Entraînements dirigés vers l'espoir

Crédit photo Michael Gilson - DirectVelo

Crédit photo Michael Gilson - DirectVelo

Une vieille dame de presque 125 ans peut donner un grand bol d'air frais à des jeunes de 10, 13 ou 16 ans. Une fois par mois, à partir du 24 mars et jusqu'au 16 juin, les Mercredis cyclistes de Lurcy-Lévis vont permettre à des Cadets, Minimes et aux écoles de vélo, de s'initier à la piste et de s'entraîner ensemble dans le vélodrome de l'Allier, le plus vieux de France encore sur son site d'origine. "Nous avons demandé l'autorisation à la mairie. Cela reste un entraînement, il n'y a pas de dossards", explique l'organisateur, Gérard Besson, à DirectVelo.

« AVOIR L'ACCORD DU MAIRE »

C'est ce qu'on appelle un entraînement dirigé. Les compétitions pour les mineurs sont interdites et depuis le 16 janvier, seule l'activité sportive en plein air est autorisée pour eux. Et si la pratique est encadrée et sans contact, il n'y a pas de limitation du nombre de pratiquants. Les vélodromes en plein air sont donc des lieux idéaux pour ces entraînements en groupe.

Dimanche dernier, c'est aussi grâce à la confiance d'un maire que le comité départemental du Finistère et SportBreizh ont pu organiser un entraînement dirigé sur route pour des Minimes, Cadets  et Juniors-Espoirs 1. Plogoff était jusqu'à présent plus connu pour son projet de centrale nucléaire que pour ses courses cyclistes. "La première chose, c'est d'avoir l'accord du maire. Ensuite, l'autorisation de la préfecture et enfin, respecter les règles le jour de la course, énumère pour DirectVelo Yves Thomas, le président du CD 29. La mairie a joué le jeu et le maire a pris le risque d'accepter. Il n'y avait jamais eu de course à Plogoff. Il nous fallait 35 bénévoles pour garder les routes mais nous avons reçu 70 demandes. Tout le monde était content d'être là".

Il a donc fallu convaincre plusieurs niveaux administratifs pour réunir des coureurs finistériens et pas d'autres départements. "L'entraînement était déclaré en mairie, car c'était seulement sur le territoire d'une commune, et au département, car nous empruntions une départementale. Pour la préfecture, comme c'est un entraînement, ce n'était pas le régime de l'autorisation. Elle ne s'y est pas opposée, en fait. Mais ils sont très tatillons sur les termes. Ils nous ont demandé de limiter à 55 coureurs par catégorie. La préfecture avait déjà vu notre sérieux pour les contre-la-montre d'Argol et Plouhinec l'an dernier. Nous sommes crédibles. Ils nous ont d'ailleurs demandé un retour de ce qui s'est passé dimanche", ajoute Yves Thomas.

« REDONNER DE LA VIE »

Lurcy-Lévis, dans l'Allier, est au confluent de trois comités : Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté et Centre-Val de Loire. "Les jeunes viennent de clubs des trois régions, dans un rayon de 60 kilomètres", indique Gérard Besson, l'initiateur de ces Mercredis cyclistes, il y a trois ans. En 2019, 50 jeunes étaient présents par réunion. "Si on en a 20-30 cette année, on sera content. J'ai déjà cinq clubs qui ont répondu". Chaque après-midi ressemblera presque à un cours en plein air. Partie théorique, échauffement et mise en application de la théorie dans des petits pelotons. Chaque mercredi aura son thème : scratch, élimination, course aux points et tempo. "Le protocole FFC pour la piste s'applique et le nombre d'éducateurs par club sera limité", précise le dirigeant passionné des vélodromes qui compte bien organiser sa journée de prestige annuelle les 21 et 22 août.

A Plogoff, les jeunes ont pris au sérieux cet entraînement et comme tout entraînement de groupe, rien n'interdit de mettre les mains en bas et de se tirer la bourre, avec l'avantage d'être sur une route gardée. "Les Minimes et les Cadets, on sentait qu'ils avaient envie de reprendre. C'était joli à voir", apprécie Yves Thomas. Il y avait donc un parfum de course mais dans le respect des règles sanitaires. "C'était un contexte spécial, très structuré avec le port du masque. Le règlement prévoyait qu'une fois que le coureur avait terminé sa course, il devait partir. Le premier Minime a levé les bras et il s'en est allé à sa voiture. Cela permettait d'avoir moins de monde autour du circuit, environ 100 personnes autour des 3 km. Tout le monde a joué le jeu".

Les deux organisateurs se rejoignent sur la raison profonde de ces organisations. "L'idée, c'est de redonner de la vie", insite Gérard Besson. "L'objectif était d'offrir une perspective. Il faut que les clubs y aillent maintenant", prolonge Yves Thomas. Ce samedi, le VS Valletais propose des "activités encadrées" pour les Cadets et Minimes à la frontière du Maine-et-Loire et de la Loire-Atlantique. Leurs actions rejoignent les mots de Roxana Maracineanu, ministre des sports, du 11 mars : "notre priorité aujourd'hui est que la pratique sportive des mineurs puisse reprendre". Reste à convaincre les préfets et harmoniser leur lecture des textes du ministère.

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