Titouan Margueritat : « L’impression que je ne réalise pas encore »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

De la catégorie UFOLEP (lire ici) au titre de Champion de France Amateur 2024 ce vendredi à Saint-Martin-de-Landelles (voir classement), c’est la trajectoire de Titouan Margueritat. Dans un contexte où de très jeunes pousses intègrent très vite les rangs pros, le sociétaire du Team Atria-Montluçon Cyclisme âgé de 27 ans a connu de son côté une maturation progressive et tardive en passant à l’échelon FFC dans les rangs de l’UV Limoges-Team U 87 puis du CC Périgueux Dordogne. Après une première saison pleine en 2022, il a vécu un exercice 2023 compliqué en raison de problèmes de santé. Cet hiver, en parallèle du cyclo-cross qu’il a quelque peu délaissé bien qu’étant classé 9e du Championnat de France, Titouan Margueritat a changé de club en intégrant le Team Atria-Montluçon Cyclisme et a confié son entraînement au jeune retraité des pelotons, Clément Carisey. Lauréat de neuf courses depuis le début de saison, celui qui travaille à la Poste de Bourges, en tant que chef d'équipe et qui fait ses tournées à pied, va désormais arborer sa nouvelle tunique bleu-blanc-rouge de Champion de France et non pas celle de Champion AURA, qu'il n'a pas toujours pas reçue. Titouan Margueritat se confie au micro de DirectVelo sur sa course, sa joie, son parcours et son avenir.

DirectVelo : Tu deviens Champion de France Amateur ! Que ressens-tu ?
Titouan Margueritat : J’ai l’impression que je ne réalise pas encore. Il y a vraiment beaucoup de joie. Je savais que je faisais une belle saison et que j’avais le niveau pour le faire. De là à y arriver, c’est vraiment super, je suis trop content. Dans le dernier kilomètre, je ne savourais même pas, je n’y croyais pas. À deux bornes de l’arrivée, je commençais à cramper, j’étais obligé de me mettre en danseuse, je me disais « encore, encore ». Ce n’est qu’aux 500 mètres que je me suis dit que c’était bon. Avant, j’étais concentré à fond, on ne savait jamais ce qui pouvait se passer.

« ON RESTE UNE PETITE ÉQUIPE N2 »

Tu venais pour ce titre ?
On venait pour un podium. On savait qu’on avait les cartes et que j’avais les jambes. Mais ça reste une course d’un jour, on peut ne pas être bien. J’ai eu une bonne préparation avec le Beaujolais et le Nivernais Morvan, il fallait bien récupérer et ça a été le cas. On ne voulait pas se mettre une pression de dingue, on reste une petite équipe N2, on a composé avec nos cartes.

Ton équipe t’avait demandé d’attendre les deux-trois derniers tours pour bouger, tu as respecté le plan…
Ils me connaissent, ils savent que j’aime bien en mettre partout et à la fin souvent, il m’en manque un peu. Hier, Nicolas (Vogondy, son directeur sportif, NDLR) m’a dit de me canaliser, de ronger mon frein et d’essayer d’attendre au moins les trois derniers tours. J’ai commencé à attaquer une ou deux fois afin que la course se décante. Un petit groupe de costauds est sorti, puis on repart à trois avec un représentant de Bourg-en-Bresse (Joris Chaussinand) et un de Villefranche (Tao Quemere) sachant que c’était les équipes les mieux représentées derrière. À chaque fois, personne ne voulait rouler même s’il y a un peu de course d’équipe, il n’y en a pas trop en fin de compte car tout le monde veut vraiment gagner. Quand on s’est retrouvé à trois, je me suis dit que ça sentait bon. J’ai vu que mes deux compagnons étaient fatigués et crampaient. J’en avais encore et il fallait aller jusqu’à la ligne, ça l’a fait.

« SI JE NE FAISAIS QUE DU VÉLO, ÇA SE PASSERAIT PEUT-ÊTRE MOINS BIEN »

Aurais-tu imaginé un tel sacre il y a quelques années ?
Franchement, je n’y pensais vraiment pas. Il y a deux ans, j’avais réalisé une belle saison, j’avais gagné neuf courses. Mais c’est surtout cette année que j’ai le niveau Elite pour jouer avec les meilleurs. Le fait que Clément Carisey m’entraîne m’a fait franchir un gros cap cet hiver. Il me canalise afin de ne pas trop en faire à l’entraînement. J’ai participé à moins de cyclo-cross pour mieux me préparer. J’ai été au Championnat de France de la spécialité avec une préparation route classique. Il faut savoir faire des choix avec le boulot.

La saison dernière, tu disais que tu étais au fond du trou, que tu avais des carences, que tu étais cuit après des sorties de 1h30, que tu pensais même arrêter (lire ici)…. T’es-tu remémoré toutes ces galères dans le final ?
L’an passé, j’ai connu une saison difficile. Je pense que j’ai eu le Covid en mars-avril, j’ai mis deux mois à m’en remettre. Après j’avais des carences en fer, j’étais complètement à plat. Je roulais 1h à 20 km/h, c’était horrible. C’est derrière moi, il faut penser à l’avenir et profiter des bonnes conditions. Depuis début 2024, je n’ai pas eu de coup de mou. C’est super, il faut continuer sur cette lancée.

Ce titre t’ouvre de nouvelles perspectives !
Pour moi, il faut avoir un bon équilibre entre le vélo, la vie personnelle et professionnelle. Je pense que je l’ai, j’aime mon travail, tout ça fait que ça fonctionne aujourd’hui. Demain, si je ne faisais que du vélo, ça se passerait peut-être moins bien. Certes, c’est beaucoup de fatigue, je me lève à 5h du matin mais c’est cadré, je bosse puis je vais rouler.

« À 80 %, JE RÉPONDRAIS NON »

Même si tu reçois un appel d’une équipe pro ?
À 80 %, je répondrais non. Je suis tellement bien dans l’équipe. On a un bon groupe, le staff veut faire un bon truc l’année prochaine et continuer à monter. Ils avaient Pro Immo avant, ils savent ce qu’ils font, ils ont des ambitions. J’ai envie de faire partie de l’évolution de l’équipe, c’est valorisant. Cette année, je leur permets d’avoir tous ces résultats avec les gars. J’ai 27 ans aussi…

Tu symbolises d’ailleurs le vélo amateur dans un contexte où tous les jeunes veulent passer pro à 18 ans….
Je trouve ça dommage de faire passer pro des mecs de 19 ans. Bien sûr, il y a les watts mais sur le papier, ça ne fait pas forcément de bons coursiers. C’est ma vision des choses, j’ai peut-être tort. Mais quand je vois des mecs qui sont au plus haut niveau amateur depuis des années et qui ne passent jamais pro…



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