Corentin Ermenault : « Je ne l'accepte pas »

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Corentin Ermenault n'ira pas aux Jeux olympiques de Paris. Le sociétaire du Team Bricquebec Cotentin l'a annoncé sur ses réseaux sociaux. C'est le rêve d'une carrière qui s'écroule pour le compétiteur de 28 ans, qui avait prévu de raccrocher à la fin de cette saison. Le poursuiteur plusieurs fois Champion d'Europe explique à DirectVelo comment il ressent sa non-sélection.

DirectVelo : Comment as-tu appris ta non-sélection ?
Corentin Ermenault : Steven (Henry) est venu me le dire à la fin du dernier stage. Il avait deux arguments. Le premier c'est que mon deuxième relais n'est pas assez bon. Mais le deuxième relais de Thomas (Denis) qu'il a sélectionné est moins bon que le mien. Si on regarde le tableau des Watts, j'en perds moins que lui sur ce deuxième relais. L'autre argument c'est que Thomas pouvait occuper plusieurs postes mais aux JO, on a une poursuite par jour, on n'a pas besoin de changer la composition de l'équipe. Il n'y a pas d'argument en fait... 

« JE SUIS TOMBÉ DE HAUT »

Quelle a été ta réaction ?
Au tout début, je pensais que c'était une blague mais j'ai vite compris que ce n'en était pas une. J'ai défendu mes arguments, j'ai voulu montrer noir sur blanc que Thomas perdait plus de Watts que moi. Je suis tombé de haut. C'était le matin. Le midi, j'ai réuni les coureurs pour leur dire un mot d'adieu.

Comment te sens-tu depuis ?
Je me demande ce que je fais là. J'ai tablé ma vie sur cet objectif, je vis pour les JO, alors apprendre que je n'y serai pas, et de la manière dont je l'ai appris, je ne l'accepte pas.

« JE NE COMPTAIS PAS ALLER AUX JEUX EN ME RIDICULISANT »

Tu étais présent au Championnat de France où tu as fini 2e Amateur au contre-la-montre...
Entre le stage et le Championnat de France, j'ai disputé une course (la Flèche Bigoudène, 12e, NDLR) et je suis monté sur le vélo la veille du chrono, c'est tout. Au Championnat, je pleurais sous mon casque et sous mes lunettes.

Est-ce que tu sentais venir cette non-sélection ?
J'ai fait confiance à la fédération et à Steven. On m'a dit de préparer les JO, pas le stage. Après la Coupe des Nations au Canada (en avril, NDLR), où mon niveau n'était pas ouf', Steven m'a dit qu'il comptait toujours sur moi et que "si en juin, tu es nul, on va se poser des questions". Mais on ne me disait pas que je ne serai pas sélectionné. J'ai progressé et la règle du jeu c'était, "si tes Watts progressent, tu seras dans la sélection". J'ai demandé si je devais préparer spécialement le stage, on m'a dit non. J'ai progressé de 30 à 50 Watts pour le premier relais. Si je n'étais pas dans le match pendant le stage, j'aurais été le premier à accepter de ne pas y aller. Je ne comptais pas aller aux Jeux en me ridiculisant.  

« LE RECORD DE L'HEURE, C'EST LE SEUL TRUC QUI POURRAIT ME REDONNER ENVIE »

On te sent meurtri...
Le truc qui me poignarde le plus, c'est que je pensais que Steven me connaissait bien, mais non. Je ne suis pas un foudre de guerre à l'entraînement mais je suis beaucoup plus fort en course. J'ai toujours sorti un nombre de Watts supérieur en course. En stage, j'étais déjà au-dessus en terme de Watts. Steven ne l'a pas pris en compte.

Comment vois-tu la suite ?
Je ne vois pas grand-chose. C'est très compliqué pour moi. J'ai l'impression que tout m'est tombé dessus. Pour l'instant je n'ai pas envie de reprendre. J'avais envie de tout plaquer mais ça m'embête de finir comme ça. Je me voyais finir en beauté et là ça gâche le reflet de ma carrière. J'ai l'image du mec pas sélectionné. J'aimerais finir en beauté et donner une belle image de moi mais je ne sais pas si je vais réussir à remonter sur le vélo. Avec Axel Narbonne-Zuccarelli, on parlait du record de l'heure. C'est le seul truc qui pourrait me redonner envie mais pour l'instant, l'envie n'est pas là. Cette non-sélection, c'est un truc qu'on ne digère pas mais il faut vivre avec. 

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