Bastien Tronchon : « Sur un petit nuage »
Pour son troisième jour de course chez les professionnels, Bastien Tronchon a déjà levé les bras. Le stagiaire d’AG2R Citroën Team s’est imposé ce jeudi lors de la troisième étape du Tour de Burgos (2.Pro – voir classement). "Je suis sur un petit nuage. Je n’ai pas les mots. C’est déjà énorme une victoire dans une carrière. Je suis super heureux. Je vais rester sur un nuage pendant un petit moment", se réjouit auprès de DirectVelo le Savoyard de 20 ans qui succède à Jean-Eudes Demaret, dernier stagiaire français à avoir remporté une épreuve pro. C'était lors du Tour du Poitou-Charentes et de la Vienne (2.1) en 2007 sous les couleurs de la Française des Jeux.
Au bout d’une quarantaine de kilomètres, l’Espoir 2 s’est retrouvé dans une échappée de cinq coureurs. “Je pensais qu’il n’y avait personne mais un homme seul était en tête. J’ai eu un peu de mal à me placer au début, je m’en voulais. J’ai essayé d’attaquer pour faire sortir un groupe avec moi. La mission était d’être représentés à l’avant. L’échappée pouvait avoir du temps au pied du Picon Blanco. Le but était d’essayer de basculer avec les meilleurs ou de perdre le moins de temps possible pour aider Clément Champoussin s’il basculait avec moi".
« ON SE SENT TOUT PETIT »
La cohésion dans le groupe de tête était bonne jusqu’aux premières pentes du Picon Blanco. "Ça a commencé à s’attaquer dès le pied. Je me suis dit qu’il fallait que je reste concentré et que je monte à mon allure. Si je tentais de les suivre, je n’aurais pas tenu longtemps. C’était la meilleure chose à faire. Je suis monté aux watts. J’aime plutôt les efforts lissés". Stratégie payante puisqu’il a basculé au sommet à une dizaine de secondes du duo de tête composé de Joel Nicolau (Caja Rural-Seguros RGA) et Vojtech Repa (Equipo Kern Pharma).
Et surtout il s’est fait reprendre juste après par deux favoris, Pavel Sivakov (INEOS Grenadiers) et Miguel Angel Lopez (Astana Qazaqstan Team). “C’est incroyable. On se sent tout petit quand on voit ce qu’ils ont sous la pédale. Je n’espérais pas me retrouver avec les meilleurs en haut du Picon Blanco". La jonction s’est rapidement opérée avec le duo de tête et Pavel Sivakov a fait la descente. "Je restais derrière pour lisser les relances. Mais à un moment, il fallait que je fasse l’effort car sinon l’écart allait grandir. Je suis passé au bon moment. J’ai fait un petit effort pour revenir. En plus, la descente était dangereuse, on n’y voyait pas grand-chose lors des six premiers kilomètres".
« COMME UN VIEUX BRISCARD »
Au bas de la descente, Bastien Tronchon était alors accompagné de Pavel Sivakov et de Joel Nicolau, tandis qu’il restait encore une vingtaine de kilomètres. “J’étais bien dans la roue de Pavel. J’aurais pu relayer mais il m’aurait attaqué et j’aurais sauté. Ce n’était vraiment pas mon jeu. Pavel jouait le général et je n’étais pas là pour ça. J’avais des consignes. J’ai joué comme un vieux briscard". Tandis que l’Espagnol a craqué sous les coups de boutoir de Pavel Sivakov, il a résisté. “Avant chaque bosse, il ralentissait un peu pour attaquer. Je me préparais mentalement. Je me suis accroché. J’étais vraiment à la limite". Il a tout de même pris un relais après la dernière bosse. "Je lui avais dit que j’allais le relayer à ce moment-là. Il m’a dit qu’il allait me laisser gagner si je roulais. J’ai passé un petit relais mais je me méfiais quand même. On ne sait jamais sur des arrivées comme ça. Dans tous les cas, j’avais confiance en ma pointe vitesse et il avait fait de gros efforts avant".
L’habituel pensionnaire d’AG2R Citroën U23 Team revient de loin après ses fractures au mois de mai (lire ici). “Ça m’a flingué ma saison. J’ai la chance d’être stagiaire, j’en profite au maximum. J’avais à cœur de faire une bonne fin de saison. Ça compense déjà pas mal". Il avait repris lors de la cyclosportive l’Etape du Tour (lire ici) avant de s’imposer sur la deuxième étape de l’Armoricaine Cycliste (lire ici). “Je sentais que ça revenait vite. Il ne fallait pas non plus s’affoler car je l’ai gagnée dans des circonstances assez difficiles avec des crampes. Je voulais me rassurer davantage". Mission plus qu’atteinte avec ce succès. Pour les deux étapes restantes du Tour de Burgos, son rôle est bien défini. "Je vais bien protéger Clément Champoussin pour le général et essayer de faire mon travail au mieux malgré cette grosse journée à l’avant".