubaix Espoirs donc le contact a été rompu quelques temps. Mais ensuite, je suis bien revenu au Tour de l'Avenir. J'ai passé une semaine incroyable et on a reparlé.
Il était possible de penser qu'en tant que coureur de Chambéry Cyclisme Formation, tu rejoindrais AG2R La Mondiale !
C'est vrai que c'était le chemin logique. Chambéry a beaucoup fait pour moi. J'ai appris le Français grâce à eux. C'était une année qui a changé ma vie. C'est une super équipe. Je suis vraiment reconnaissant des opportunités qu'ils m'ont offertes. Ce n'était pas le chemin le plus logique d'aller chez Movistar, mais ça s'est fait comme ça. Je suis également Américain et pas Français. J'ai eu beaucoup d'offres de la part d'équipes étrangères. J'ai bien évidemment été en contact avec AG2R La Mondiale, c'était une option, mais j'en ai choisi une autre.
L'équipe a-t-elle compris ton choix ?
Mon seul regret, c'est que Chambéry a fait beaucoup de travail pour moi et que je vais quand même partir. Le travail et l'énergie qu'ils ont mis en moi est perdue pour eux. Ils sont déçus de perdre un coureur non européen qui a appris le français et qui s'est intégré. Mais Chambéry respecte mon choix. C'est mon futur et mon avenir. Ils sont heureux de me voir passer professionnel.
« TOUT LE MONDE M'A DIT OUI »
Te sens-tu prêt à intégrer le WorldTour à 20 ans ?
C'est un grand sujet. En ce moment, beaucoup de coureurs passent professionnels très jeunes. Il y a un risque que je ne m'adapte pas à ce niveau. Peut-être que je ne suis pas prêt. En tout cas, j'ai essayé de parler avec tous les directeurs sportifs, tous les entraîneurs et les gens qui connaissaient le cyclisme. Je leur ai demandé si j'étais prêt. Tout le monde m'a dit que oui et que le niveau Classe 1 et HC n'était pas tellement différent des Classe 2. J'ai un moteur aérobique très grand et c'est possible que je m'adapte vite.
Après avoir découvert la France cette année, tu vas découvrir l'Espagne !
Je n'ai pas peur. J'ai appris le Français en quelques mois. Très jeune, j'ai habité en Espagne avec ma famille pendant une année. C'est possible que j'apprenne la langue très vite. J'ai oublié beaucoup de mon espagnol, mais j'espère que ça va revenir très vite. Je ne sais pas si les Espagnols parlent beaucoup l'anglais donc je vais faire l'effort d'apprendre la langue dès cet hiver.
Que retiendras-tu de ton expérience en France ?
C'était vraiment incroyable. J'ai beaucoup aimé. Habiter dans les Alpes avec treize coureurs français était une expérience très enrichissante. Je ne vais jamais oublier. Cette année a changé ma personnalité et ma vie. Le principal souvenir que je vais garder, c'est la Ronde de l'Isard. J'ai appris le français avec les coureurs de l'équipe. On a terminé 3e et 4e du classement général avec « Champou » (Clément Champoussin, NDLR). Ça a lancé une bonne dynamique pour toute l'année. Ensuite, au Tour de l'Avenir, je parlais français dans le peloton avec Clément. C'est vraiment super.