Du Brésil à Cholet, Pierre de Tarde concrétise un rêve
Pierre de Tarde va vivre un évènement ce dimanche. Le Narbonnais de 38 ans, qui vit au Brésil depuis 2015, va participer au Championnat de France Élites à Cholet. Le sociétaire de Swift Carbon Pro Cycling Brasil peut prendre le départ avec son contrat professionnel. Il revient pour DirectVelo sur son parcours et évoque son sentiment avant ce grand rendez-vous pour lui.
DirectVelo : Que ressens-tu avant d’aborder ce Championnat de France ?
Pierre de Tarde : Je ressens un grand frisson mélangé à beaucoup d’envie. Je concrétise un rêve avant tout. Je pourrai dire que je l’ai fait. Dans la vie, il suffit de batailler, de s’accrocher, de croire en ses rêves et de ne jamais dire que ce n’est pas possible. Quand j’ai signé mon contrat pro l’an passé, j’aurais pu dire : « D’accord, j’ai une licence. Je m’en tiens là. Le Championnat de France est quelque chose de fou ». Je sais que je n’aurai peut-être pas le niveau pour finir. Je donnerai le meilleur de moi-même. C’est dans ma mentalité. Ce n’est pas ça qui va m’arrêter. C’est un circuit « en force », super technique et compliqué. Il faudra s’accrocher. Je suis un grimpeur assez léger.
« UNE OPPORTUNITÉ QUE JE N’AI PAS PU REFUSER »
Pensais-tu déjà au Championnat de France quand tu as signé ce contrat pro ?
C’est la première course qui m’est venue à l’esprit le jour où j’ai signé mon contrat en octobre. C’était un objectif. Je sais que c’est très difficile pour moi de courir en France en étant dans une Continentale brésilienne. La seule course que je peux faire est le Championnat de France. Ce sera la plus grande de ma vie. Ce sera peut-être la première et la dernière fois. C’est une histoire incroyable. Ce n’est pas une trajectoire commune pour devenir pro. Je serai sur la ligne de départ au côté d’Alaphilippe. C’est quelque chose que je n’aurais jamais imaginé un an en arrière. Il faut toujours y croire, travailler dur et essayer de trouver sa voie.
Comment as-tu intégré cette équipe ?
Je m’étais remis à rouler depuis 2018 avec quelques courses amateurs et des Granfondos. Ils m’ont fait une invitation en me disant qu’ils cherchaient à compléter l’équipe avec un coureur plus expérimenté comme j’avais déjà couru pas mal de temps en Europe. Il y a beaucoup de jeunes Brésiliens qui ont moins de 23 ans. C’est une opportunité que je n’ai pas pu refuser.
« UN COUP DU DESTIN »
Comment t’es-tu préparé ?
Je me suis entraîné assez fort, j’ai perdu 14 kilos en six mois. Je roulais parfois la nuit entre 18h et 23h ou le matin en me levant à 4h30 avant de reprendre le boulot à 8h. Ça n’a pas été facile de concilier les deux. Quand on a un objectif, une passion, il faut aller jusqu’au bout. Je dois avoir 25 jours de courses au Brésil et en Argentine. Il y a quinze jours, j’ai pris part à une grosse course par étapes de six jours. Il y avait un bon niveau avec du dénivelé et tous les jours 40 km/h de moyenne. J’ai terminé dans le milieu du classement. J’espère que ça m’a mis en condition.
Pourquoi es-tu arrivé au Brésil en 2015 ?
Ça a été un coup du destin. Je voyais le Brésil comme une opportunité de travail. Quand j’avais 24 ans, j’avais ouvert un magasin de vélo qui a cartonné. Je me suis dit qu’il y avait des choses plus grandes à faire. J’ai découvert la marque Sense qui a justement été créée en 2015. Ils m’ont fait confiance. Ils m’ont donné carte blanche. J’ai participé à l’évolution. J’ai appris l’ingénierie et l’industrie du vélo. J’ai commencé à bosser sur mes projets avec un grand attachement à la qualité de la géométrie et des matériaux employés. À partir de là, la marque a explosé au premier lancement en 2016. On a fait un gros évènement avec Red Bull. Au début, on n’avait que deux modèles. Aujourd’hui, on en a 53. La marque est reconnue nationalement. Je suis directeur des produits. J’ai commencé comme chef de produit. Je dirige plus de 20 personnes. Dans les bureaux, on est 50. Le groupe emploie plus de 1000 personnes. On a une usine au Portugal et à Manaus au nord du Brésil. Pour ma part, je vis à Belo Horizonte à 400 kilomètres au nord de Rio de Janeiro.
« LE BRÉSIL EST TRÈS MÉCONNU »
Quel a été ton parcours cycliste quand tu étais en France ?
J’ai commencé par le VTT à 14 ans. C’était ma première passion. J’étais très bon en montée mais pas assez technique. J’ai vite viré sur la route, ça a été mon dada. J’ai fait une très bonne deuxième année Junior, au VS Narbonnais qui avait un Pôle Espoir, avec mon copain Alexandre Cabrera qui était dans le Top 10 des meilleurs Juniors. Au Tour du Valromey, j’étais au coude à coude avec Rémy Di Gregorio. J’ai remporté le maillot à pois. Puis, j’ai effectué deux années Espoirs au VC Cévenol. J’ai obtenu quelques Top 10 et j’ai participé à une course UCI, le Tour des Monts du Lubéron (1.2) en 2005. Ensuite, j’ai arrêté le vélo pour me consacrer à mes études avant de reprendre au VS Narbonnais en 2010 sur des 2,3,J, jusqu’à mon départ pour le Brésil.
Que penses-tu du cyclisme au Brésil ?
C’est un pays extrêmement cycliste, on l’a vu avec la manche de Coupe du Monde VTT (à Petropolis du 8 au 10 avril derniers, NDLR). C’était la folie, j’étais là-bas. Ça a été un grand spectacle. Le Brésil est très méconnu. Il y a une ferveur et une passion cycliste qui est impressionnante. Le cyclisme grandit beaucoup là-bas, principalement sur la route. On est fiers d’être l’unique équipe pro au Brésil, mais on essaye de faire bouger les choses.