Marta Cavalli, la leçon de gestion
Marta Cavalli est sur un petit nuage. Après avoir offert à la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope le plus grand succès de son histoire il y a dix jours, lors de l’Amstel Gold Race, et à la suite d’une 5e place sur Paris-Roubaix samedi dernier, l’Italienne a décroché un nouveau succès de prestige, ce mercredi, lors de la Flèche Wallonne. En pleine confiance, l’ancienne Championne d’Italie sur route n’a pas hésité à faire rouler son équipe, notamment Brodie Chapman, pendant de longs kilomètres pour assumer le poids de la course derrière l’échappée. Avant de livrer une véritable démonstration dans le Mur de Huy, ascension durant laquelle elle est parvenue à se jouer de ses adversaires, et notamment de sa dernière rivale Annemiek van Vleuten, avec une facilité déconcertante (voir classement). De quoi pouvoir fièrement lever les bras et brandir ses muscles au franchissement de la ligne d’arrivée pour celle qui, dès son arrivée dans l’équipe hexagonale, avait été décrite comme la pièce manquante du puzzle pour apporter de gros résultats au collectif (lire ici).
LA TACTIQUE D’ANNEMIEK VAN VLEUTEN LUI CONVENAIT
“C’est une grosse surprise ! Sur l’Amstel, j’ai surpris tout le monde en plaçant une attaque dans le final et je me suis moi-même surprise car pendant toute la première partie de la course, je n’avais pas de bonnes jambes. Ici, sur la Flèche, j’ai montré toutes mes capacités physiques car ça s’est joué uniquement sur la force physique et j’étais en super condition. L’équipe a parfaitement travaillé pour moi mais je ne m’attendais pas à pouvoir en remettre encore, à 100 mètres de la ligne, pour passer Annemiek van Vleuten et être en mesure de gagner”, se réjouit l’Italienne en conférence de presse. “Annemiek est l’athlète la plus forte. Mais on sait aussi que ce n’est pas la plus explosive. C’était un bon point pour moi. Elle a essayé de mettre la pression en emmenant fort tout au long de l’ascension, dès le pied. Mais en réalité, c’est une situation qui me convenait”.
Tout au long de la course, Marta Cavalli a fait preuve de beaucoup de sang-froid. Lorsqu’une échappée imposante s’est constituée, tout d’abord, et que sa formation a dû assumer le poids de la course à l’arrière. Puis quand il a fallu gérer parfaitement la dernière ascension du Mur de Huy. “J’ai tenté de rester aussi calme que possible. Je voulais garder les roues le plus longtemps possible et faire l’effort au bon moment. On a déjà vu, beaucoup de fois par le passé, des athlètes qui essayaient d’anticiper les toutes dernières pentes mais qui finissaient par s’écrouler. Je ne voulais pas manquer de force et m’écrouler dans les derniers mètres. C’était une question de gestion. J’ai donc attendu au maximum et ça s’est parfaitement déroulé”.
AUCUNE PRESSION POUR UN ÉVENTUEL TRIPLÉ À LIÈGE
Ce doublé Amstel Gold Race - Flèche Wallonne est d’autant plus impressionnant qu’entre temps, elle a disputé Paris-Roubaix et y a terminé à la 5e place ! “Hier (mardi) encore, je souffrais toujours de Paris-Roubaix. J’avais mal un peu partout. Ce n’est pas facile de récupérer d’une telle course. On ne peut pas dire que c’est la meilleure préparation pour la Flèche Wallonne (sourire). Peut-être que si c’était à refaire, je ne serais pas allé à Roubaix, mais ça ne m’a pas empêchée de gagner ici”.
Et si, désormais, elle se mettait à rêver du triplé lors de Liège-Bastogne-Liège ? “J’ai confiance en mes jambes. Je n’aurai rien à perdre. J'essaierai de jouer sur le fait d’avoir déjà gagné deux fois. C’est une course qui me convient aussi. Il faudra éviter que ça arrive groupé avec beaucoup de filles car ma pointe de vitesse est mon principal défaut. J’ai trois jours pour imaginer une tactique mais il n’y aura pas de pression”. Car quoi qu’il arrive, la campagne des Classiques ardennaises de Marta Cavalli et de la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope est évidemment déjà pleinement réussie.