Romain Grégoire : « C’est juste fou ! »

Crédit photo Cloé Colinet - DirectVelo

Crédit photo Cloé Colinet - DirectVelo

Romain Grégoire était attendu, et il a répondu présent ! Parmi les favoris des Championnats d’Europe de Trente, l’habituel coureur de l’AC Bisontine, qui évolue en parallèle avec la structure AG2R Citroën U19, a porté l’attaque décisive dans le dernier tour pour s’échapper avec son compatriote Lenny Martinez, et Per Strand Hagenes (Norvège). Puis il a réglé ce petit groupe pour s’offrir le maillot de Champion continental (voir classement). À la descente du podium et après une Marseillaise qui a fait pleurer toute l’équipe de France, Romain Grégoire s’est confié à DirectVelo sur son émotion, les yeux bien rougis par sa matinée en Italie.

DirectVelo : Il y avait énormément d'émotion à l'arrivée, que représente ce maillot sur tes épaules ?
Romain Grégoire : C'est un sentiment de fierté incroyable ! J'avais directement annoncé dès le début de l'année que c'était mon gros objectif de la saison. J'avais fait les choses bien pour arriver en forme ici. J'avais déjà reconnu le circuit au mois de juin. Réussir à achever le travail que je prépare depuis des mois... c'est une immense fierté.

La course était pourtant beaucoup plus fermée que prévu...
C'était assez fermé oui, honnêtement j'avais un peu peur. Pendant sept tours sur huit j'avais l'impression qu'on était en train de perdre la course. On était attentistes, on n’arrivait pas à durcir comme on le voulait. Et les grosses cuisses arrivaient à passer donc j'avais un peu peur que ça arrive groupé. Finalement c'est monté assez fort au pied de la dernière ascension, et sur le haut j'ai pu mettre ma grosse attaque que j'avais prévue. On est donc sorti à trois. Le Norvégien était très fort dans le plat descendant. Ça nous a bien aidés à conserver la petite avance qu'on avait prise.

« LE DERNIER VIRAGE A FAIT LA DIFFÉRENCE »

Une fois sortis à trois, tu as été soulagé que ça sorte enfin ?
C'était un peu le problème du circuit. La bosse en elle-même ne suffit pas parce que derrière c'est un long faux-plat descendant qui n'est ni technique ni rapide. Pour un homme seul c'est quasiment foutu. J'avais essayé à trois tours de l'arrivée, mais tout seul je n'avais aucune chance avec cette descente. Là à trois c'était bien, avec le Norvégien qui tournait vite les jambes. C'est ce qui nous permet d'aller au bout.

Puis est venu le moment de s'expliquer à trois...
Dans le final, j'avais confiance en ma pointe de vitesse. On était tous les trois récompensés par une médaille donc on ne s'est pas posé de questions jusqu'aux 500 mètres. J'ai réussi à bien virer à 200 mètres, prendre le virage comme je le voulais, et j'ai tenu jusqu'à l'arrivée !

Per Strand Hagenes est aussi redoutable au sprint, tu n'as pas eu peur ?
Je le connaissais bien, j'avais déjà couru contre lui à la Course de la Paix et à Aubel-Thimister-Stavelot. Pour moi c'était lui le grand favori. J'ai eu du mal à savoir comment j'aurais pu le battre. Je savais qu'au sprint il était très rapide, mais il s'est un peu raté dans le dernier virage, ça m'a permis de passer et c'est ça qui a fait la différence.

« J’AVAIS ANNONCÉ QUE SI JE FAISAIS 2 OU 3, JE TIRERAIS LA GUEULE »

Avez-vous discuté avec Lenny dans le final ?
On n'a pas réfléchi. Je m'étais fait avoir à la Course de la Paix en ratant le podium parce que j'ai voulu arrêter de rouler trop tôt. Là on avait au moins une médaille donc on s'est dit « à fond, à fond », jusqu'aux 500 mètres. Le Norvégien ne s'est pas posé de questions non plus, il assurait les plus gros relais, il était très fort sur le plat. On a tout mis et on est allé au bout.

Tu réalises une saison toujours plus folle avec ce titre international !
Je fais une super saison oui, mais cette semaine je me disais qu'il me manquait un petit international. Je savais que c'était ma chance aujourd'hui, je l'ai prise, c'est juste fou ! Après, la réussite c'est peut-être que je ne cours que pour la gagne. Je déteste perdre. Au briefing j'avais annoncé que si je faisais 2 ou 3 je tirerais la gueule. C'était annoncé directement. Là j'ai le maillot, donc on va pouvoir faire la fête ce soir (rires) !

« LA PRÉPARATION MENTALE SERA UNE PARTIE IMPORTANTE POUR LA SUITE »

Forcément, tu vas encore être attendu au Mondial...
Je pense que je vais déjà profiter tout l'après-midi et la soirée ! Après on part en stage en Maurienne pour préparer le Mondial donc j'aurai le temps de me mettre dans la course. Le Mondial, c'est un profil différent, je n'aurai peut-être pas le même rôle. Là je veux surtout profiter à fond de ce titre européen, ma saison est réussie. Tout est du bonus.

En gagnant autant chez les Juniors, n'as-tu pas peur de l'attente qui pèse sur toi pour les années futures, et notamment chez les pros ?
Je suis très attendu, je vois déjà qu'il y a beaucoup d'engouement chez moi en Bourgogne-Franche Comté. À chaque fois que je me déplace, comme sur la Classic Grand Besançon, ça fait un peu de bruit autour de moi. Mais j'ai la chance d'être bien entouré et de m'y préparer. J'arrive à prendre beaucoup de recul là-dessus et rester concentré sur moi, mes objectifs, sans faire trop attention au bruit autour. Après, c'est quelque chose qui va forcément peser donc il faut que je le travaille. Mais c'est comme le physique, il faudra préparer aussi le mental, ça sera une partie importante pour la suite. Le monde pro, je sais que la marche est énorme. J'ai beau gagner en Junior, ce n'est pas un cran au-dessus, c'est deux ou trois crans à passer. Je vais prendre le temps pour y aller et on verra plus tard.



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