La poursuite du rêve olympique de Quentin Lafargue
La carrière de Quentin Lafargue sur la piste va prendre un virage. À partir du 7 septembre, le Champion du Monde du kilomètre 2018 va rejoindre l'équipe de France d'endurance pour un stage à Bourges (lire ici). "C'est mon idée, mon projet. J'y pensais depuis quelques temps déjà. Le confinement m'a permis d'y réfléchir et j'ai soumis l'idée à la FFC", explique le coureur à DirectVelo. Du côté de l'endurance, Steven Henry a bien accueilli ce "choix de carrière. J'ai toujours imaginé qu'il était le sprinteur qui pouvait correspondre le plus à la poursuite par équipes car c'est le plus endurant. C'est un gros défi pour lui et pour nous", estime l'entraîneur national.
TOUJOURS DE L'AMBITION DANS LE KILOMÈTRE
Si Quentin Lafargue se met à la poursuite par équipes, il n'abandonne pas totalement le sprint. "J'ai toujours de l'ambition dans le kilomètre où je reste performant", rappelle le Champion d'Europe en titre et vice-Champion du Monde à Berlin. "J'espère que mon profil hybride pourra apporter à l'équipe de poursuite. Il y a déjà beaucoup de coureurs talentueux comme Benjamin Thomas ou Corentin Ermenault. Je veux d'abord intégrer le collectif et travailler avec eux", précise le sociétaire du Team Voussert. "C'est une richesse pour nous d'accueillir un coureur avec une expérience différente", apprécie le technicien.
L'ancien Champion du Monde a dans la tête une échéance : "Paris 2024. Les poursuiteurs avaient déjà les moyens de se qualifier pour 2020. La prochaine fois à Paris, l'objectif ne sera pas la qualification mais une médaille".
LE KILOMÈTRE SE RAPPROCHE DE LA POURSUITE
Steven Henry imagine bien sa nouvelle recrue au poste de démarreur. "Le départ de la poursuite demande moins de puissance max, il faut être économe au démarrage. La deuxième étape sera d'être capable de passer un deuxième relai", prévoit le technicien. Chiffres à l'appui, il démontre que petit à petit, le kilomètre et les 4 km de la poursuite par équipes se rapprochent. "On en vient à des temps de 54-55" pour le deuxième et troisième kilomètre lancé". Les Danois lors de leur record du monde ont démarré sur les bases de 1'00"992 aux premiers mille mètres. Quentin Lafargue observe aussi depuis le quartier des coureurs l'évolution de la poursuite olympique. "Les braquets sont plus gros, ce n'est plus vraiment de l'endurance mais pas du sprint non plus. Cela correspond à mon profil de sprinteur résistant".
Depuis sa décision, le licencié du VC Elancourt-Saint-Quentin-en-Yvelines n'a pas changé son entraînement. "Je n'ai pas d'ambition sur la route. Je vais prendre l'habitude de travailler les efforts plus longs mais je veux garder mon activité du sprint", précise-t-il. D'ailleurs, Steven Henry souhaite que le néo-poursuiteur "conserve ses capacités de sprinteur. Mais il devra perdre du volume musculaire pour améliorer son aérodynamisme".
DES EXEMPLES À L'ÉTRANGER
Dans sa discipline, le Bordelais est déjà capable d'endurer les longs efforts répétés. Pour devenir Champion du Monde à Pruszkow en 2018, il avait enchaîné deux "bornes" en 59"8 et 1'00"0 entre l'après-midi et la soirée. Ce jour-là, Francesco Lamon rate la médaille de bronze pour 13/100e. Le Français pourrait dorénavant retrouver l'Italien en face-à-face dans des tournois de poursuite car il est également le démarreur du quatuor italien.
D'ailleurs, le changement d'aiguillage du coureur de 29 ans n'est pas inédit. La borne est un peu le carrefour de l'endurance et de la vitesse. Kian Emadi a suivi le même chemin pour devenir démarreur du quatuor britannique. "Ce n'est pas quelque chose de nouveau à l'étranger, pourquoi pas s'en inspirer ?", remarque le pistard. En 2009, Taylor Phinney a cumulé la médaille d'or du Championnat du Monde de poursuite individuelle et l'argent du kilomètre. Et encore plus loin, Pierre Trentin, Champion olympique du kilomètre en 1968 était aux Jeux de Montréal dans l'équipe de France de poursuite olympique et Daniel Morelon a été sélectionné à son premier Championnat du Monde en 1962 en... poursuite par équipes.