283 millièmes de trop pour la Belgique
283 millièmes, c'est l'écart qui a séparé la France et la Belgique, ce mercredi, lors des qualifications de la poursuite par équipes féminine. Tandis que les Françaises poussent un ouf de soulagement, les Belges doivent encaisser le dur verdict. "Perdre pour si peu, ça fait mal", souffle Jolien D'hoore à DirectVelo. Le sélectionneur Peter Pieters partage cette douleur. "C'est râgeant car la France n'a pas fait une grande prestation non plus. Si nous roulons la course parfaite, alors, c'était bon." Shari Bossuyt se voulait plus philosophe. "Cette course résume bien le duel. La France a été meilleure que nous toute la saison et aujourd'hui (mercredi), aussi, mais la différence n'est pas grande."
Par conséquent, la question se pose : Où ont-elles perdu du temps ? Le quatuor belge était sur les bases d'un nouveau record de Belgique. Les poursuiteuses avaient un bon dixième d'avance aux trois kilomètres (3'15'918 contre 3'16"027", NDLR), mais elles ont craqué dans les 1000 derniers mètres. "Je sais que nous n'avons pas fait la course parfaite", établit Jolien D'hoore , avant de poursuivre l'explication : "Le plan était que Lotte et moi prennent beaucoup de relais. Cependant, je n'avais pas assez de temps pour récupérer. Sur la fin, il y a un relais où nous avons cafouillé. J'ai un peu perdu le contact et donc, j'ai dû boucher le trou. Je l'ai payé dans le dernier tour. De manière générale, notre prestation n'a pas été linéaire. Il y a eu trop de moments où le rythme a chuté. Ce sont des détails qui comptent et malheureusement, cela ne tourne pas à notre avantage."
FIN DE CARRIERE POUR GILKE CROKET
De plus, la chance ne semblait pas sourire aux Belges car la préparation n'a pas été idéale. Shari Bossuyt est tombée malade (infection des voies respiratoires) en arrivant dans la capitale allemande. Mais la sportive de 19 ans ne veut pas utiliser ce contre-temps comme excuse. "D'ailleurs, je n'ai rien senti durant l'épreuve. Cela ne m'a pas gênée. Mais une fois l'effort terminé, ma gorge ressemblait à du papier mâché." Sans compter le forfait d'Annelies Dom, insuffisamment rétablie de sa chute à l'entrainement et de sa blessure à la jambe. Gilke Croket a tenté de la remplacer au mieux mais elle a vite craqué. "La stratégie est que je prenne le début de course à mon compte. Le départ a été bon. Normalement, je devais encore prendre un relais mais les jambes ont explosé plus vite que prévu et c'était fini pour moi."
Cet échec constitue donc la dernière prestation de Gilke Croket avec le maillot de l'équipe nationale car la sportive de 27 ans va s'arrêter à la fin de la saison 2020. "C'est dommage car nous avons travaillé quatre ans, mais il y a des choses plus graves dans la vie. Le cyclisme de compétition est fini pour moi. Je vais encore rouler quelques courses, mais je vais travailler à temps plein dans la pépinière de mes parents. Cela aurait été génial de conclure avec les Jeux Olympiques. Ce ne sera pas le cas, mais j'espère qu'on verra un jour une équipe de poursuite féminine aux Jeux."
PARIS 2024
Et si ce n'était que partie remise pour les Jeux de Paris 2024 ? La fédération voudra-t-elle poursuivre le projet ? Annelies Dom et Gilke Croket arrêtent, et Jolien D'hoore ne continuera pas l'aventure. "Pour moi, ce projet s'arrête mais l'avenir semble positif." Shari Bossuyt n'a que 19 ans, ses meilleures années sont encore à venir. Et Kopecky n'a que 24 ans. "Je ne sais pas quelle direction je vais donner à ma carrière après les Jeux olympiques. Je n'y ai pas encore pensé. Il y a des talents belges qui arrivent." Katrijn De Clercq, déjà remplaçante à Berlin, Julie De Wilde et Marit Vanhove incarnent la relève.
Pour Peter Pieters, la balle est dans leur camp. "C'est elles qui décident. En tant que fédération, nous voulons y aller, mais les coureuses doivent aller jusqu'au bout. Regardez chez les garçons : il y a beaucoup d'abandons. Alors que d'autres pays y vont à fond, nos coureurs choisissent souvent la solution de facilité. Ils optent pour la route ou terminent leurs études. Nous pouvons leur fournir un bon encadrement, mais en définitive, ce sont les sportifs qui ont le dernier mot."