Les jeunes coureurs de la Lotto-Soudal ont fait belle impression sur les premières courses françaises de la saison, à l'Étoile de Bessèges (2.1) ou lors du Tour de la Provence (2.Pro). La WorldTeam belge mise sur des talents prometteurs et ceux-ci semblent déjà bien leur rendre. “On a fait le choix, dans notre recrutement, de prendre beaucoup de jeunes. Maintenant, il est important de les mettre dans les meilleures conditions possibles. Pour l’instant, ça ne se passe pas trop mal. On est content et on espère faire en sorte qu’ils puissent s’épanouir petit à petit”, explique Maxime Monfort, directeur sportif de la Lotto-Soudal sur les premières courses hexagonales de la saison, auprès de DirectVelo. Parmi ces garçons prometteurs, deux Italiens. Filippo Conca, tout d’abord. Transfuge de la Conti italienne Biesse Arvedi, le coureur de 22 ans a fait ses débuts chez les grands lors du Tour de la Provence et s’est immédiatement illustré en remportant le classement de la montagne grâce à son tempérament offensif. Ce panache, il compte bien le développer chez les pros. “Plein de coureurs, en passant pro, ont pour objectif de gagner le Giro, des Classiques… Moi, je veux devenir comme Thomas Voeckler, Jens Voigt, Thomas De Gendt ou Alessandro De Marchi…”.

STEFANO OLDANI BÉNÉFICIE PLEINEMENT DE L'EXPÉRIENCE DE PHILIPPE GILBERT

Pourtant, sur le papier, on pourrait l’imaginer grimpeur après ses deux Top 5 sur le Tour d’Italie Espoirs en 2019 et 2020, ou encore suite à sa 7e place sur un Tour du Val d’Aoste. Alors pourquoi ne pas se rêver en futur spécialiste des courses par étapes ? “Je ne sais pas vraiment quel type de coureur je vais devenir mais je suis sûr de ne pas être un grimpeur. Lors de mes deux Top 5 au Giro U23, j’ai perdu du poids et j’arrivais maigre sur la course. J’avais quand même le sentiment de perdre du muscle et de la puissance. Or, le niveau dans les cols chez les pros est tellement haut que ça n’en vaut pas la peine… Je ne vais pas réitérer ce processus. Je ne veux pas prendre le risque de perdre de la force et de devenir moins fort sur les autres terrains”. Le Transalpin estime ainsi qu’il sera “plus utile à l’équipe” en conservant sa morphologie actuelle.

Stefano Oldani est l’autre coureur italien de la Lotto-Soudal en 2021. Après une expérience en Espagne dans l’équipe Kometa, il a plongé dans le grand bain du WorldTour l’an passé et s’est directement illustré avec, entre autres, deux Top 10 d’étapes sur le Tour d’Italie. “J’étais surpris de décrocher ces résultats à un niveau aussi élevé. Mais, c’est bien connu, l’appétit vient en mangeant. Je veux faire mieux cette année. Sur les arrivées en petit comité, j’ai la pointe de vitesse pour faire un résultat, sur les arrivées à plat après des courses casse pattes, un peu comme je l’avais fait au Tour de l’Avenir. J’espère faire un bon résultat sur une étape du Giro cette année”. Car à 23 ans, il disputera son deuxième Tour d’Italie cette année, lui qui s’est déjà bien lancé sur les routes du sud de la France en enchaînant le Grand Prix La Marseillaise, l’Etoile de Bessèges et le Tour de la Provence ces dernières semaines. Trois courses qu’il a disputées au côté d’un certain Philippe Gilbert. “Je le regardais à la télé quand j’étais tout petit. Courir avec lui et bénéficier de ses conseils est un rêve. C’est un grand Champion et un grand homme. J’apprends beaucoup de lui et j’espère pouvoir l’aider à gagner Milan-San Remo, la grande course qu’il lui manque”, relate le 8e de l’étape de Manosque sur le dernier Tour de la Provence (2.Pro). “Je devais déjà aider « Phil » ce jour-là mais il a été gêné par une chute alors j’ai joué ma carte”.

