Grâce à ses multiples innovations technologiques, Mavic écrit depuis longtemps les grandes pages du cyclisme au service des coureurs. Pour fêter les 130 ans de la marque française, DirectVelo a décidé de revenir sur dix moments de la grande et la petite histoire du vélo. L'entreprise née à Lyon a posé sa griffe à chaque fois que le matériel a favorisé des performances sportives d'exception.

Le duralumin est à la mode en 1934. Cet alliage déjà exploité dans l'aviation pour sa légèreté, est utilisé pour les guidons, les pédales, les moyeux, les étriers de freins, parfois les manivelles et aussi pour les garde-boues, le produit phare de Mavic à cette époque.

Toutefois, le duralumin est rejeté pour les jantes. "Trop rigide, casse facilement, réservoir d'eau les jours de pluie", disent les partisans -et les fabricants- des jantes en bois ou en acier.

LES JANTES DURAL PEINTES COULEUR BOIS

Mais Mavic y croit dur comme fer. En 1934, la marque lyonnaise sort sa jante. Elle se démarque de sa concurrente principale par l'oeilletage des trous de rayons qui permet la tension des rayons sans écrous spéciaux, par la grande surface de freinage pour les patins et aussi par la jante polie quand  les produits concurrents sont mats. Un coup de Miror® et ça brille.

La jante, creuse, est moitié moins lourde que la même pièce en acier. Une paire de jantes en dural pèse 650 à 700 g soit le même poids qu'une seule en acier. Les jantes Mavic envahissent le peloton des pros. En 1935, les jantes en dural supplantent officiellement celles en bois sur les vélos fournis aux coureurs du Tour de France par l'Auto. Officieusement, Antonin Magne gagne le Tour 1934 avec les jantes Mavic dural repeintes couleur bois. Adieu le Miror® !

La jante légère Mavic va passer victorieusement le test du Tour des Flandres 1935. Louis Duerloo et sa machine Génial-Lucifer s'impose malgré les pavés et les trottoirs. La solidité est démontrée. Mais une vague de déjantage dans le Tour de France cloue la Mavic au pilori. Le freinage provoquerait l'échauffement de la jante et le décollement du boyau. Pourtant, les mêmes roues ont parcouru les routes du Giro, de la Vuelta (avec la victoire de Gustave Deloor) avec autant de coup de patins dans les descentes sans problème. Les "coupables" sont identifiés après quelques jours : la colle à boyaux utilisée n'était pas adaptée et les boyaux employés étaient un peu plus larges que la jante.

LA MODULE E OUVRE LA VOIE AU PNEU

Boyaux et vélos de course sont longtemps restés inséparables. En 1975, une innovation de Mavic va ouvrir la brèche du pneu en compétition. C'est la jante Module E.

La Module E présente le premier double pont à crochets pour accueillir un pneu haute-pression, le modèle Elan conçu par Michelin. Mavic va développer une nouvelle génération de jantes à pneus qui seront utilisées en compétition.

Les têtes chercheuses de Mavic ont toujours le souci de l'aérodynamisme. Pour le vélo Profil de Gitane pour Bernard Hinault, Mavic a l'idée de cacher les tête de rayons sous un profil en carbone. Ce sera la CXP25 à 24 rayons en 1979.

AVEC LA ROUE HELIUM LA MONTAGNE VOIT ROUGE

En 1997, Mavic va faire un cadeau à l'équipe ONCE et son leader Laurent Jalabert. Un cadeau léger : 650 grammes à l'avant, 850 à l'arrière. C'est la roue Helium, conçue pour la montagne. Avant ce nouveau modèle, le directeur design de l'époque veut qu'on reconnaisse de loin les roues de la marque, pour cela, il veut leur donner une couleur. "Rouge Ferrari par exemple". C'est ainsi que la roue Helium, jante et moyeux, sera anodisée en rouge.

Ces roues légères sont un bien précieux. L'équipe GAN ne dispose que d'une grosse demi-douzaine de paires. Il faut faire ses preuves pour pouvoir en profiter. Jens Voigt arrive dans l'équipe française en 1998. Echappé dans la première étape du Dauphiné Libéré, il prend le maillot jaune à ceinture bleue. Le lendemain, il a droit aux roues rouges Helium. "Quel choc tellement elles étaient légères ! Je pensais alors : "je dois vraiment être quelqu'un maintenant !".

En 1934, la jante en duralumin avait fait la différence avec ses oeillets qui répartissaient les tensions sur toute la hauteur de la jantes. La roue Ksyrium va apporter une nouvelle révolution en septembre 1999. Elle est toute en alu, y compris les rayons plats, une première. Mais surtout, les ingénieurs de Mavic mettent au point le procédé Fore, venu de l'aéronautique (comme le duralumin, 65 ans plus tôt). La jante n'est plus percée de part en part, elle est plus rigide et plus résistante. Les rayons sont fixés grâce à un tunnel fileté formé par le repoussement de la matière sur la paroi basse de la jante. L'étanchéité est assurée, les fonds de jante disparaissent. Le nombre de rayons diminue et allège donc l'ensemble.

LE CONTRE-LA-MONTRE POUR GAGNER ROUBAIX

Chez Mavic, on sait faire, vite et bien, du sur-mesure. En septembre 2010, l'équipe Garmin fait part à la maison de Saint-Triviers-sur-Moignans des grosses ambitions du Champion du Monde Thor Hushovd pour Paris-Roubaix. Après des discussions avec le coureur, un prototype avec une jante carbone, haute et large, est mis au point. Début janvier 2011, le Norvégien accompagné de deux équipiers, Roger Hammond et Johan Vansummeren, procèdent aux essais de sept modèles sur le terrain des pavés. Le verdict des coureurs est sans appel : ce sera la roue Cosmic M40, 24 rayons, large de 25 mm et boyaux de 27 mm. "La roue M40 répond très bien et on ne sent pas le choc des petits pavés", commente alors le Champion du Monde.

De janvier à mars 2011, 45 paires de roues sont fabriquées et montées. Le 10 avril, les Cosmic M40 triomphent dans le vélodrome de Roubaix. Essayées dans la boue et les flaques en janvier, elles s'imposent dans la poussière et sous le soleil. Conçues pour Thor Hushovd, elles portent le grand Johan Vansummeren vers la victoire.

LES DISQUES, LE TUBELESS DE L'ÉTÉ

L'évolution des accessoires est sans fin. L'Eneco Tour 2015 est la première course professionnelle à voir l'utilisation des freins à disques. Le 24 janvier 2017, Tom Boonen est le premier pro à gagner une course sur route avec ces freins, à la deuxième étape du Tour de San Luis. Depuis, les grosses rondelles ont colonisé les moyeux.

Cette année, Mavic a sorti sa roue Cosmic Pro Carbon SL UST Disc. Ce modèle réunit plusieurs techniques dernier cri. La jante de 45 mm  porte 20 rayons elliptiques à l'avant et 24 à l'arrière. Le profil de la jante UST est conçu pour les pneus tubeless depuis 2017 sur la route. Et enfin, les moyeux peuvent recevoir les disques de frein. Depuis 85 ans, l'histoire des roues Mavic et de l'innovation est loin d'être un disque rayé.

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