Benoit Vêtu, l'incontrôlable entraineur du keirin japonais

Crédit photo DirectVelo

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A Berlin, Yūta Wakimoto (30 ans) a décroché sa première médaille au Championnat du Monde sur piste en décrochant l'argent du keirin. "J'ai enfin pu montrer mon vrai potentiel après être passé tant de fois à côté au Mondial", se réjouit-il auprès de DirectVelo. Le quadruple Champion d'Asie de la discipline a accumulé les frustrations sur les derniers Mondiaux (5e en 2016, sorti en repêchage en 2017, 9e en 2018 et 8e en 2019). "Mentalement, cela coincait toujours car je n'arrivais pas à gérer la pression." Mais cette fois-ci, son entraineur français Benoit Vêtu a été clair avec lui. "Soit il faisait une médaille, soit il regardait les Jeux de Tokyo à la télévision. J'avais trois coureurs alignés pour ce keirin. Celui qui faisait une médaille allait aux Jeux. Le contrat était simple". La pression était maximale mais Yuta Wakimoto a répondu aux attentes. "Il était déjà bien dans les manches de Coupe du Monde et le Championnat d'Asie. Il a donc enfin confirmé". Le Japonais a d'ailleurs fait forte impression, y compris parmi la concurrence et en particulier aux yeux du Champion du Monde néerlandais Harrie Lavreysen. "Pour la finale, je ne m'occupais que de lui. J'ai vu qu'il était vraiment dans un bon jour. Heureusement, le tirage en finale a fait en sorte que je me retrouve derrière lui. C'est ce que je voulais. J'ai pu le déborder dans le dernier tour", commentait le Champion du Monde après la course.

Depuis trois ans et demi, Yuta Wakimoto est entrainé par Benoit Vêtu. "J'ai quitté la France après les Jeux de Londres en 2012. J'ai travaillé en Russie, puis en Chine. Ensuite, la fédération japonaise m'a appelé et j'ai accepté le défi : avoir un Japonais champion olympique du keirin à Tokyo". Au delà du défi, cette expérience le rend heureux. "Contrairement à la Chine, j'ai une vie agréable avec ma famille, je gagne bien ma vie, je choisis où je vis, c'est important pour l'équilibre."

PAS DE RECONNAISSANCE EN FRANCE

Au Japon, Benoit Vêtu - qui travaille constamment avec son interprète - apporte, comme il le dit lui-même, "sa passion, son amour et son travail. Je suis réputé comme quelqu'un qui aime son travail et qui est parfois incontrôlable. Cela ne plaisait pas toujours en France. J'aime qu'on me fasse confiance". L'homme de 46 ans a ainsi un vrai pouvoir de décision dans le suivi des coureurs japonais. "J'apporte la prise de responsabilité, le fait d'assumer un rôle. L'étranger peut prendre facilement des décisions. Dans tous les systèmes au Japon, ce n'est jamais une seule personne qui tranche". En engageant un entraineur étranger, la fédération japonaise prépare également son fusible en cas d'échec. "Si cela se passe mal, cela va me retomber dessus. Je n'ai aucun problème avec cela. Par contre, quand les résultats sont positifs, il y a de la reconnaissance. Ce n'est pas le cas en France."

Si le Japon a inventé le keirin, Benoit Vêtu tient à faire la distinction entre le sport pratiqué à l'échelle nationale et internationale. "Au Japon, tu fais du keirin ton métier comme si tu décidais de devenir jardinier ou comptable. C'est un moyen facile de se faire de l'argent quand tu es doué. Ce ne sont pas des amateurs de vélo. Il ne doit y avoir que 5% de vrais passionnés. Mais le keirin, tel qu'on le voit au niveau international, c'est un autre monde". 

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