UNE COMBINAISON ENTRE JEUNESSE ET EXPÉRIENCE

Voilà un aspect important dans ce processus de formation des jeunes coureurs chez Lotto-Soudal. Lors de chaque rendez-vous du calendrier, ils sont épaulés par des coureurs très expérimentés et aux nombreuses victoires chez les pros - notre photo -. Ainsi, le front de jeunes aligné sur les courses françaises en février s’est retrouvé accompagné de John Degenkolb, Philippe Gilbert ou encore Tim Wellens. “C’est un choix assez automatique et on se rend compte que ça fonctionne. Nous avons des leaders qui aiment communiquer avec les jeunes et en même temps, notre effectif est fait de la sorte. Nos gars expérimentés sont nos leaders et entre les deux, il n’y a presque personne. On a peu de coureurs entre 26 et 30 ans. On a nos anciens, et des coureurs très jeunes”, précise Maxime Monfort. Dans l’effectif actuel, seuls cinq coureurs sont en effet nés entre 1991 et 1995 : Steff Cras, Caleb Ewan, Frederik Frison, Matthew Holmes et Tim Wellens. Les autres sont de jeunes talents ou des trentenaires. “J’ai l’impression d’être à l’université avec des garçons comme John, Tim ou Philippe (rires). Ce sont de super leaders”, s’amuse Stefano Oldani.

“Je suis fier d’être dans une équipe comme celle-là. Nous avons beaucoup de jeunes et un groupe très solide. C’est le mix idéal car ils peuvent nous aider, nous dire quoi faire et nous apporter toute leur expérience. On apprend beaucoup mieux avec les anciens du groupe, c’est une vraie chance”, confirme et insiste Florian Vermeersch. Le Flamand a rejoint la WorldTeam belge l’été dernier. Et du haut de ses 21 ans, il a déjà eu l’occasion de disputer les Strade Bianche, Tirreno-Adriatico, Gand-Wevelgem ou encore le Tour des Flandres. “Avoir déjà pu disputer de telles courses en 2020 est forcément un atout, ça va m’aider pour cette année. C’est de l’expérience de prise. J’ai été surpris d’être aligné aussi vite sur ces courses-là mais c’est top. Je suis ravi de voir que l’équipe me fait déjà confiance de la sorte, ça fait du bien. C’est très relax, on est dans de super conditions pour bosser”, se réjouit l’ancien Champion de Belgique Espoirs.

RAPIDEMENT PRÉSENTS SUR DES COURSES TRÈS PRESTIGIEUSES

Outre le fait d’être constamment épaulés par les hommes forts du groupe, les petits nouveaux de la Lotto-Soudal bénéficient très rapidement d’un calendrier varié, avec des participations à certaines des courses les plus prestigieuses au Monde. “C’est la tendance dans toutes les équipes, nuance Maxime Monfort. Il ne faut pas avoir peur de les lancer. Mais il ne faut pas leur mettre de pression. S’ils sont au départ d’un Tour des Flandres, ce n’est pas l’Étoile de Bessèges… On ne peut pas avoir les mêmes exigences, mais c’est important d’y aller assez jeune pour espérer y performer d’ici quelques années”. C’est ainsi que Florian Vermeersch a disputé « le Ronde » quelques mois après son passage chez les pros, alors que Stefano Oldani a donc disputé le Tour d’Italie. “Ils sont tous différents. Florian est peut-être à part car il a vraiment beaucoup de talent. Pour les autres, on doit encore les découvrir. Chacun pourra s’épanouir à son rythme. En général, tous les gars qui passent pro ont du talent puisqu’ils l’ont déjà prouvé chez les Espoirs mais ensuite, on ne sait pas où se situent les limites de chaque gars, même s’ils ont les meilleurs tests d’efforts ou les meilleurs résultats chez les U23. Ce n’est pas gage de réussite. Il faut les tester pour en savoir plus sur leurs possibilités”, ajoute Maxime Monfort.

Les jeunes ont la confiance de leur staff, et ils n’ont franchement pas froid aux yeux. “On est vite dans le coup. On voit qu’il est possible de marcher très fort en étant jeune. On devine plus rapidement le potentiel des nouveaux talents ces dernières années, promet Stefano Oldani. C’est super de miser sur les jeunes de la part de l’équipe. On compte bien leur prouver qu’ils ne se sont pas trompés en misant sur nous !”. Ce samedi, pour l’ouverture de la saison en Belgique à l’occasion du Circuit Het Nieuwsblad, la Lotto-Soudal va rester fidèle à ses principes en envoyant au front quelques-uns de ses jeunes talents comme Andreas Kron (22 ans), Stefano Oldani, Brent Van Moer (23 ans) ou Florian Vermeersch (21 ans), lesquels seront solidement entourés par leurs leaders Philippe Gilbert ou Tim Wellens. Un scénario que l’on devrait voir très souvent à la Lotto-Soudal en 2021.