À Limoges, Warren Barguil a remporté sa première course par étapes depuis qu'il est passé pro en 2013. Pourtant la balle a longtemps tourné autour du cerceau avant de tomber dans le panier mais dans cette édition animée de bout en bout du Tour du Limousin, tout était possible. "Le parcours était très très dur. La chaleur du dernier jour m'a bien aidé aussi. C'était une journée pas facile pour tout le monde. C'est un parcours où on ne peut pas se cacher", déclare-t-il à DirectVelo. Le maillot jaune Dorian Godon, malade toute la nuit, n'a pas pu dissimuler ses faiblesses. "Avec la chaleur et la déshydratation, j'ai eu des crampes dans la bosse du dernier tour. Je n'arrivais plus à respirer, j'étais à bloc, ça m'a lâché d'un coup", explique le coureur d'AG2R Citroën.

Au départ de Sauviat-sur-Vige ce vendredi midi, le coureur d'Arkéa-Samsic comptait 14" de retard sur le maillot jaune... et 20 places d'avance sur Franck Bonnamour, classé dans le même temps que lui. Dans le dernier tour du circuit de Limoges, le représentant de B&B Hôtels p/b KTM place une grosse mine à 9,5 km de l'arrivée. Avec un temps de retard, le Champion de France 2019 réplique mais pas Dorion Godon, qui lâche définitivement deux kilomètres plus loin. "Toute l'équipe s'est sacrifiée pour moi, je suis très déçu, c'est cruel". Et les deux poursuivants du maillot jaune au général s'accordent alors pour définitivement sortir le maillot jaune de la bataille. "J'ai dit à Warren, « j'ai l'impression que Dorian est à bloc », alors on s'est entendu pour attaquer mais personne ne roulait avec nous", regrette Franck Bonnamour. À partir de ce moment-là, le Tour du Limousin se joue entre les deux Bretons.

« SUR LA DERNIÈRE ATTAQUE DE FRANCK, JE METS TOUT »

Warren Barguil est alors bien épaulé. "On se marquait avec Franckie. Mon grand pote Maxime Bouet était toujours à mes côtés. Kevin (Ledanois) a fait un super boulot sur le circuit, avec Dayer (Quintana) et Winner (Anacona). Ils ont été très importants pour moi". Du côté du coureur de B&B Hôtels, on la joue à deux. Lancé par Bryan Coquard, Franck Bonnamour remet ça à deux kilomètres de l'arrivée. Mais problème, le sprinteur des Men in Glaz est trop fort. "Il marchait très fort, il m'a lancé très, très fort pour essayer de faire péter Warren. Mais il me restait l'effort de la bosse d'avant et je n'ai pas pu mettre la petite dent pour faire la différence". L'ancien Champion de France veille donc au grain. "Sur la dernière attaque de Franck, je mets tout", assure-t-il, avant de se permettre de le contrer. Sur la ligne d'arrivée, le coureur de 29 ans accentue encore son avantage en places en devançant son adversaire direct (voir le classement).

Franck Bonnamour est bon joueur. "Arriver deuxième dans la même seconde est forcément une déception, mais j'ai tout essayé, je n'ai pas de regrets. Je voulais attendre la dernière bosse pour tout mettre, c'est ce que j'ai fait". Le 5e de la Flèche Wallonne savoure lui à sa juste mesure ce succès. "Avec le parcours de cette année et le niveau du peloton, c'est une belle victoire. Ça aurait été bien aussi de lever les bras mecredi (2e de l'étape, NDLR) mais c'est bien de remercier mes équipiers en gagnant le général". Le Breton a dû quitter le dernier Tour de France sur chute "Depuis, j'ai travaillé mais j'ai mis un peu plus de temps que prévu pour revenir. J'aurais aimé être mieux à l'Arctic (8e NDLR), cette semaine ça s'est mieux passé". Warren Barguil repart gonflé à bloc pour ses objectifs de la suite de la saison : la Bretagne Classic et les courses italiennes de fin de saison.


Crédit vidéo : Cédric Congourdeau