Rémi Cavagna : « Moi, j'adore ça »

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Impérial Rémi Cavagna. L’Auvergnat a réalisé un véritable exploit, ce samedi, en remportant la Faun-Ardèche Classic au terme d’un formidable numéro en solitaire de près de 50 kilomètres, repoussant ses premiers poursuivants à plusieurs minutes sous la pluie ardéchoise (voir classement). DirectVelo a recueilli la première réaction du vainqueur du jour après l’arrivée. 

DirectVelo : Quel exploit monumental !
Rémi Cavagna :  C’était une longue journée. Je suis parti directement dans la première montée. Ce n’était pas l’objectif car je voulais plutôt être à l’avant demain (dimanche). C’était mieux pour moi sur le papier. Mais je me suis retrouvé devant avec quatre autres coureurs et on s’est bien relayés. Il y a vite eu un bon écart. De mon côté, j’ai contrôlé sans en faire de trop. Je n’ai pas roulé plus que les autres. Sur la fin, j’ai vu que ça commençait à couiner, que tout le monde était fatigué… Je suis sorti sans attaquer, ça s’est fait tout seul. Je me suis retrouvé seul et à ce moment-là, mon directeur sportif m’a dit que j’étais fou (sourires). Je ne voulais pas faire la même erreur qu’au Tour de la Provence, lorsque j’ai été repris dans le Mont Ventoux. Ce jour-là, j’en avais mis un peu trop avant la dernière partie. Je voulais garder des forces pour la fin. Je connaissais très bien les montées alors j’y ai cru une fois au sommet de l’avant-dernière montée.

« ON EST TOUJOURS MIEUX DEVANT »

Tu disposais encore d’une avance très importante dans la partie finale de la course…
J’ai fait la descente sans prendre de risque car il y avait du gazole et ça glissait. Je n’avais rien à gagner à descendre à bloc par contre, j’avais beaucoup à y perdre. Je suis bien monté dans la dernière bosse d’un kilomètre et demi. Si je passais la dernière descente sans tomber, je savais que ça allait être bon.

On t’a senti en contrôle, moins fatigué que les autres…
Si, j’étais fatigué, mais j’ai senti qu’ils étaient plus à la peine que moi. Personnellement, j’adore les échappées comme ça, quand il fait froid. Je vois tous les visages marqués. On sent que les coureurs sont fatigués, qu’ils n’ont pas le moral… Moi, je n’ai pas le moral non plus, mais moi, j’adore ça (sourires). Je ne sais pas comment l’expliquer, mais j’arrive à me surpasser à chaque fois dans ces conditions. De toute façon, sur des courses comme ça, on est toujours mieux devant. On évite les chutes.

Voir tes adversaires avec le visage aussi marqué semble te booster !
Oui, ça me motive. Ils ont tous le k-way alors que moi, je pars avec le cuissard court et le maillot court, avec simplement une petite veste. Je ne mets jamais de k-way, j’étouffe là-dedans… Quand j’ai vu le peloton parti habillé comme ça, je me suis dit que c’était bien pour moi. J’ai essayé et ça a marché, je suis content.

« SI JE NE FAIS RIEN ET QUE JE RESTE DANS LES ROUES… »

On te sait adepte de ce type de numéro en solitaire. De par la topographie du jour et les conditions météos, est-ce qu’il s’agit cette fois-ci de ton plus grand exploit ?
Oui, je pense. Je fais 78 kilos et je ne suis pas un grimpeur. Je sais que je passe bien les montées, j’adore ça. Mais sur le papier, ce n’était pas la meilleure course pour moi. C’est pour ça que je suis vraiment content. Je gagne avec de l’avance et après un bon numéro tout seul. Si je ne fais rien et que je reste dans les roues, je ne peux pas gagner. Alors j’essaie et cette fois, ça a marché.

Te reste-t-il encore un minimum de forces pour la Drôme Classic ?
Oui. J’ai fini en ayant mal aux pattes mais j’aurai encore des forces demain (dimanche), j’espère. On verra ça dès le Km 0.

Tout le monde connaît ta capacité à mener des échappées à leur terme. À l’avenir, il semble qu’il te sera de plus en plus difficile de tenter ce genre de coups de loin…
On me le dit déjà. Avant le départ, certains coureurs me disent : “toi, tu ne pars pas” (sourires). C’est à moi d’être malin. Aujourd’hui (samedi), j’avais mis une petite veste qui n’était pas de la même couleur que mon maillot habituel. Ils n’ont pas dû voir que j’étais parti. C’était trop tard quand ils l’ont su. Julian (Alaphilippe) était plus observé que moi. C’est bien d’être “en-dessous” et d’avoir sa chance en se faufilant, même si les gars me connaissent. 
 

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